"... que la vie humaine soit toujours reconnue comme un sujet inaliénable de droit et jamais comme un objet soumis à l'arbitraire du plus fort.
L'histoire a montré combien dangereux et délétère peut être un État qui légifère sur des questions qui touchent la personne et la société en prétendant être lui-même la source et le principe de l'éthique.
Sans des principes universels qui permettent de vérifier un dénominateur commun pour toute l'humanité, le risque d'une dérive relativiste au niveau législatif ne doit absolument pas être sous-évalué (cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1959).
La loi morale naturelle, forte de son caractère universel, permet de conjurer ce danger et surtout elle offre au législateur la garantie d'un respect authentique de la personne et de tout l'ordre de la création.
Elle se pose en force catalysante du consensus entre des personnes de cultures et de religions différentes et elle permet de dépasser les différences parce qu'elle affirme l'existence d'un ordre imprimé dans la nature par le Créateur et reconnu comme une instance de vrai jugement éthique rationnel pour chercher le bien et éviter le mal.
La loi morale naturelle "appartient au grand patrimoine de la sagesse humaine que la Révélation, par sa lumière, a contribué à purifier et à développer davantage" (cf. Jean-Paul II, Discours à l'assemblée plénière de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 6 février 2004).
J'aime bien aussi ces réflexions du Cercle Thémis (association étudiante de la faculté de Droit de Montpellier). Pour ceux qui prendront le temps d'y réfléchir, il y a là sans doute matière à un "socle commun", quelque soit les opinions religieuses, utile à ceux qui veulent travailler au bien commun.
Texte:
Le droit naturel dérange parce qu’il renvoie l’homme à lui même ; ce qu’il est et ce qu’il est appelé à faire ici-bas. En définitive il veut restituer l’être humain dans l’espace d’une création qui lui impose des limites physiques voire même surnaturelles... En effet tandis que les siècles et les hommes passent, le droit naturel, lui, a vocation à rester. Il propose d’offrir aux législateurs comme aux citoyens une interrogation permanente sur le juste et l’injuste : jusqu’où puis je aller dans ma liberté ? A partir de quel moment dois-je m’arrêter d’agir ?
C’est ainsi que dans le relativisme ambiant où tout est sujet à débat et remis en question, le droit naturel s’impose comme le fil d’Ariane rassurant et protecteur d’une société qui sait où elle va. Cela rejoint en définitive l’interrogation actuelle sur l’écologie : l’homme peut aller très loin dans la technique, mais doit-il pour autant tout faire s’il risque de se détruire lui-même ?
...Pourtant le droit n’est pas toujours juste ni même conforme au réel. Le droit disait-il la vérité lorsqu’il traitait par exemple du statut juridique des esclaves qualifiés de choses ? Assurément non. Dans ces conditions, le droit naturel donne à la société le moyen sûr de se penser elle-même, de savoir vers où elle veut aller pour garder un visage humain sans se couvrir du voile de la barbarie. Une interrogation particulièrement utile lorsque le législateur est appelé à penser l’homme face aux progrès de la science dans les révisions des lois bioéthiques ou encore dans la protection de la dignité. Le droit naturel apparaît alors comme une méthode et un cadre de réflexion qui propose de transcender le seul droit positif pour s’extraire et penser de façon plus globale la vie humaine."
111
 
Choc 013
Membre confirmé
Forêt : Pionnier Nous a rejoints le : 02 Oct 2003 Messages : 1 425 Réside à : forêt de Brocéliande
Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n'a jamais imposé à l'État et à la société un droit révélé, un règlement juridique découlant d'une révélation. Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit – il a renvoyé à l'harmonie entre raison objective et subjective...
L'idée du droit naturel est considérée aujourd'hui comme une doctrine catholique plutôt singulière, sur laquelle il ne vaudrait pas la peine de discuter en dehors du milieu catholique, de sorte qu'on a presque honte d'en mentionner même seulement le terme. Je voudrais brièvement indiquer comment il se fait que cette situation se soit créée. (...)
Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. Je voudrais cependant aborder encore avec force un point qui aujourd'hui comme hier est largement négligé : il existe aussi une écologie de l'homme. L'homme aussi possède une nature qu'il doit respecter et qu'il ne peut manipuler à volonté. L'homme n'est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L'homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature, et sa volonté est juste quand il écoute la nature, la respecte et quand il s'accepte lui-même pour ce qu'il est, et qu'il accepte qu'il ne s'est pas créé de soi.