D'abord ElecScout, merci pour ton texte qui a le mérite de dresser un excellent panorama des thèses en présence. Pour ma part, cet essai bien ficelé m'a plutôt confirmé dans ce que je pense :
je reprends les deux thèses des défenseurs de l'avortement :
- Les néo-Kantiens pensent que la frontière entre chose et être humain est très floue et qu'on devient humain progressivement au fur et à mesure que la raison se forge. Pareillement, on perd notre humanité en devenant vieux et sénile. J'évoquais plus haut la Controverse de Valladolid : je réitère mes propos. A l'époque, il a fallu qu'un prêtre démontre que les indiens étaient des êtres humains et non des choses ou des animaux pour qu'on interdise l'esclavage. Les pro-choix ont besoin d'une "justification" à l'avortement (et à l'euthanasie) ; cette justification, ils la trouvent dans la déshumanisation de tout ce qui n'est pas l'homme debout (le fameux homme de Nietzsche) ou l'homme de raison (le fameux homme de Kant). De même qu'il fallait déshumaniser les indiens pour mieux les asservir, il est d'abord nécessaire de déshumaniser, de "chosifier" l'embryon afin de pouvoir le supprimer.
- Une position plus "soft", intermédiaire, veut mettre au placard le débat "chose" vs "personne humaine". Cette thèse explique qu'il faut qu'on rejette ce que la morale commune réprouve (exemple, l'infanticide).
Mais partant de là, je me pose quelques questions : Qu'est-ce que la "morale commune" ? Est-ce la démocratie? Y a t-il une "morale absolue, immuable et transcendante" pour les défenseurs de cette thèse? Ou les frontières sont-elles floues? J'ai l'impression que c'est bien là l'enjeu : si on ne fixe pas quelque part un absolu, l'infanticide pourrait aussi être autorisé à terme. Il suffit de se rappeler que la "morale commune" a très longtemps réprouvé l'avortement pour être sûr que la pente est glissante. A contrario, il suffit également de se dire que dans certains pays, la "morale commune" veut que l'on supprime les bébés sur lesquels pèse le mauvais oeil : au Bénin, le sorcier va chercher les gamins puis les fracasse contre un arbre : c'est la morale commune. Mais bon, puisque tout est relatif! En revanche, si cette thèse admet la possibilité d'un absolu, elle se met en contradiction avec elle-même puisque c'est dans l'absolu que prend corps le débat "chose" vs "personne humaine". Et on retombe alors dans le débat néo-Kantiens vs catholiques (les deux positions extrèmes).
[ Ce Message a été édité par: Baloo15 le 01-04-2005 03:41 ]
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Amodeba
Bretagne
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