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Auteur | Le suicide |
Zebre Zebra One
Nous a rejoints le : 19 Oct 2001 Messages : 13 984 Réside à : Lyon |
C'est marrant comme tu esquives ma question en prenant soin de remplacer systématiquement "tuer un homme" par "meutre d'autrui"...
Je parle de l'acte ontologique de tuer un homme. Pourquoi fuis-tu cet acte pour le remplacer par un meutre auquel tu donnes ensuite une définition restrictive (autrui) ? Tuer un homme ! Ca peut être légitimé ? |
Argali2007 Ovis ammon
Nous a rejoints le : 13 Avr 2010 Messages : 936 Réside à : Louvain-la-Neuve, Belgique |
Zèbre : je ne comprends pas ce que je fuis et je ne sais pas ce que veux dire "ontologique" ... Tu peux rapidement m'expliquer? J'ai été voir rapidement la définition sur internet, mais je ne vois pas comment le suicide s'imbrique là-dedans... Tu parles de crime depuis le départ, et je l'ai compris dans le sens de "meurtre", d'où mes tirades... |
Zebre Zebra One
Nous a rejoints le : 19 Oct 2001 Messages : 13 984 Réside à : Lyon |
Non, depuis le départ je parle de "tuer un homme". J'ai utilisé une fois le terme de crime, mais le but de la question n'est pas d'épiloguer sur la définition des mots.
La question est très simple. Le suicide pose un acte, qui est de supprimer une vie (tuer). Je me permet d'interroger sur la portée ontologique de l'acte (l'acte en tant que tel, en tant que ce qu'il est, et non en terme de légalité, d'affectivité, de subjectivité : ce qu'est cet acte en tant que tel). Cet acte donc, de supprimer une vie, peut-on un instant le regarder comme tel et me dire en quoi il est légitime ? Tu sembles dire, Argali, qu'il est légitime quand la victime est consentante, ou bien quand on est "propriétaire" de la vie que l'on retire. Le consentement permet-il de supprimer une vie ? La propriété permet-elle de supprimer une vie ? Je cherche à faire prendre conscience de l'acte du suicide non pas seulement comme acte de liberté, mais comme acte de tuer ! Est-il donc légitime de tuer ? André Raider repond : oui, dans certaines situations. Je pense comme toi, mais à dire je ne pense qu'à une seule et unique situation il est légitime de tuer si c'est l'ultime et seul recours pour préserver une vie. Je n'en connais pas d'autre, et je ne sache pas qu'une vie soit sauvée par les suicides dont on parle (mais parfois, des sacrifices sauvent des vies, et sont dès lors légitime : le but était de sauver une vie). Dans tout autre cas, ni vos discours, ni la morale, ni même la loi ne permet de tuer un homme. Alors pourquoi d'un seul coup tenir un autre discours ? Confirmez-vous que l'acte de tuer un homme soit un acte non-légitime ? Argali, ce que tu fuis est l'expression "tuer un homme" que tu transformes à chaque fois en "assassiner un autre homme". |
Fauvette Bxl Cisticolidae
Nous a rejoints le : 02 Juil 2009 Messages : 4 300 Réside à : Bruxelles |
"Ne pas juger, essayer de comprendre, et, si possible, aider" Personnellement, je crois qu'il est bon de parfois pouvoir faire un pas en arrière et de prendre le temps d'interroger à la fois le miroir et Celui qui nous transcende tous, éventuellement via l'un de ses saints ; lorsqu'on est le nez dans le mur, il n'y a en général pas d'autre solution, mais il me faut bien reconnaître que, dans la plupart des cas, cette démarche ne fonctionne que pour autrui, très rarement pour soi-même ... |
AndreRaider Membre confirmé
Nous a rejoints le : 27 Janv 2009 Messages : 3 813 Réside à : Clermont Ferrand |
Zébre, effectivement, mes "certaines situations" correspondent aux cas de légitime défense ou ce type d'aide. [et aux variantes d'état de guerre.] |
Zebre Zebra One
Nous a rejoints le : 19 Oct 2001 Messages : 13 984 Réside à : Lyon |
Fauvette,
je croyais qu'on était justement sorti de l'affectif et du compassionnel pour traiter à présent la question en tant que telle. Si on est encore dans le compassionnel, il n'y a rien à ajouter. Si en revanche on peut se permettre un tout petit peu de distanciation et de réflexion, on évitera peut-être de ne réagir à tout que de façon compassionnelle (vous savez, cette façon compulsive de réagir qui fait qu'on hurle tous "à mort" quand on a choppé un assassin et violeur en série... alors que le législateur va nous dire "du calme, la foule ! Il y a des lois dans ce pays !", et ces lois, eh bien elles viennent d'une réflexion.) |
Zero Membre confirmé
Nous a rejoints le : 12 Mars 2006 Messages : 4 713 Réside à : Ailleurs |
Texte: Je crois que le livre de Camus L'homme révolté nous donnerait sans doute beaucoup de réponses. Camus est davantage connu pour son œuvre littéraire que pour son côté philosophique, à l'inverse de Sartre, néanmoins je crois sincèrement que c'est un penseur bien plus profond qu'on ne le pense de prime abord. |
Fauvette Bxl Cisticolidae
Nous a rejoints le : 02 Juil 2009 Messages : 4 300 Réside à : Bruxelles |
Zèbre, ne crois-tu pas qu'il faut parfois laisser un peu de temps pour sortir du "compassionnel" ? Je puis t'assurer que lorsqu'on est "le nez dans le mur", il n'est pas toujours évident d'avoir une démarche de type rationnel, surtout quand on est jeune et plein d'idéal. Rassure-toi, je ne suis pas un saint non plus et n'aime pas plus que toi que l'on "casse mes jouets" ... Simplement, j'ai fait le choix de tenter d'aider, avec mes faibles moyens, ceux qui le souhaitaient, sans les juger en aucune manière, même si ce n'est pas toujours évident ... A la piscine, on ne coule pas celui qui vient de boire la tasse ! |
Zero Membre confirmé
Nous a rejoints le : 12 Mars 2006 Messages : 4 713 Réside à : Ailleurs |
$user_name, ne crois-tu pas que C'est justement pour ça qu'on a laissé reposer ce fuseau plusieurs semaines en attendant qu'Argali soit rassérénée et dise « Zebre, on peut maintenant revenir sur notre conversation à propos du suicide » ? |
Zebre Zebra One
Nous a rejoints le : 19 Oct 2001 Messages : 13 984 Réside à : Lyon |
J'allais le dire. Maintenant s'il faut attendre encore avant de discuter, moi je peux attendre. Il n'y a aucune urgence. - Posté depuis mon mobile - |
Argali2007 Ovis ammon
Nous a rejoints le : 13 Avr 2010 Messages : 936 Réside à : Louvain-la-Neuve, Belgique |
Oui, peut-être que ma tristesse m'empêche de faire de l'abstraction philosophique. Il m'est en tous cas impossible de dissocier l'acte de suicide ou l'acte de tuer un homme du contexte social et affectif. Et j'avoue que je n'en vois pas trop l'intérêt.
Je n'arrive pas à comprendre où tu veux en venir avec ta proposition d'une réflexion ontologique. Je vais encore essayer de te répondre, mais je ne te garantis rien. Dans l'acte de tuer un homme, je distingue clairement deux choses : se tuer soi-même (puisqu'on est dans le fuseau du suicide) et tuer autrui, être humain indépendant de soi. Se tuer soi-même est légitime car en tant qu'êtres vivants conscients, nous sommes capables de faire des choix par rapport à notre vie, et notre existence nous appartient ainsi que les choix que nous faisons pour elle. Décider de se tuer soi-même, c'est un choix de l'être qui concerne la construction de sa propre existence. Un peu comme si, propriétaires d'une voiture, nous décidions de la démolir ou de l'amener à la casse : c'est notre voiture et on en fait ce qu'on en veut. En tant qu'existentialiste, je crois que se tuer soi-même est tout à fait légitime parce que cela fait partie des décisions qui concernent la construction de notre existence. Quant à l'acte de tuer un autre être indépendant de soi, je pense personnellement que ce n'est jamais légitime, qu'il s'agisse d'exécuter des prisonniers dangereux, de se défendre d'un agresseur, de tuer l'ennemi durant une guerre. C'est, je trouve, terrible d'ôter la vie d'autrui, parce que je pense que nous n'avons pas le droit de décider qu'un de nos semblables n'a plus le droit de vivre. Sous quels critères? Et de quel droit? Les deux seuls êtres à pouvoir décider de la mort d'un homme seraient Dieu s'il existe et soi-même dans le cas d'un suicide. |
irdnael Membre confirmé
Nous a rejoints le : 10 Janv 2006 Messages : 1 323 Réside à : paris |
Argali,
Quelques autres cas où la question de la "mort légitime" se pose: - celle du foetus, enfant à naitre ou autre terme dont l'Etat dans certains pays autorise la suppression. - celle du vieillard en fin de vie dont une une commission medicalo-éthique décide le débranchement. Cela se fait dans certains pays. La mort légitime est liée à mes yeux et aux yeux de beaucoup de membres de notre civilisation à l'intervention de l'Etat-puissance publique, ce bouc émissaire à qui chacun peut jeter la pierre symbolique. Tu peux ainsi tuer à la guerre ou ailleurs sans prendre sur toi le poids du péché/responsabilité morale/regret. En contrepartie la puissance publique peut te prendre ta vie comme soldat ou condamné. Ta position sur le suicide est celle de l'individualiste absolu qui ne connait et ne reconnait ni famille, ni amis, ni corps social. Et puis il y a Dieu qu'on le prononce Allah ou YHW qui est également nié. Je mets à part le suicide fréquent de celui qui souffre atrocement dans son esprit ou dans son corps, il n'est ni conscient ni en possession de son libre-arbitre. Les autres suicides pour moi, celui du japonais, du noble romain sous Néron ou du bonze qui s'immole ne sont que la manifestation d'un orgueil exacerbé, d'un mépris de l'autre. |
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