Qu’il
s’agisse des aumôniers, des responsables locaux et nationaux
des différents mouvements de scoutisme, des responsables des
camps de formation des chefs… tous s’accordent sur le constat
que face à une société profondément déchristianisée
les besoins spirituels sont de plus en plus importants chez les jeunes
scouts et chez les chefs.
Relisons
ce que disait le père Frédéric Louzeau du diocèse
de Paris qui est aumônier et conseiller spirituel de plusieurs
mouvements de scoutisme et qui participe à des camps de formation
de chefs :
«
A de très rares exceptions, les chefs de troupe mènent
des études supérieures plus ou mois longues. Si certains
connaissent déjà clairement l’orientation de leur
vie professionnelle, d’autres cherchent encore à la préciser.
Quelques uns vivent encore chez leurs parents. Tous les autres ont dû
quitter le domicile familial à l’occasion de leurs études.
Dans ce cas, ils logent le plus souvent dans des foyers, ou dans des
appartement loués avec des amis, parfois dans des chambres seuls.
Par conséquent, ils sont confrontés dès cette période
de leur vie – et souvent plus jeune encore - à la plus
grande des diversités, tant sociale que religieuse. Ainsi non
seulement ils côtoient des non-chrétiens, mais encore ils
se considèrent comme noyés dans la masse. Ils vivent donc
leur engagement chrétien et scout comme l’expérience
éprouvante d’une minorité toujours plus réduite
et contredite. Autant dire que leur foi est sans cesse mise à
l’épreuve d’une manière ou d’une autre.
Non seulement leur foi, mais aussi les exigences morales qui en découlent.
Que penser des enseignements de l’Eglise et comment les vivre
concrètement lorsque ceux qui vous entourent en constituent la
contradiction permanente ? »
Simultanément,
nous constatons que nous manquons d’une bonne formation religieuse
et spirituelle nous permettant de témoigner de notre Foi, d’enseigner
aux scouts qui nous sont confiés et parfois de défendre
nos choix et nos engagements.
Posons-nous
avec lucidité les questions suivantes : sommes-nous capables
de raconter avec passion les évangiles, d’enseigner aux
scouts l’histoire passionnante des premiers chrétiens racontée
dans les Actes de apôtres, d’expliquer aux scouts le déroulement
de la messe, de leur apprendre à prier ?
Osons avouer, avec humilité, que nous en sommes
moins capables que plus, et que nous avons, pour beaucoup d’entre
nous, de nombreuses lacunes dans nos connaissances religieuses !
Pourtant,
notre mission de chef du scoutisme catholique ne consiste pas seulement
à organiser des camps et des grands jeux mais beaucoup plus fondamentalement
à aider les enfants dont nous avons la responsabilité
à devenir des futurs adultes chrétiens. En tant que chef,
nous avons charge d’âmes.
De
plus, combien d’entre nous avons déjà été
interpellés par des personnes qui comprennent difficilement nos
choix, notre Foi et notre engagement ? Parfois nous nous sentons démunis
et avons du mal à trouver les mots pour expliquer notre engagement.
«
En règle générale, les chefs sont dotés
d’un grand sens du service, d’une magnifique générosité
et d’un enthousiasme, qui les distinguent encore davantage de
la majorité de leurs contemporains. Certains des chefs n’ont
été ni louveteaux ni scouts, mais ont répondu
avec dévouement à un appel. A l’occasion des camps
de formation, ils donnent la preuve, sans aucun doute possible à
ce sujet, qu’ils cherchent réellement à approfondir
le sens de leur engagement scout, et qu’ils aspirent à
recevoir une formation sérieuse qui fera d’eux les chefs
dont les scouts ont besoin. Cette générosité
constitue une magnifique porte d’entrée pour l’approfondissement
de la foi et de l’idéal scout. Seulement, une fois de
plus, nous devons toujours garder à l’esprit le fait
que cette générosité est fragile, qu’elle
est souvent mise à rude épreuve, et qu’elle peut
finir par s’essouffler si la communauté et l’accompagnement
font défaut […] Cette relation vivante au Christ ne les
empêche pas de se poser de nombreuses questions, et tous sont
en recherche d’une véritable intelligence de la foi.
Par conséquent, l’aumônier leur sera d’une
grande aide comme prédicateur de retraite, conseiller spirituel
« extraordinaire », et comme théologien […].
Chez
la majorité des chefs rencontrés leur foi est endormie,
c’est-à-dire qu’elle existe mais qu’elle
ne s’est pas encore vraiment développée. Dans
ce cas, la pratique sacramentelle est variable, et dans bien des cas,
lorsqu’elle s’effectue, elle se déroule à
leurs dires « sans âme ». La prière personnelle
est plutôt épisodique et se réduit à des
temps forts. L’accompagnateur spirituel fait défaut.
Les exigences morales sont plus ou moins vécues, signe d’une
grande fragilité […] Ils sont consolés d’apprendre
que leurs interrogations sont réelles et justifiées.
Ils se réjouissent de découvrir que leur questionnement
est le signe, non pas d’une foi qui a disparu, mais d’une
foi qui cherche, parfois douloureusement, à grandir et à
comprendre son propre mystère. “Tes questions sont réelles
; tu as déjà une forte perception du mystère
de Dieu. Ne t’arrête pas en chemin” ».
Quel
est le principe proposé ? Il est très simple…
il consiste simplement à prendre le temps de se retrouver
en petit groupe ou « maîtrise », avec un aumônier,
un diacre, un frère ou une sœur afin d’approfondir
nos connaissances fondamentales de jeunes chrétiens. Bref,
refaire en quelque sorte le catéchisme de notre enfance
mais avec notre intelligence de chef.
Il
s’agit d’un véritable défi que nous
pouvons nous lancer à nous-même : devenir des chrétiens
ayant une connaissance suffisante pour évangéliser
autours de nous ! Ne pas se contenter de dire que nous allons
à la messe parce que nous sommes catholiques mais être
capable de dire pourquoi nous allons à la messe et ce que
nous y trouvons.
Cette
proposition s’adresse à tous sans exception : chefs,
cheftaines, routiers, guides-aînées mais aussi les
anciens du scoutisme.
²A Toulouse,
plusieurs maîtrises d’évangélisation se sont
montées.
L’une d’entre elle est constituée d’une maîtrise
de troupe qui regroupe 5 chefs et qui se réunit tous les 2 mois
le temps d’une soirée en maîtrise d’évangélisation.
Avec l’aumônier de troupe, ils abordent chaque fois un thème
particulier en relation à la religion.
ü
En septembre ils ont ainsi
demandé à un frère dominicain de leur parler des
cathares. Qu’est-ce que le catharisme ? Comment l’Église
a t-elle répondue à cette secte ? L’inquisition
fut-elle vraiment ce qu’on en dit ? üEn novembre, leur aumônier
leur a parlé de l’Avent. Qu’est-ce que l’avent
et comment vivre ces quelques semaines qui annoncent Noël ? ü
En janvier, l’aumônier
de troupe leur a présenté le Nouveau Testament. Tout ce
qu’ils ont toujours voulu savoir sur le Nouveau Testament et qu’ils
n’ont jamais osé demander !
²A
Lyon, plusieurs maîtrises
d’évangélisation se sont créées.
L’une d’entre elles regroupe des chefs et cheftaines issus
des scouts de France, des scouts d’Europe et des scouts unitaires.
Avec le prêtre qui les accompagne, ils ont choisi un programme très
simple pour toute l’année à venir : lire ensemble
et mieux connaître toute l’évangile de Saint-Jean.
A chaque réunion, ils avancent dans leur connaissance de cet évangile
afin de comprendre pourquoi l’évangile de Saint-Jean n’est
pas synoptique, autrement dit pourquoi est-il « à part »
dans les 4 évangiles ?
²A
Paris, de nombreuses
maîtrises d’évangélisation se sont créées.
Mais 2 d’entre elles en particulier méritent qu’on
les présente :
ü
Guillaume,
un jeune prêtre dynamique et audacieux a provoqué la création
d’une maîtrise d’évangélisation regroupant
les chefs des 2 mouvements scouts dont il est aumônier. Au départ,
les chefs n’étaient pas très motivés («
ça va être vachement spi ! »). Mais il ne leur a
pas trop laissé le choix en les obligeant un peu à tenter
l’expérience. Aujourd’hui, les chefs ne le regrettent
pas car ils découvrent que le spi ça peut-être passionnant
! ü
Une autre
maîtrise d’évangélisation s’est créée
regroupant des anciens du scoutisme. Ils ont tous entre 27 et 35 ans
et certains sont jeunes parents. Certains étaient chefs ou cheftaines
ensemble 10 ans plus tôt. Se retrouvant avec joie pour se rappeler
leurs meilleurs souvenirs, ils ont entamés une réflexion
avec leur aumônier sur la manière de concilier leur foi
chrétienne avec leurs responsabilités familiales ou professionnelles
: quel est le sens du Départ-routier et de la parole de Feu pour
ces jeunes adultes aujourd’hui ?
²A
Lille, une maîtrise
d’évangélisation regroupe régulièrement
des chefs et cheftaines en activité avec des anciens ce qui amène
des réflexions très intéressantes.
Il pourrait y avoir beaucoup d’autres exemple comme ceux-ci…
mais qui reste encore à créer car les exemples décrit
ci-dessus n’existe pas encore et ne sont là que pour
illustrer la proposition de la Fraternité.
Comme vous
le voyez, il n’y a pas un mode d’emploi type. A chacun
d’entre nous de choisir quand et comment nous pouvons nous retrouver
avec nos assistants, avec nos frères routiers, avec des cheftaines,
avec des anciens… afin d’approfondir notre foi et de devenir
des chefs scouts accomplis.
N’ayez pas peur d’approfondir
votre foi ! Proposez à vos amis dans le scoutisme de se regrouper
en maîtrise d’évangélisation et faites nous
part de vos remarques et expériences