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Auteur
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Joseph
Joyeux membre
  
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Montagne : Randonneur
Nous a rejoints le : 29 Août 2006
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Réside à : 78
1
Patientez...

Pour le plaisir et pour le votre Sourire:

« Tous les pays qui n'ont plus de légende
 Seront condamnés à mourir de froid »  (Patrice de la Tour du Pin)
 
Provence                                                                                                                     

Sur le chemin des légendes, ses pierres blanches brûlées,
Sous l’azur provençal, ses étroits sentiers lapideux,
Dans le larmier des bêtes avachies résonnent l’exorde d’un été
Loin des souffles hiémaux et de leurs temps insidieux.
 
Le soleil ardant, le proême du mistral se levant,
Une arbouse ochracée faute d’avoir suffisamment mûrie,
Quelques pousses couchées et le limodore tremblant
Sont les cantiques fervents de ma terre, sa soierie.
 
Et l’enfant qui se joue des serpents, des pierres tranchantes,
Penche la tête le vent passant, tendre dévotion
Que le sourire malicieux et ses yeux brillants enchantent
Illuminés par des cieux et leurs nuages en haillons.
 
Des roches d’airain brûlant, le thym s’y attache,
Les eaux rares transpercent leur arrogance fissurée
Élargissant les lézardes, ces labours épars et lâches
Qui n’accueillent que la vie des plantes égarées.
 
Cette fournaise, cœur des sources jaillissantes,
Des vagues millénaires, des Trémaïés et de leurs flots enragés,
De l’apostat, de la piété, d’étoiles brillantes,
Coule ses apories dans cette même soif forcenée.
 
Emmi le monde, Elle pleure depuis sa terre les scories liquides
Que ni le bleu infini ni les vastes nuages ne voulurent lui donner
Compensant ce manque par la beauté limpide
Des cigales, l'architecture des bories et la lavande violacée.

Et quand depuis les rivages frappés par l'embrun,
Les échassiers aux visages salés choisissent l'envol
La mer écumante, ses exhalaisons, son doux parfum
Demeurent désespérément seuls accorés au sol.

Du sable aux galets, de la simple clarté
A l'or du couchant, son écho lumineux sur le roc,
Le reflet crépusculaire du soir semble comme heurté
Par les grandes falaises ainsi que d'étranges étocs.

A l'heure des nuits sombres, des hymnes vespéraux,
Des chants rituels, de l'occision scélérate,
L'homme solitaire loin du bruit des comptoirs féaux
Voit les planètes qui brillent telles des étoiles moites.

Et riant, il loue dans un même temps terre et légendes de Provence :
Pays d'argent au soleil d'or et aux cieux immaculés.

7
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
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Réside à : Isère
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Citation:
Le 2010-06-16 01:50:00, Zebre a écrit :

Pour info, devant une telle soif d'écrire, j'ai réouvert la section "Vos nouvelles"

Usez-en et venez parler de vos créations sur le forum.


C'est toujours d'actualité, ça ?? Parce que je n'arrive pas à m'inscrire... Triste
FSS

Grib.
8
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epervier loiret
Membre confirmé

Nous a rejoints le : 19 Déc 2008
Messages : 3 463

Réside à : Vannes
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le grand chef étant en vacances prolongée...il te faudra être patiente, mais rien n'interdit que tu nous offre ta prose ici même.
9
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

Réside à : Isère
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Oui mais là, c'est intimidant Grand sourire . Ok, j'me lance...

---

La Ferme aux Œillets

Chapitre 1-Manon

Manon marchait. Encore, toujours, elle marchait.

Elle avait faim et soif. Sommeil, aussi, terriblement sommeil. Elle avait quitté Marseille à sept heures ce matin, elle n’avait pas eu de répit depuis, n’osant pas, sale comme elle l’était, s’asseoir sur les sièges du train, même sur les strapontins de seconde classe. Elle avait fait le voyage assise par terre entre deux wagons, avant de se faire débarquer sans douceur dans une gare inconnue, dans une ville et un pays inconnus.

Manon fuyait. Elle avait d’abord fui cette maison dans laquelle elle avait vu son père tuer sa mère à coups de couteau, le jour de ses dix-sept ans. Fui ce théâtre cauchemardesque dès qu’elle l’avait pu. Pleuré la nuit dans la ville touristique, pleuré toutes les larmes de son corps. Le prêtre de la paroisse l’avait aidée à financer une année de pension pour qu’elle puisse passer son baccalauréat. Puis, comme l’été approchait, elle s’était résolue, pour gagner sa vie, à donner des tours de cirque dans la rue ou au bord de la mer, la journée ou en soirée. Elle avait vécu de charité pendant trois ou quatre mois, puis elle avait survécu pendant de longs mois. Enfin, elle avait décidé de partir, fuir encore une fois, quitter ce pays qui ne lui apportait que la misère.
L’argent, elle l’avait trouvé dans les poches des touristes qui, même peu nombreux, s’avérèrent plutôt généreux. Au prix de grands sacrifices et de jours entiers passés l’estomac vide, elle avait payé son billet pour Lyon et avait voyagé sans aucun bagage, sans aucune idée que celle de partir. Partir loin.
Aujourd’hui, elle marchait sans s’arrêter, se rappelant une amie de jadis qui avait glissé comme une réponse moqueuse à un professeur: "Manon, renoncer ? C’est une antithèse, mon cher Monsieur !". Des amis, après la tragédie, Manon n’en avait plus. On l’avait montrée du doigt depuis, dans toute cette ville qu’elle laissait derrière elle à présent.



Manon s’arrêta, le souffle coupé de stupéfaction. Elle était arrivée au sommet d’une colline par une route de campagne bordée de bois de feuillus garnis. D’ici à présent, elle découvrait une vallée entière tapissée de champs multicolores. Le paysage était saisissant. Trois hectares, peut-être, trois hectares de fleurs et, au creux de la vallée, abreuvé par un ruisseau clair et scintillant au soleil de juin, un village blotti dans cette chaleur. Quelques champs de blé et de maïs, aussi, et un pré où paissaient des vaches Prim’Holstein. Mais le tout était submergé par l’immensité des champs colorés.
Manon s’était arrêtée, subjuguée par le charme presque féerique du paysage. Elle oubliait ses ampoules aux pieds, ses petites baskets de toile usées, son blouson de daim trop chaud ou trop froid, selon les étapes de son voyage, son jean, ses cheveux châtain-roux sales. Elle n’avait plus que ses yeux bleu clair pour admirer la vallée. Ce qu’elle voyait la réchauffait, c’était comme un pays de conte de fées, un paradis terrestre accueillant, rassurant. Dans un village si beau, rien de mal ne pouvait arriver.
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  Je suis GSE  Profil de Gribouille  Voir le site web de Gribouille  Message privé      Répondre en citant
Ocelot GA
Leopardus pardalis
  
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Nous a rejoints le : 10 Mai 2007
Messages : 1 006

Réside à : Rennes, Toulon... et la tête en Afrique!
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Wééééé, la suite Gribouille, la suite !!! Bravo
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

Réside à : Isère
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Merci Ocelot ! Clin d'oeil

Elle se pencha pour ôter un gravillon de sa chaussure, soupira et sourit. C'était son premier sourire, depuis un an et deux mois très exactement. Elle s'assit sur le bord de la route. Tout sommeil s'était estompé, ne laissant plus place qu'à un incessant gargouillis dans le ventre de la jeune fille. Elle prit quelques minutes de repos et de contemplation, puis elle se releva sur ses jambes maigres, faibles. Elle descendit dans la vallée le long de la route qui continuait. En bas, elle croisa le panneau "Bengy, village fleuri" et haussa les épaules. Pour être fleuri, il l'était. Manon entra dans le village.

Ici, le soleil tapait fort et les pierres des maisons étaient comme dorées. Au-dessus des maisons, le ciel était d'un bleu turquoise profond. Dans le village régnait une agitation joyeuse. C'était jour de marché, sans aucun doute. Elle traversa quelques rues puis, quelques mètres plus loin, elle aperçut la place du marché.
C'étaient des étalages aussi colorés que les champs, une agitation qui tranchait avec la paix du paysage mais une ambiance qui restait chaleureuse. Elle s’avança. Ici, tout le monde avait l'air de se connaître, les marchands plaisantaient entre eux et saluaient leur clients en demandant des nouvelles de toute la maisonnée, ils criaient pour attirer la clientèle et s’excitaient derrière leur étalage. C'était comme une fête de village, mais ce n’était que le marché du mardi matin qui se terminait. D'ici et là parvenaient de grands éclats de rire. On avait envie de passer sa vie ici.

Manon avait faim. Très faim. Mais elle n'avait plus d'argent. Elle passa les étalages de vêtements et de paniers, elle passa les étalages de viandes et de fromages. Elle s'arrêta pour contempler un magnifique étalage de fleurs. Des roses, des géraniums, des pensées, des myosotis, des iris. Des œillets. Elle leva les yeux sur leur propriétaire qui la regardait, elle passa son chemin. Elle vit un étalage de fruits et légumes. Magnifique aussi, mais surtout appétissant. Elle frémit d'envie et jeta un œil à son propriétaire, qui plaisantait allègrement avec son confrère pépiniériste. Elle frissonna, enveloppa la place d'un regard, s'approcha. Elle prit une pomme rouge et joufflue qu'elle glissa dans la poche de son blouson et, voyant qu'elle réussissait, s'empara d'une tomate puis tendit le bras vers une carotte. Elle retint un cri de douleur et se mordit les lèvres jusqu'au sang. Quelqu'un avait saisi fermement, brutalement son avant-bras fragile. Elle se retourna en se tordant, une décharge lui traversa tout le bras jusqu'à l'épaule, elle pâlit. Les larmes lui venaient, nombreuses, l'empêchant de voir le visage de son agresseur.
- Que fais-tu ? demanda une voix grave, sévère.
- Je regardais... gémit-elle.
- Tu regardes avec les mains, c'est intéressant. Que viens-tu de faire ? insista l'homme en haussant le ton et en lui tordant le bras de plus belle.
Elle ne put retenir un gémissement. Elle chercha à dégager son bras mais failli en crier de douleur. Elle leva les yeux vers cet homme qui la tenait prisonnière, un géant qu'elle reconnut être l’horticulteur au si bel étalage.
- Je volais, avoua-t-elle en un sanglot mal contenu.
- Bien, reprit la voix plus sévèrement encore, alors tu vas rendre tout cela à mon confrère avant que tout le monde ne s'en aperçoive. S'il-te-plaît.
Manon s'exécuta, grelottante, elle remit pomme et tomate à leur place, l'homme lâcha son bras qu'elle massa en grimaçant. Elle essuya ses yeux d'un revers de manche puis fourra ses mains dans ses poches vides, encore toute tremblante.
- Viens avec moi, commanda l'horticulteur sur un ton qui ne permettait aucune objection.
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epervier loiret
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Nous a rejoints le : 19 Déc 2008
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Réside à : Vannes
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S'iou plait cheftaine , narrez nous l'épisode suivant...
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

Réside à : Isère
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Je vais monopoliser le fuseau... innocent
Je vais voir si je peux pas le mettre en ligne sur un blog Clin d'oeil
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Ocelot GA
Leopardus pardalis
  
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Scène : Maître de Cérémonie
Nous a rejoints le : 10 Mai 2007
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Réside à : Rennes, Toulon... et la tête en Afrique!
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Excellente idée !! Saute
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

Réside à : Isère
Patientez...

Voilà le lien ! Deux chapitres en ligne pour le moment Clin d'oeil .

http://marmotte-parisienne.over-blog.com/#

FSS,
Grib.

Lien modifié.

[ Ce message a été modifié par Fantômette le 24-09-2011 à 16:55 ]
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Ecureuil bondissant
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Cité : Orateur
Nous a rejoints le : 03 Juil 2009
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Réside à : Paris
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Alors là.......chapeau!!!!
Je ne suis peut-être pas une critique littéraire de grand niveau, mais je peux te dire que c'est génial!! C'est très bien écrit, et on a vraiment très envie de savoir la suite!!! A quand le chapitre 3???
Le début était un peu glauque, mais ça met encore mieux en valeur la belle ferme...c'est remarquable!!
Bravo Bravo
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

Réside à : Isère
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Merci pour vos encouragements, j'ai ajouté jusqu'au chapitre 5 et je remettrai encore à jour plus tard !!

FSS,
Grib.
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Fauvette Bxl
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Église : Rapporteur de la foi
Nous a rejoints le : 02 Juil 2009
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Réside à : Bruxelles
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Waw, quand je pense au temps qu'il me faut pour écrire deux pages ...
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AndreRaider
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Église : Hospitalier
Nous a rejoints le : 27 Janv 2009
Messages : 3 813

Réside à : Clermont Ferrand
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Et moi, pour écrire une colonne, et l'envoyer par porteur...
L'inscription lapidaire n'est plus ce qu'elle était .. Grand sourire
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Patte de velours
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Nous a rejoints le : 28 Août 2010
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Waou !! Gribouille tu es une artiste !!! Youpie !
C'est très bien écrit bravo j'attends la suite avec impatience !! Bravo
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Fidèle Hirondelle
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Nous a rejoints le : 26 Janv 2010
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Réside à : Orléans
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En bonne lectrice impitoyable:

Manifestation on veut la suite! on veut la suite!!! Manifestation


nan sinon j'ai beaucoup aimé, notamment la manière dont tu traces les caractères de tes personnages!
[spoiler:et aussi: ça sent la draaaaaaaaaaaagée!!! mais ça va très bien à mon coté romantique non je ne lis pas que des bouquins à l'eau de rose!] belebleb
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Ecureuil bondissant
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Nous a rejoints le : 03 Juil 2009
Messages : 737

Réside à : Paris
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C'est vrai, Hiron, les caractères sont très très bien décrits, assez subtiles: on découvre Etienne peu à peu. Au début, il a l'air d'un gros ours pas très avenant, mais petit à petit, il se dévoile...
[spoiler:Je pensais que ça sentirait plutôt la dragée entre Hubert et Manon...mais ça aurait été trop facile!]

Je plussoie le volatile! Manifestation je veux la fin!!! Manifestation
Il y a combien de chapitres? tu as déjà fini l'histoire?
Franchement, moi, si je vois ça dans une librairie, je saute dessus, alors continue à écrire et à donner du bonheur comme ça à tes lecteurs!!
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
Messages : 3 081

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Merci !! Bon, en fait il y a 30 chapitres au 1er tome et... deux autres tomes de 30 chapitres (je suis en train d'écrire le chap 5 du dernier tome). Donc vous aurez de la lecture !
Bon, seulement je l'ai envoyé en maison d'édition, donc je vais peut-être pas tout mettre en ligne, je ne pensais pas que vous seriez si enthousiastes !! Si vous voulez, vous pouvez m'envoyer vos mails par MP... Et je vous enverrai le tome I intégral ! belebleb
'Fin comme je sais pas trop comment ça va se passer avec l'édition... !!
Et vos critiques m'intéressent, merci Ecureuil et Hirondelle !! Sourire J'ai encore des progrès à faire. On m'a dit que le style était lourd, qu'en pensez-vous ?

Fauvette: j'aime bien ce que tu as écrit aussi, c'est assez émouvant. (Je suis hyper-sensible, mais quand même, c'est réussi !)
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Ecureuil bondissant
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Nous a rejoints le : 03 Juil 2009
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Ah oui!!! beaucoup de lecture pour les longues soirées d'hiver!!!
Effectivement, c'est bien de donner envie de lire la suite en mettant le début en ligne, mais je comprends que tu ne veuilles pas tout mettre si tu le proposes à l'édition!

Bon, ok, en général je suis bon public pour les livres comme ça...mais franchement, à partir du moment où l'histoire est cool, où il y a un peu de subtilité dans les caractères, les réactions etc... (comme ici), personne ne demande du Victor Hugo ou du Zola! bla bla bla qui, il parait, sont très bons mais que je n'ai aucun plaisir à lire, contrairement à ton roman!

Tiens nous au courant de l'édition... qu'on puisse sauter sur les 3 tomes dès leur parution! Saute


par contre je ne dis pas non pour le tome 1! belebleb
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Patte de velours
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Gribouille : Tu as dit que tu voulais des critiques... intello mais je n'ai rien trouvé !! Allons bon !
Ton livre a réussi à me faire pleurer à plusieurs reprises... j'pleurniche
Alors oui, ça veut dire qu'il est réussi J'adore !
Bravo bravo j'ai hâte de lire la suite Clin d'oeil

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Joseph
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Chère Gribouille, aucune autorité littéraire ne m'autorise à faire ce que je vais pourtant faire. Alors, si mon verbe t'indispose, jette-le. C'est la seule chose qu'il convient de faire. Car, évidemment, l'essentiel est que cela puisse t'aider d'une quelconque façon. C'est donc dans cette perspective et en elle seulement que se fonde le sens des mots qui vont suivre...:

Je vois que tu t'interroges sur ton style. C'est évidemment une vaste interrogation pour qui écrit (surtout que l'on est pour soi-même un critique radical). En effet, le style de manière générale est à la fois conditionné par un travail technique préalable sur lequel on a une emprise et dans lequel intervient notre talent propre. Soit! Mais en même temps il est fonction de notre vécu individuel, de notre rapport au monde. Il donne étrangement à dire ce que nous sommes sans que nous ne puissions avoir une quelconque incidence en cela. Ainsi, dans une large mesure il nous échappe alors que l'on voudrait en être pleinement maître, d'autant que ce qui nous échappe est justement ce que l'on voudrait contrôler en tout point -genèse de bien des inquiétudes... Mais c'est surtout l'appréhension, l'idée que l'on se fait de l'idée d'autrui qui est le frein principal. Elle nous pousse justement à vouloir absolument connaître la pensée de celui qui nous lit, savoir si l'on a bien fait, réussi en définitive. On se dit, en guise de justification, que savoir cela nous aiderait à progresser. Et pourtant, on hésite à poser la question: A la fois on redoute la critique qui viendrait remettre en question tout l'édifice établi et on anticipe la réponse mielleuse qui n'apporte qu'une satisfaction imparfaite: Le principe du grand écart mu par la crainte et la fierté (Je parle en connaissance de cause pratiquant une écriture expérimentale et donc largement hermétique. J'ai toujours cette peur de l'incompréhension fondamentale). Alors, la première chose qu'il faut que tu te demandes c'est pourquoi et pour qui tu écris (Par nécessité? Pour partager ta passion? Pour faire fructifier ton talent? En vue de combler le vide de soirées trop fades? -liste non exhaustive bien sûr! Sourire ). La finalité de ton acte, une fois nommée, te permettra d'éloigner en parti un certain nombre de vaines angoisses. Par exemple, si tu écris dans la perspective de faire tourner tes textes à des amis proches histoire qu'ils prennent du bon temps, je ne pense pas que tu aies besoin de te soucier de ton style. De fait, ce qui va importer sera avant tout la structure narrative de ton texte qui devra être probablement toute en tension afin de les captiver. Si tu réussis en cela, ils penseront que ton style est parfait même si syntaxe, grammaire, conjugaison sont defficientes (c'est d'ailleurs clairement ce que l'on voit dans les livres pour enfants aujourd'hui). L'action leur suffira d'autant que l'on est bizarrement dans une perspective purement visuelle en ce moment. Si c'est lent, même avec un style absolu, tu ne feras pas recettes. (c'est d'ailleurs fort bien résumé de la sorte par Ecureuil Bondissant: «  à partir du moment où l'histoire est cool, où il y a un peu de subtilité dans les caractères, les réactions etc... (comme ici), personne ne demande du Victor Hugo ou du Zola! »).

- D'un point de vue stylistique pur, je pourrais te reprocher l'utilisation trop récurrente au début de ton premier chapitre de l'auxiliaire avoir qui fait de ton incipit une longue énumération. Effectivement, il commence in medias res (c'est à dire, je précise au cas où, au coeur de l'action et une telle amorce n'est pas anodine). Mais ce choix a plus pour vocation -même si il n'y a pas de règles préétablies- de voiler une part de l'action antérieure au commencement de ton récit plutôt que l'inverse. Ainsi, en amorçant ton texte par « Manon marchait. Encore, toujours, elle marchait », spontannément nombre de questions viennent frapper la lecteur: Qui est Manon, pourquoi marche-t-elle...? Et tout de suite, tu nous expliques tout dans le menu détail répondant ainsi à des questions que l'ont venait tout juste de formuler alors qu'en optant pour le contraire, en te focalisant sur sa marche où sur ce qui l'entoure (ou je ne sais quoi d'autre encore) tu aurais pu ménager interrogation et suspens en diffusant progressivement ces informations méconnues.

- Evite, je pense, le recours au technolecte surtout si tu ne le fais pas de manière récurrente -genre: « prim'holstein » qui est une référence vraiment en décalage avec le reste de ton texte.

- Travaille l'enchainement de tes phrases pour parvenir à plus de fluidité. Par exemple « Puis, comme l’été approchait, elle s’était résolue [...] à donner des tours de cirque [...] Elle avait vécu de charité pendant trois ou quatre mois, puis elle avait survécu pendant de longs mois. Enfin, elle avait décidé de partir [...] » Il y a quelque chose de laborieux à la fois dans les répétitions et dans les amorces de phrase par le biais de tes adverbes de transition.
Voici quelques suggestions: « Puis comme l'été approchait » => l'été approchant. Certes ce n'est plus exactement le même sens car la perception est différente, mais bon... « pendant trois ou quatre mois, puis elle avait survécu pendant de longs mois » => pendant trois ou quatre mois auxquels succédèrent les jours terribles de la faim...

- Evite la juxtaposition de registres trop distincts: « subjuguée par le charme presque féerique du paysage. Elle oubliait ses ampoules aux pieds, ses petites baskets de toile usées, son blouson de daim trop chaud ou trop froid » -les ampoules contrastes trop avec la notion de féérie qui est ici nommée mais qui gagnerait, je pense, à être développée.

Tu vois bien qu'il ne s'agit à chaque fois que de détails, mais les premières lignes d'un texte doivent être ciselées. Elles sont déterminantes quant au regard que va poser le lecteur sur ton travail.
Ce qui est sûr, c'est que tu as un talent certain pour tracer des intrigues intéressantes et valables. Appuie toi là dessus!

FSS
27
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Gribouille
Bouille de Grib'

Nous a rejoints le : 23 Sept 2009
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Réside à : Isère
1
Patientez...

CT3eme, MERCI pour cette critique détaillée et constructive, c'est exactement ce que j'attendais !! Il y a en effet quelques points que je n'avais pas remarqués mais qui sont très pertinents (on a beau se relire dix fois, on ne voit plus ses erreurs à la fin, parce qu'on connaît son texte par coeur). Merci aussi pour ton annalyse Clin d'oeil

Pour l'incipit, on m'avait déjà fait la remarque du in media res "gâché"... J'y fais attention à présent, pour mes autres romans, c'est vrai que c'est dommage.

Texte:
Mais c'est surtout l'appréhension, l'idée que l'on se fait de l'idée d'autrui qui est le frein principal. Elle nous pousse justement à vouloir absolument connaître la pensée de celui qui nous lit, savoir si l'on a bien fait, réussi en définitive. On se dit, en guise de justification, que savoir cela nous aiderait à progresser. Et pourtant, on hésite à poser la question: A la fois on redoute la critique qui viendrait remettre en question tout l'édifice établi et on anticipe la réponse mielleuse qui n'apporte qu'une satisfaction imparfaite: Le principe du grand écart mu par la crainte et la fierté



Copains !
Je sens qu'on va s'entendre !! En fait, comme je suis très attachée à mes personnages, mon histoire (qui est d'abord un rêve personnel et un compagnon de chaque instant pendant la période d'écriture), c'est très vrai que j'ai peur de me faire démonter d'un coup sec et incompréhensif. Par contre, les critiques fondées et argumentées sont les bienvenues (et si en plus, elles sont accompagnées de suggestions...) ! Trop top !

Ne te gène pas si tu as d'autres remarques Clin d'oeil

Fraternellement,
Grib.
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Joseph
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Chère Gribouille, d'un point de vue plus pratique, si tu veux progresser n'hésite surtout pas à pendre des cours -ou autre recours:

- La plupart des facs de lettres-sciences sociales proposent des ateliers d'écriture auxquels tu peux participer en candidat libre (donc gratuit) sans que cela pose le moindre problème. Tu pourras y rencontrer, d'une part, des personnes qui aiment écrire, d'autre part, les profs qui animent les cours ont généralement un regard critique intéressant et des ficelles à te donner.

- Des bars (souvent peu recommandables...) organisent des rencontres de poètes (qui se considèrent tous comme maudits... Sourire ). C'est souvent très instructif car on y voit d'un peu tout. Cela permet d'explorer de nouvelles thématiques, de s'initier à des types d'écriture insoupçonnés...

- Des cercles d'écrivains et d'amateurs (ça marche surtout en poésie d'ailleurs) se rassemblent pour discuter. Pourquoi pas test?

Evidemment, dans la mesure de mes capacités, je n'hésiterai à te faire quelques suggestions. Et si tu as des questions d'ordre littéraire, ne te gène pas!

FSS
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Gribouille
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Merci Joseph, du coup j'ai modifié l'incipit... Clin d'oeil
Il reste sans doute encore quelques imperfections, mais le suspens est au moins préservé, et le "technolecte" supprimé au moins en partie, du coup je pense que c'est plus fluide !!
Tome 3 terminé, je relis le tout pour corrections, que les lectrices impitoyables m'accordent encore un peu de temps. Grand sourire

FSS.
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Blizzard
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J'ajoute aux remarques de Joseph, qu'il y a trop de redondances : C'étaient des étalages ; derrière leur étalage. Elle passa les étalages de vêtements et de paniers, elle passa les étalages de viandes. Que tu pouvais remplacer par puis ceux [...] Elle vit un étalage.

Achètes- toi un dictionnaire des synonymes et mots de sens voisin. C'est utile.

... entre deux wagons... sur les tampons ou dans le soufflet ?

... elle remit pomme et tomate à leur place. J'aurais écris : elle remit les fruits de son larcin...

Un marché n'est pas qu'un inventaire à la Prévert de marchandises, c'est aussi des bruits (pas qu'humains), des odeurs, pas toutes agréables, surtout qu'il fait chaud, et des couleurs.

Tu indiques qu'un des commerçants est pépiniériste, comment ton héroïne le sait-elle, est-ce marqué sur son front ou y a-t-il un écriteau ? Rien dans ton texte ne le laisse supposer.

lui tordant le bras de plus belle. Elle ne put retenir un gémissement. Elle chercha à dégager son bras Non ! elle chercha à se dégager, tout simplement. l'homme lâcha son bras qu'elle massa en grimaçant : l'homme la lâcha, elle massa son membre endolori en grimaçant

Utilise les pronoms personnels plus que ne le fais.

À ta décharge le descriptif n'est pas facile. J'en sais quelque chose.

Passes-tu au gueuloir ? C'est-à-dire la lecture à haute voix pour toi, tu entendra tout de suite les lourdeurs, ensuite lis-le à des auditeurs qui osent donner leur avis sans flagornerie.

À part ça, on veut connaître la suite, une fois que tu auras appris à « toiletter » un texte, ça sera excellent.



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popeye
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Nous a rejoints le : 25 Oct 2001
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Bonjour, J'aimerais proposer un autre texte. J'espère qu'il ne vous paraîtra pas trop long. Normalement, il y a des notes de bas de page pour les mots peu connus. Ici, c'était difficile de les mettre. C'est l'histoire d'une bande de pionniers soviétiques devant survivre pendant le siège de Sébastopol en 1942-43. Il vont se retrouver dans des aventures en découvrant une boite dissimulée dans une grotte. Il y sera question de valeurs du scoutisme transmises par un ancien scout russe devenu franciscain et de valeurs de fraternité et d'amitié. La devise de Pionniers : Vsega Botov (toujours prêts) et celle des scouts Russes Bud Gotov (être prêts).
PS : J'ai bien aimé les textes de Belette-Gribouille. Dès que je peux, je reviendrai les lire plus attentivement.

CHAPITRE PREMIER
Dans l'antre des enfers
Deux rats venaient de filer dans la galerie. Dehors, un
grondement lancinant, quasiment continu, se faisait entendre et le
sol en même temps vibrait de façon sporadique. À la vérité, Iouri
n’y faisait pratiquement plus attention tant il était écrasé de
fatigue. Il sursautait cependant, de temps en temps, chaque fois
que se produisaient des explosions plus proches ou plus fortes.
Alors, on sentait tout vibrer dans la grotte et de la poussière
envahissait son refuge. On eut dit qu’elle était saupoudrée de la
voûte. En vérité de nombreux fragments de calcaire en tombaient
de même,... et tout cela durait depuis des jours et des nuits.
C’était à devenir fou !
Dès qu’un moment de répit le lui permettait, le garçon
tentait de dormir un peu. Si l’accalmie se prolongeait, celui-ci se
dépêchait de sortir afin d’aspirer de larges goulées d’air frais, puis
d’essayer de dénicher de quoi tromper sa faim.
Parfois, Iouri se demandait ce que devenait Ievgueni, son
meilleur copain. Cela faisait près de huit jours à présent qu’il n’en
avait plus eu la moindre nouvelle.
- Il se peut bien qu’il soit au nombre des victimes, imagina-
t-il à haute voix.
Celles-ci se comptaient désormais par milliers depuis le
début du siège.
- Il y a bien huit mois que ces maudits Fritz encerclent la
ville et tous les environs, s’exclama-t-il alors qu’il n’avait d’autre
interlocuteur que lui-même.
Au début, leur attaque avait été promptement repoussée.
Iouri Zourov en était émotionné chaque fois qu’il y repensait. Son
père y avait perdu la vie. C’était au moment décisif, en pleine
action de contre-attaque alors qu’il était à la tête de son
détachement,... fauché par un fusil-mitrailleur ennemi.
Dès le mois de novembre 41, les assaillants s’étaient
installés pour assiéger la ville et tantôt les bombardements
d’artillerie, tantôt les attaques aériennes, avaient englouti peu à
peu des quartiers entiers. Depuis cet hiver-là, Iouri n’avait plus eu
la moindre nouvelle de sa mère. Il lui semblait qu’elle s’était
volatilisée. Olga Nicolaïevna Zurova n’avait plus donné le
moindre signe de vie. Le pauvre avait longuement parcouru la
ville à sa recherche. Hélas, personne ne l’avait vue. Leur maison
n’était d’ailleurs plus qu’un tas de gravats. C’est ainsi que le
garçon s’était réfugié dans la datcha de son grand-père. Datcha !
C’était un bien grand mot car il s’agissait plutôt d’un petit
cabanon de planches adossé sur le bord d’un mamelon rocheux
juste à l’entrée d’une anfractuosité. Bien avant la guerre, il se
trouvait que Dedouchka et Babouchka1 cultivaient près de là
quelques légumes. À présent, les herbes folles avaient envahi
totalement le jardinet. Les grands-parents s’en étaient allés se
réfugier sur la côte, aux environs d’Alushta, persuadés qu’ils y
seraient plus en sécurité.
Le calme était enfin revenu. Iouri savait que cela n’allait pas
durer. C’est ainsi qu’il s’était précipité vers la route en contrebas,
dénommée Laboratornoe shosse, car il y avait remarqué depuis
plusieurs jours une épave de Poloutorka mitraillée par des
Stukas.
- Allons-y ! commanda-t-il,... en fait pour s’encourager.
De plus en plus, il se parlait de la sorte et cela lui permettait
de tromper sa solitude. Il n’avait pas le moindre compagnon, ce
qu’il avait du mal à supporter. L’incertitude à propos de la
disparition de sa mère était plus difficile encore à vivre. Iouri
souffrait terriblement de s’être retrouvé seul au monde et le
pauvre aurait depuis longtemps sombré dans le désespoir s’il
n’avait su que plusieurs de ses copains se trouvaient terrés, eux
aussi, non loin de là. Dès que la situation le permettrait, le garçon
s’était juré d’aller les voir.
En sautant de rocher en rocher pour ne pas se faire tirer
comme un lapin par des sentinelles, Iouri se faufila lestement
jusqu’à l’endroit repéré, s’assurant qu’il n’y avait pas la moindre
âme qui vive, et se glissa prestement sous la bâche. Il n’y trouva
que des caisses éventrées contenant les débris tordus de quelques
Peh-Peh-Shah, ces fusils-mitrailleurs appelés plus familièrement
Shpagin roteurs. Un peu déçu, le garçon s’en retournait déjà
quand son regard fut attiré par une musette en toile abandonnée
dans le fossé. Celle-ci contenait quelques victuailles : un morceau
de pain noir en partie moisi, quelques pommes de terre ainsi
qu’un poisson séché déjà rempli de vers. Il s’en empara vivement,
puis il escalada la paroi du ravin jusqu’à son refuge. En grimpant,
Iouri se dit qu’il lui faudrait sans tarder confectionner des pièges
et les poser dès la prochaine accalmie.
Dans la cabane aux planches assez largement disjointes, il
retrouva sans grand plaisir un logis totalement dépourvu de
confort au sol encombré de gravats. Dans un coin se trouvait sa
table branlante éclairée par une fenêtre aux vitres cassées. Comme
elle était couverte de poussière, il en balaya la nappe élimée du
revers de la manche et versa dessus le contenu de la musette.
Avec une certaine avidité, Iouri dévora le morceau de pain,
grignotant dans le même temps le poisson débarrassé de ses
habitants tout en se promettant de cuire les pommes de terre
aussitôt qu’il en aurait le temps. Par chance, il avait encore de
l’eau dans un bidon. Le réchaud qu’il s’était confectionné ferait
l’affaire. Un autre voyage au camion lui permettrait certainement
de récupérer de l’huile en dessous du moteur afin de l’alimenter.
C’était comme cela qu’il pouvait se faire un peu de cuisine et
c’est ainsi qu’il avait rôti quelques jours auparavant les restes
dépecés d’un rat.
D’autres fois, le garçon rapportait des butins inattendus de
ses expéditions dans les ruines à Korabelnaïa5. Il avait déniché par
exemple un stock de bocaux de cornichons, de tomates et de
poivrons en conserves. Étonnamment, ceux-ci se trouvaient
presque tous intacts.
Au cours d’une autre expédition de ce genre, il avait
découvert une babouchka presque entièrement couverte de
gravats. Iouri s’était empressé de la sortir de là. Par chance, elle
n’avait rien de cassé.
- Brave petit ! lui avait-elle dit. Alexandra Petrovna Pilevina
te revaudra ça. Je te le promets.
- As-tu ce qu’il te faut pour dormir, camarade Pilevina ? lui
avait demandé Iouri. Si tu as besoin, viens chez moi !
La babouchka l’avait remercié. Celle-ci semblait savoir où
s’abriter. Depuis, Iouri n’avait plus revu la vieille femme. Il se
demandait souvent ce qu’elle était devenue.
- Quel âge a-t-elle donc ? imagina-t-il. Est-elle plus vieille
que Babouchka ?
- Sans doute ! se répondit-il. À moins qu’elle soit moins
âgée qu’elle ne paraît.
Cela se pouvait tant les conditions de vie qu’ils
connaissaient depuis des mois se révélaient épouvantables.
Profitant de l’accalmie, des troupes étaient montées vers les
avant-postes. Il s’agissait de fusiliers marins qui venaient du
Bastion N°3. Ceux-ci s’en allaient relever leurs camarades en
position sur les secondes lignes de défense. Ils étaient
habituellement retranchés dans ce fort qui datait en réalité du
siège de 1854-55 et se situait à moins de 800 mètres en direction
du faubourg. Ainsi, Iouri dans son repaire était au beau milieu
d’une sorte de no man’s land.
Les soldats relevés passèrent à leur tour en sens inverse un
peu plus tard. Ils paraissaient exténués. Ces derniers n’avaient
sûrement pas rejoint leurs casemates quand on entendit les
sifflements caractéristiques et les explosions d’une volée d’obus
nouvelle. Ainsi, la canonnade avait repris. Celle-ci prit très vite
une ampleur inhabituelle. Elle augmentait sensiblement
d’intensité tandis que des coups plus sourds se faisaient entendre
et ceux-ci faisaient trembler le sol. On eut dit les coups d’un
marteau géant.
Iouri ne demanda pas son reste. À treize ans, le courage est
souvent vrai, mais généralement pas au point d’en être téméraire.
Il se précipita dans la cabane et se dirigea vers le fond pour se
mettre à l’abri dans la grotte. Ainsi passa-t-il à côté d’un éclat de
glace accroché sur le mur et qui servait de miroir. Il remarqua
fugitivement son visage émaciés par les privations tout autant que
par l’insomnie. De plus, il observa qu’il était sale et que les creux
de ses traits s’en trouvaient d’autant plus accentués. Du fait de la
crasse, on n’aurait pu qu’être touché par ses grands yeux gris bleu
dans un effet de contraste impressionnant. Ses cheveux roux tout
ébouriffés se trouvaient poudrés de poussière blanchâtre et cela
lui donnait presque une apparence de spectre.
À la vérité, Iouri se demanda s’il s’agissait bien de son
visage. En fait, sa propre vue lui fit peur. Où était-il à présent, le
vrai Iouri Zurov, le Iouri Zurov enjoué qui se donnait à fond, qui
savait si bien entraîner les autres au temps des camps de
pionniers ? Des sensations d’angoisse à présent commençaient à
le tenailler. Ce n’était pas le moment de lâcher prise ! Il fallait se
ressaisir. Une explosion proche aida le garçon qui sembla se
reprendre. Sans plus réfléchir, il se précipita dans l’antre que
formait la grotte et courut jusqu’au fond.
Iouri s’était à peine installé sur le matelas qui se trouvait-là
qu’une épouvantable déflagration se produisit. Cela lui fit l’effet
d’un violent coup de poing dans le ventre. Il suffoqua sous le
choc. La terre avait semblé se soulever. De larges morceaux de la
paroi s’effondrèrent et, dans une fraction de seconde, il pensa
qu’il serait enterré vivant.
Par chance, il n’arriva rien de tel. On n’y voyait plus rien
dans la nuée de poussière et cependant Iouri savait qu’il allait
pouvoir sortir de là. Malgré tout, ce qui venait de se passer
dépassait en puissance absolument tout ce qui s’était produit
jusqu’alors.
Il y avait des moments, comme cette fois dans le vacarme
des déflagrations, parmi les trépidations du sol, ou Iouri se sentait
effrayé de manière irrépressible. Il l’était d’autant plus que son
réflexe aurait été naturellement quelques années plus tôt de se
précipiter dans les bras de sa mère. À tout le moins, cela l’aurait
rassuré, n’en doutons pas ! Plusieurs fois, le pauvre avait senti
monter la panique. Il s’était alors précipité vers l’extérieur où
d’autres explosions l’avaient immédiatement refoulé jusqu’au
fond. La peur était souvent sa compagne et pour l’oublier, Iouri se
perdait dans ses pensées chaque fois que le désoeuvrement forcé
par les bombardements ne lui laissait pas d’autre alternative.
Iouri tentait d’oublier l’enfer en concentrant son esprit sur
des souvenirs agréables : la cueillette des cerises, au-delà du mont
Vorontsov, ou les baignades au creux des criques ouvertes sur la
Mer Noire. Il se disait qu’il faudrait pouvoir se projeter dans la
tête un film aussi plaisant que ceux qu’on leur montrait au camp
des pionniers. L’un de ceux qu’il avait préférés leur avait présenté
l’histoire du grand prince Alexandre Nevski. C’était un film assez
récent qui signifiait que l’Union Soviétique allait repousser les
descendant des chevaliers teutoniques, ces fous de guerre nazis,
tout comme l’avait fait ce prince. Il se souvenait aussi du
Cuirassé Potemkine aussi réalisé par Sergeï Eisenstein et de
Pyshka de Mikhail Roman.
En vérité, c’était une époque heureuse, à considérer les
temps présents. Les feux de camp, les grands jeux dans la
montagne où l’on devait courir après les « ennemis du
socialisme » étaient des occasions de se dépenser sans compter,
mais aussi sans souci, loin des leçons de politique imposées par le
parti. Cela n’empêchait pas que tout le monde aime le camarade
Staline. On l’aimait tout autant qu’on le craignait. C’était le petit
père du peuple. Iouri se prit à sourire en revoyant dans son esprit
le pauvre soldat sinon le matelot préposé au rôle de méchant
capitaliste et qui devait se cacher dans les broussailles afin
d’échapper à la horde joyeuse de ces diables de pionniers
soviétiques. Au rassemblement du matin, juste après le « Vsegda
Botov », on découvrait les activités de la journée que le Vojatiy
présentait. Garçons et filles, à ce moment-là, les attendaient sans
cacher leur excitation. Quelques fois, les pionniers devaient
entendre un récit contant les hauts-faits du camarade Lénine et
Iouri pensait chaque fois qu’il préférait de beaucoup les
projections de cinéma.
- Je pourrais me représenter quasiment la totalité du film
Alexandre Nevski, se dit-il à voix haute.
Il en voyait distinctement l’acteur principal et les fameux
chevaliers teutoniques en déroute.
Une vibration particulièrement forte ébranla la grotte à
nouveau, sortant brusquement de sa rêverie le garçon qui s’y
terrait.
- Pourquoi faut-il vivre ça gémit-il avec une expression dans
les yeux qui révélait son découragement, mais aussi de la panique.
Visiblement, l’arrivée si brusque de la guerre à Sébastopol était
pour lui totalement incompréhensible. Il en découvrait les
conséquences épouvantables et ne comprenait pas ce qui poussait
des peuples à se combattre. Il avait beaucoup de mal à réaliser
qu’en si peu de temps se soit produits des événements
dramatiques à ce point dans le fin fond de la Crimée. Pourtant, la
défense de la Mère Patrie devenait désormais pour chacun ce qui
primait sur tout. L’instinct de survie le commandait.
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Fauvette Bxl
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Nous a rejoints le : 02 Juil 2009
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Réside à : Bruxelles
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Il est sorti de presse et fait 343 pages illustrées d'autant de photos ...



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  Je suis FSC & GCB  Profil de Fauvette Bxl  Voir le site web de Fauvette Bxl  Message privé      Répondre en citant
Babior E.
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Nous a rejoints le : 23 Mai 2007
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Popeye, merci pour ce début de récit, j'espère que Iouri va s'en sortir !

Je voulais faire une remarque, non pas sur le style narratif (il y a ici d'autres spécialistes qui le feront mieux que moi), mais sur les mots russes que tu utilises. Quand on "romanise" un mot écrit à l'origine dans un autre alphabet, on a le choix :
- utiliser la norme ISO, qui fait correspondre à chaque lettre de l'alphabet cyrillique une lettre de l'alphabet latin. C'est un système réversible et international, mais qui ne permet pas de deviner la prononciation (le prénom du héros deviendrait alors Ûri) ;
- associer à chaque son une lettre ou un groupe de lettre. Ceci permet au lecteur d' "entendre" immédiatement le bon son, à condition de tenir compte des règles propres à la langue d'arrivée. Autrement dit, la lettre russe "y" s'écrira "ou" en français, mais "u" en anglais. Dans ton texte, certains mots sont transcrits pour le français (babouchka, Staline), d'autres pour l'anglais (Bud, Jurov).

Je te souhaite bonne chance pour l'utilisation des noms de personne. Choisir la bonne combinaison de diminutif, prénom, patronyme et nom de famille selon le registre, c'est un vrai casse-tête ! Mais tant que tu n'as pas trop de dialogues, tu es tranquille. Grand sourire

(Dernier détail : c'est "gotov" qu'il faut écrire et non "botov".)

Bravo Fauvette, tu dois être content de tenir enfin ton "bébé" dans les bras !
34
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popeye
Joyeux membre

Nous a rejoints le : 25 Oct 2001
Messages : 278
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Merci Babior pour ces remarques opportunes. Cela permet de pointer mon manque de vigilance. Je vais en tenir compte.
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Nous a rejoints le : 24 Juil 2011
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D'après son altesse le prince Michel Gortchakoff, la terminaison ov doit s'écrire off en français.
36
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