je dis simplement que l’antisémitisme a fini par devenir, dans nos contrées, grâce au ciel, un crime désigné comme tel, dûment répertorié, puni.
Je dis que le préjugé anti-Arabes, ou anti-Roms, est heureusement stigmatisé par des organisations du type de cet SOS racisme que je suis fier d’avoir, il y a vingt-cinq ans, avec Coluche, Simone Signoret, d’autres, contribué à fonder.
Et j’affirme, en revanche, que, face à ces persécutions massives de chrétiens, face au scandale, en Algérie par exemple, des femmes kabyles et chrétiennes mariées de force ou emprisonnées, face à l’élimination lente mais sûre des derniers vestiges – Benoît?XVI a dit, empruntant le mot à la Bible juive, «?les derniers restes?» – de ces églises chrétiennes d’Orient qui ont tant fait pour la richesse spirituelle de l’humanité, il n’y a soudain plus personne.
Alors, de deux choses l’une.
Ou bien l’on adhère à la doctrine criminelle et folle de la compétition des victimes (chacun ses morts, chacun sa mémoire et, entre les uns et les autres, la guerre des morts et des mémoires) – et l’on ne se soucie que des «?siens?».
Ou bien l’on ne veut pas y croire (l’on sait qu’il y a, dans un cœur, assez de place pour plusieurs compassions, plusieurs deuils, des solidarités diverses et non moins fraternelles) – et l’on dénonce avec la même énergie, j’allais dire la même foi, cette haine planétaire, cette vague de fond meurtrière, dont les chrétiens sont les victimes et dont leur ancien statut de représentants de la religion dominante ou, en tout cas, la plus puissante empêche, aussi, que l’on s’avise.
Permis de tuer quand il s’agit des fidèles du «?pape allemand?»?? Permis, au nom d’une autre guerre des civilisations non moins odieuse que la première, d’opprimer, humilier, supplicier?? Eh bien, non. Il faut, aujourd’hui, défendre les chrétiens.