L'unité
du scoutisme peut-elle se faire en dehors du Christ ? Comme pour toute
unité profonde et vraie, qui ne repose pas sur un contrat temporaire
d'intérêt commun, la réponse est 'non'. L'unité,
c'est le Christ qui la demande et qui la réalise :
«
Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient,
eux aussi, sanctifiés dans la vérité.
Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui,
grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un.
Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi
soient en nous,
afin que le monde croie que tu m'as envoyé.
Je
leur ai donné la gloire que tu m'as donnée,
pour qu'ils soient un comme nous sommes un:
moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité,
et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé
et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.
»
Jean
17,19
Le
scoutisme est aussi membre de l'Eglise. Même si l'Eglise de
Rome ne reconnaît pas tous les mouvements sous la dénomination
de "mouvement d'Eglise", qui relève d'un statut
bien paticulier, avec des devoirs ecclésiaux, tout scoutisme
catholique, de par sa catholicité, appartient à L'Eglise
universelle en ce qu'il fait progresser dans la foi et la connaissance
de Dieu, et éduque à se comporter en vrai chrétien
dans le monde. Membre de l'Eglise, pouvons-nous supporter d'être
soumis à la division et à l'esprit de parti ? :
«
en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les
uns les autres avec charité; appliquez-vous à conserver
l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Il n'y
a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance
au terme de l'appel que vous avez reçu; un seul Seigneur, une
seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous,
qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. Cependant chacun de
nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ
a mesuré ses dons »
Ephésiens
4,1
L'Eglise vit déjà
des divisions, la réforme protestante, la scission anglicane,
les schismes intégristes, et bien d'autres, et au sein même
de l'Eglise catholique, nous voyons des courants s'opposer à
la ligne de conduite donnée par Rome; des théologies nouvelles
apparaître; des idéologies, plus souvent, prendre le pas
sur l'amour...
Et nous, chrétiens,
qui constatons ce manque d'unité, comment réagirons-nous
? Nous dirons-nous que c'est le travail des autres de rétablir
l'unité ? Que ferons-nous de nos propres désunions ?
Le pape Jean-Paul II est celui de l'unité, et nul
plus que lui n'a cherché le dialogue et les moyens de parvenir
à la réaliser. Mais jamais il n'estima qu'elle se ferait
par les hommes, sans le Christ.
Il est donc nécessaire
de répondre à son
appel à l'unité de tout notre cœur, là
où nous avons les moyens d'œuvrer, et en nous reposant sur
le Christ. C'est pourquoi il aparraît indispensable de demander
des messes, et de les organiser de telles façons à ce
qu'elles deviennent déjà un témoignage de notre
volonté à trouver l'unité, volonté manifestée
que Dieu seul pourra transformer en nous accordant ce que nous demandons.
Le problème
en est encore à cette échelle. Souvent, il est
facile de crier HOURRA à un discours qui respire la
vérité, que l'on ressent intimement comme juste
et bon, et pourtant une fois mis devant l'ouvrage, nous avons
tendance à grogner en nous souvenant de ce qui nous
oppose et en se disant que ces belles choses passeront par
ceux qui en ont charge, parce qu'il est difficile de faire
l'unité tout en comprenant que "les autres ne
font décidemment pas comme moi".
Comme le disait St Paul ci dessus, la différence
est désirée par Dieu lui-même dans le
but suivant :
«
Mais, vivant selon la vérité et dans la charité,
nous grandirons de toutes manières vers Celui qui
est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier
reçoit concorde et cohésion par toutes sortes
de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon
le rôle de chaque partie, opérant ainsi
sa croissance et se construisant lui-même, dans la
charité. »
Ephésiens
4,15
Le
monde serait-il heureux de n'avoir pour modèle de sainteté
que des Curé d'Ars ou des St François d'Assise
? Non, et si leur modèle nous sont précieux,
Dieu n'a pas dédaigné de nous offrir des St
Jean Bosco, des St Philippe Néri, dont l'humour et
la vivacité dépassaient souvent les bornes sociales.
Il nous a offert des saints fougueux qui partent à
l'assaut, des saints réservés, des saints s'adressant
aux pauvres, des saints s'adressant aux riches, des saints
qui réforment, des saints qui obéissent, des
saints qui aimaient les belles choses, des saints qui n'aimaient
pas être ainsi distraits, etc... Y a-t-il dans cette
richesse un seul saint qui soit celui de l'Eglise tandis qu'un
autre serait rejetté ? C'est pourtant le genre d'argument
qu'on entend (de quelque côté que ce soit) d'un
mouvement contre un autre.
Nous sommes membre
de l'Eglise, nous pouvons (et devons) donc montrer un exemple sincère
d'unité. Nous n'effacerons pas nos différences, elles offrent
de quoi répondre à davantages de jeunes. Nous ne repousserons
pas un seul de ceux qui travaillent au règne de Dieu, fussent-ils
des mouvements minoritaires ! Non aux consortium !! La fraternité
sera totale et franche, car si nous prétendons faire l'unité
"entre nous seulement", nous recréons déjà
la division.
C'est
aussitôt la question qui vient à l'esprit. Commet intégrer
dans notre unité les mouvements scouts d'autres religions ou confessions
si nous décidons de la bâtir sur le Christ ?
Nous ne repoussons aucun mouvement scout, mais il est clair
que nous ne travaillerons pas sur nos forces humaines. Rien ne nous empêche
de prier pour l'unité, d'agir dans la prière, mais aussi
avec des frères scouts d'autre religions (SANS MELANGER NOS PRATIQUES
!!). Dans les actions qui nous seront offertes des troupes non catholiques
seront peut-être mieux placées pour répondre rapidement
à une urgence. Tant mieux ! Dans nos rencontres, nous serons frères
scouts d'abord, car c'est le Christ qui habite cette fraternité,
et vivrons nos vies de foi séparément (mais sans exclure
les curieux, bien évidemment).
Cependant, la Fraternité demeurera d'essence catholique
(qui d'autre d'ailleurs recherche l'unité ?), et témoignera
ainsi de sa capacité d'accueil sans avoir à se renier.
Quant au
scoutisme athée, ce n'est pas du scoutisme !
(« Je renie toute forme de Scoutisme
qui n'a pas la religion pour base » Baden Powell)
"La
pratique religieuse n'entre pas du tout dans le scoutisme. Elle est
dèjà la. Elle est le facteur fondamental, sous-jascent,
du scoutisme." (BP, 2 Juillet 1926).
: "Le
scout doit pouvoir observer et mettre en pratique la religion qu'il
professe, quelle qu'elle soit." (BP, 1944).