irdnael
Membre confirmé
Forêt : Trappeur Nous a rejoints le : 10 Janv 2006 Messages : 1 323 Réside à : paris
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Patientez... |
Pépé rouvre un vieux fil (au fait Pépé est vraiment grand père pour la première fois depuis le 18.5, un petit Thomas).
Bon je me lance:
Le C.T annonce cet été camp en Bretagne avec une semaine sur une ile déserte accessible uniquement par un bateau spécial. Attention nous dit-il pour des raisons de sécurité vous devez tous être pourvus d'un gilet de sauvetage. Bien entendu cette ordre m'est passé au dessus de la tête.
Le camp commence puis l'explo de patrouille de 4 à 5 jours se déroule à Jersey. La patrouille prend seule le bateau des touristes (bon c'était en 1960, la DDJS était loin...) Au port nous sommes accueillis par un commissaire britannique qui avait la tenue complète de BP avec les pompons et la moustache. Rien que le voir valait la traversée.
De retour en France la troupe part pour Saint Jacut de la Mer, alors port de pêche breton pur beurre. A l'arrivée le CT fait le rasso et nous explique: le séjour sur l'ile déserte est une expérience de survie Bombard. Donc rien à manger, rien à boire. Voila des fiches à remplir avant l'expérience et vous remplirez d'autres fiches au retour pour tester votre état mental et vos réflexes (il était étudiant en médecine).
Et maintenant inspection des moyens de sauvetage. La troupe était située près des puces de St Ouen et des surplus militaires d'où une très belle collection de bouées à boudins britanniques (?) et je ne peux voir certains films sur la guerre sans y penser. Bien entendu avec 2 ou 3 autres il me met à part: nous n'avions pas d'équipement ,nous engueule, surtout moi j'étais SP...Et en route vers le port.
C'était un bateau de pêche des années 50 breton pur jus, le patron pècheur, lui aussi breton pur jus, nous dit : jetez vos sacs au fond. La marée étant basse peut être 4 à 5 m mais les sacs sont lancés. Puis nous descendons l'échelle de port bien gluante et tout le monde s'installe à 30 dans un bateau fait pour la pêche.
Direction l'ile dont j'ai oublié le nom ( p.e l'ile Agot de la carte...) et la mer commence à se former mais le patron nous rassure et nous indique qu'on sera très bien sur l'ile: il y a 2 sources à trouver! Pendant ce temps les ACT distribuaient les vivres de secours: un sachet de raisins secs, amandes etc..., 150 grs environ par tête. Et le bateau s'approche de l'ile très déserte et très bretonne, toute en pur granit. On pensait evidemment à l'Ile Noire de Tintin.
Debarquement un peu hésitant par des rochers et le patron nous lance les sacs un par un. Bien entendu un sac part à l'eau, ouf c'est pas le mien. Puis les patrouilles se dispersent car l'ile est assez grande. Premier soir je crois qu'il y avait quelques biscuits au fond des sacs donc pas trop dégats.
Le lendemain matin on se regardait vraiment perplexe: pas de petit dèj... puis une partie de la patrouille est partie chercher de la nourriture et une autre trouver une source. A midi pas d'eau de source mais des moules cuites dans une boname. L'idée générale était l'eau de mer rend fous en 48 heures donc pas plus d'un quart par "repas". Toujoursd les conseils du bon docteur Bombard.
Le surlendemain c'est moi (et pas un autre !) qui est trouvé une des deux sources mais evidemment (ça ne vous étonnera pas d'eux, la pire patrouille de la troupe) les lynx espionnaient et ils sont venus après voler de l'eau douce à notre source. Pendant ce temps il y avait en permanence une boname au feu avec des moules ou des arapèdes, le bois flotté sec étant récupéré au creux des rochers. La boname était gardée en permanence, on ne sait jamais car on ne peut pas faire confiance, les lynx ne sont pas loin.
Un des ACT était sur l'ile avec un moyen de communication avec la terre. De fait on voyait la côte où le CT mangeait le menu gastronomique midi et soir dans les meilleurs restaurants en payant avec les économies réalisées sur la nourriture de ses malheureux scouts. Pendant ce temps là une des patrouilles fut accusée de manger de la mouette mais nous autres de la patrouille des hirondelles, par solidarité, nous nous sommes limités aux moules, crabes, arapèdes cuits à l'eau de mer. On ne s'en lasse pas.
Au bout de la semaine le bateau revient, on rembarque avec un ceinturon ressérré d'un ou deux crans. A terre, on remplit les fiches dont nous n'avons jamais entendu reparler ensuite. Ceci dit c'est vrai que nous étions un peu ralenti vers la fin. Mais nous sommes toujours là et en plus je ne peux trop en rajouter car il y a un autre survivant qui passe parfois sur les forums scouts.
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