Ocelot GA
Leopardus pardalis
Scène : Maître de Cérémonie Nous a rejoints le : 10 Mai 2007 Messages : 1 006 Réside à : Rennes, Toulon... et la tête en Afrique!
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2 Patientez... |
Hé les choristes, j'ai un truc pas mal, vous m'en direz des nouvelles... J'aurais aussi pu le mettre dans la section "Résistons, délirons", ou "Faire rire" !
C'est mon père spi qui me l'a filé !
Texte: Les quatre voix et le c(h)oeur
Extrait de EC Magazine 2/01 Revue éditée par Europa Cantat Fédération Européenne des Jeunes Chorales
Dans tout chœur, il y a quatre registres vocaux : soprano, alto, ténors et basses. Eux-mêmes sont parfois divisés en deux, ce qui conduit à des plaisanteries continuelles au sujet des premières et deuxièmes basses. On entend aussi dautres appellations, comme baryton, contre-ténor, contralto, mezzo-soprano, etc, mais elles sont plutôt réservées aux solistes ou aux membres de groupes classiques a capella de niveau exceptionnel (en particulier pour les contre-ténors). On les utilise aussi pour celles et ceux qui veulent sexcuser de ne pas appartenir vraiment à lun des registres habituels... On nen parlera donc pas ici. Chaque registre chante dans une tessiture différente, et chacun a sa propre personnalité. On peeut se demander pourquoi le fait de chanter des notes différentes peut modifier le comportement. Il est vrai que cette question mystérieuse na pas encore fait lobjet détudes appropriées ; cela sexplique par le fa que les scientifiques qui étudient les musiciens sont probablement musiciens eux-mêmes, avec tous les complexes associés aux ténors, cornistes, timbaliers ou autres. Mais tel nest pas notre propos. Il reste que les quatre registres peuvent facilement être reconnus... et voici comment.
Les sopranos Les sopranos sont celles qui chantent le plus haut, ce qui leur fait croire quelles dominent le monde. Elles ont des cheveux longs, des bijoux fantaisie, et des jupes plus froufroutantes que les autres. Elles se considèrent bafouées si on ne leur permet pas de chanter au moins au fa « den haut » dans nimporte quel mouvement de nimporte quelle œuvre. Lorsquelles y arrivent, elles tiennent les notes au moins une fois et demie la durée requise par le compositeur et/ou le chef, puis elles se plaignent que ça tue leur voix et que le compositeur et le chef sont des sadiques. Bien quelles considèrent tous les autres registres comme inférieurs au leur, elles ont des attitudes variées à légard de chacun deux. Les altos sont aux sopranos ce que les seconds violons sont aux premiers violons : cest agréable harmonieusement, mais pas vraiment nécessaire. Toute soprano pense intimement que lon pourrait supprimer les altos sans changer lessence même de lœuvre, et elles ne comprennent pas pourquoi il y a des gens pour chanter dans cette tessiture – cest si ennuyeux. En ce qui concerne les ténors, on aime bien en voir autour de soi ; en plus des possibilités de flirts (car il est bien connus que les sopranos ne flirtent jamais avec les basses), les sopranos aiment chanter en duos avec les ténors parce que, du haut de leur stratosphère, elles aiment les voir travailler durement pour arriver dans une tessiture quelles considèrent basse à moyenne. Quant aux basses, ce sont les rejets de lhumanité – ils chantent beaucoup trop fort, et toujours faux (comment peut-on chanter juste dans une tessiture si basse), et, de toute façon, il doit y avoir un problème avec ces gens qui chantent en clé de fa. Pourtant, bien quelles se pâment à lécoute des ténors, elles finissent quand même par rentrer à la maison avec les basses.
Les altos Les altos sont le sel du monde, du moins le croient-elles. Ce sont des personnes simples, qui porteraient des jeans au concert si on les y autorisait. La position des altos est unique dans le chœur : elles ne peuvent jamais se plaindre davoir à chanter trop haut ou trop bas, et elles nignorent pas que tous les autres pupitres trouvent la partie dalto pitoyablement facile. Mais les altos savent quil nen est rien et que, lorsque les sopranos ségosillent sur un la, elles doivent chanter des passages compliqués, pleins de dièses et de bémols, avec des rythmes impossibles, ce que personne ne remarque parce que les sopranos chantent trop fort (ainsi que les basses, comme dhabitude). Les altos se font un malin et secret plaisir à conspirer pour faire baisser les sopranos. Elles ont une méfiance innée à légard des ténors, car ils chantent presque dans la même tessiture quelles, mais ils croient avouer un meilleur son. Les altos aiment les basses et elles chantent volontiers en duo avec eux – de toute façon le chant des basses ne sonne que dans le grondement, et cest le seul moment où elles ont vraiment une chance de se faire entendre. Un autre sujet de plainte des altos est quelles sont toujours trop nombreuses ; elles ne peuvent par conséquent jamais chanter vraiment fort.
Les ténors Les ténors sont des « enfants gâtés ». Avec cela on a tout dit. Pour une seule raison : il ny en a jamais assez, et les chefs de chœurs vendraient leur âme plutôt que de laisser partir un ténor médiocre... alors quils seraient toujours prêts à se défaire de quelques altos à moindre prix. Et puis, pour quelque obscure raison, les quelques ténors que lon a sont réellement bons – ça va de soi et cest lune des causes dennui dans la vie. Du coup, il nest pas étonnant que les ténors aient toujours une grosse tête – après tout, sans eux, qui pourrait causer la pâmoison des sopranos ? La seule chose qui puisse déstabiliser les ténors est laccusation (venant en principe des basses) que lon ne peut pas être un vrai homme et chanter si haut. De leur manière perverse habituelle, les ténors rejettent toujours ce grief, tout en se plaignant plus fort encore que le compositeur est un vrai sadique pour les faire chanter si haut. La relation des ténors avec le chef de chœur est à mi-chemin entre amour et haine, car le chef leur dit toujours de chanter plus fort... parce quils sont si peu nombreux. Depuis que lon écrit lhistoire, on na jamais vu un chef demander aux ténors de chanter moins fort dans un passage forte. Les ténors se sentent menacés dune manière ou dune autre par les autres pupitres – par les sopranos, parce quelles peuvent atteindre des notes incroyablement hautes ; par les altos, parce quelles nont aucun problème à chanter les notes qui sont si hautes pour eux ; et par les basses parce que, bien quils soient incapables de chanter plus haut quun mi, ils chantent suffisamment fort pour noyer les ténors. Evidemment, les ténors préfèreraient mourir que dadmettre une quelconque de ces remarques. Ajoutons un fait peu connu : les ténors bougent leurs sourcils plus que quiconque lorsquils chantent.
Les basses Les basses chantent les notes les plus graves. Et ceci explique cela. Ce sont des gens impassibles, dignes de confiance, plus barbus que les autres. Les basses se sentent perpétuellement mal aimés, mais ils sont eux-mêmes convaincus que ce sont eux qui ont la partie la plus importante (un avis partagé par les musicologues, mais certes pas par les sopranos ou les ténors)... même sil sagit de la partie la plus ennuyeuse de toutes, où ils chantent toujours la même note (ou à la quinte) pour une page entière. Ils compensent cet ennui en chantant le plus fort possible – la plupart des basses sont des joueurs de tuba nés. Les basses sont le seul pupitre qui puisse se plaindre régulièrement davoir à chanter si bas, et ils font dhorribles grimaces lorsquils essaient datteindre des notes très basses. Les basses sont des gens charitables, mais leur charité nest pas grande à légard des ténors, quils considèrent être des poseurs finis. Lune des choses les pires pour les basses, cest de chanter avec des ténors. Les basses aiment les altos sauf lorsque cest en duo et que les altos ont la partie belle. Quant aux sopranos, elles sont simplement dans un univers opposé que les basses jugent incompréhensible. Ils ne peuvent pas imaginer, quand elles font des fautes, que lon puisse chanter si haut et si mal. Lorsquune basse se trompe, les trois autres voix le couvrent, il peut alors poursuivre tranquillement son chemin en sachant que, une fois ou lautre, dune mainère ou dune autre, il se retrouvera dans la bonne tonalité.
Tellement vrai !
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