Un Pontife tellement décrié
par Dimitri Cavalli
(Traduction libre de Loup_r avec un anglais un peu rouillé et proche de celui de Yasser Arafat!!!)
Certaines choses ne vont jamais loin. La controverse sur les actions du Pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale a récemment été relancée quand le Pape Benoit XVI a signé un décret affirmant les "vertus héroïques" de son prédécesseur.
Ainsi, quand le pape a visité la Grande synagogue de Rome, dimanche dernier, Riccardo Pacifici, président de la communauté juive de Rome, lui a dit: « Le silence de Pie XII avant la Shoah fait toujours mal parce que quelque chose aurait dû être fait."
Ce n'était pas la première fois que le pape qui s'est rapproché davantage de la béatification, est accusé d'avoir garder le silence pendant l'Holocauste, d'avoir fait peu ou rien pour aider les Juifs, et même d'avoir collaboré avec les nazis.
Dans quelle mesure, des preuves, s'il y a lieu, viennent à l'appui de ces allégations qui ont été répétées depuis le début des années 1960 ?
Le 4 avril 1933, le cardinal Eugenio Pacelli, le secrétaire d'État du Vatican, a chargé le nonce apostolique en Allemagne afin de voir ce qu'il pourrait faire pour s'opposer aux politiques antisémites des Nazis.
Au nom de Pape Pie XI, le cardinal Pacelli a préparé une encyclique, intitulée "Mit brennender Sorge" ("Avec une vive inquiétude") condamnant les doctrines nazies et les persécutions de l'Église catholique. L'encyclique a été introduite clandestinement en Allemagne et lue en chaire le 21 Mars 1937.
Bien que de nombreuses critiques du Vatican aujourd'hui voient l'encyclique comme une petite tape sur le poignet, les Allemands y virent une menace pour la sécurité. Par exemple, le 26 Mars 1937, Hans Dieckhoff, un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères allemand, écrivait que cette "encyclique contient des attaques de la nature la plus sévère sur le gouvernement allemand, invite les citoyens catholiques à se rebeller contre l'autorité de l'État et apparaît comme une tentative de mettre en danger la paix intérieure".
La Grande-Bretagne et la France auraient dû interpréter cette encyclique comme un avertissement : ils doivent pas faire confiance à Adolf Hitler ou de tenter tempérer avec lui.
Après la mort de Pie XI, le cardinal Pacelli a été élu pape le 2 Mars 1939. Les nazis furent mécontents du nouveau pontife, qui a pris le nom de Pie XII. Le 4 Mars, Joseph Goebbels, ministre de la propagande allemande, écrivait dans son journal: "Midi avec le Führer. Il se demande si nous ne devrions pas abroger le Concordat avec Rome, à la lumière de l'élection de Pacelli."
Pendant la guerre, le pape était loin de se taire : dans de nombreux discours et encycliques, il a défendu les droits de l'homme pour toutes les personnes et a appelé les nations belligérantes à respecter les droits de tous les civils et des prisonniers de guerre. Contrairement à de nombreux détracteurs actuels, les nazis ont très bien compris le pape. Après l'étude du message de Noël 1942 du Pie XII, l'Office central de sécurité du Reich a conclu : "D'une manière jamais vue avant, le pape a répudié le national-socialisme, nouvel ordre européen... Il a accusé virtuellement le peuple allemand d'injustice envers les Juifs et s'est fait lui-même le porte-parole des criminels de guerre juifs." (Prenez n'importe quel livre qui critique Pie XII, et vous ne trouverez aucune mention de cet important rapport.)
Au début de 1940, le pape a servi d'intermédiaire entre un groupe de généraux allemands, qui voulaient renverser Hitler, et le gouvernement britannique. Bien que le complot ne soit jamais allé plus loin, Pie XII est resté en contact étroit avec la résistance allemande et a entendu parler de deux autres complots contre Hitler.
A l'automne 1941, par voie diplomatique, le pape a accepté que les catholiques américains puissent soutenir les plans du Président Roosevelt visant à étendre l'aide militaire à l'Union soviétique après son invasion par les nazis. Au nom du Vatican, John T. McNicholas, Archevêque de Cincinnati, Ohio, a prononcé un discours très médiatisé expliquant que l'extension de l'assistance aux Soviets pouvaient être justifiée moralement car cela aidait le peuple russe, victime innocente de l'agression allemande.
Tout au long de la guerre, les adjoints du pape ont fréquemment demandé aux représentants diplomatiques du Vatican, dans de nombreux états occupé les nazis et les puissances de l'Axe, d'intervenir au nom des Juifs en danger.
Jusqu'à la mort de Pie XII en 1958, de nombreuses organisations juives, des journaux et des dirigeants ont salué ses efforts. Pour ne citer qu'un exemple parmi d'autres, dans sa lettre, du 7 avril 1944, au nonce apostolique en Roumanie, Alexander Shafran, grand rabbin de Bucarest, écrivait : "Il n'est pas aisé pour nous de trouver les mots justes pour exprimer la chaleur et le réconfort que nous avons connu en raison de la prévenance du Souverain Pontife, qui a offert une grosse somme pour soulager les souffrances des déportés juifs ... Les Juifs de Roumanie n'oublieront jamais ces faits d'une importance historique".
La campagne contre le Pape Pie XII est vouée à l'échec parce que ses détracteurs ne peuvent pas soutenir leurs principales accusations contre lui - qu'il était silencieux, pro-nazi, et a fait peu ou rien pour aider les Juifs - avec des preuves.
Peut-être que uniquement dans un monde arriéré comme le nôtre, le seul homme qui a fait plus que n'importe quel chef de guerre pour aider les Juifs et les autres victimes du nazisme, pourrait recevoir la plus grande condamnation.
Dimitri Cavalli est éditeur et écrivain à New York.