Montoire
Membre confirmé
Église : Lecteur Nous a rejoints le : 19 Avr 2004 Messages : 2 029 Réside à : Blois, La Flèche, Lorraine, Blois
|
Patientez... |
Extrait du Catéchisme allemand pour adultes :
Citation: Au cours de l'histoire, l'exercice concret de la mission de l'Eglise a connu des changements multiples et parfois considérables, en fonction des circonstances de temps et de lieu. Néanmoins, elle reste à toutes les époques et pour toutes les époques le sacrement universel du salut (cf. LG 48). Tous les hommes sont appelés à en faire partie; elle est nécessaire au salut de chacun. Il n'y a qu'un seul Médiateur du salut: Jésus-Christ (cf. Ac 4,12; l Tm 2,5). Seul celui qui croit en lui et reçoit le baptême en son nom, peut obtenir le salut (cf. Me 16,16; Jn 3,5). Cela implique que l'Eglise est nécessaire au salut', en effet, la foi et le baptême sont la porte par laquelle nous entrons dans l'Eglise. "C'est pourquoi ceux qui refuseraient soit d'entrer dans l'Eglise catholique, soit d'y persévérer, alors qu'ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être sauvés" (LG 14; cf. AG 7).
Tous les croyants admettront que le salut n'est possible que dans et par Jésus-Christ, et que l'on rencontre le Christ dans l'Eglise. Cette vérité a également été formulée de manière négative: "Hors de l'Eglise, point de salut". Cette formule peut être mal comprise, et elle est même tout à fait incompréhensible pour beaucoup de nos contemporains. Devons-nous vraiment croire que tous les hommes de bonne volonté, qui n'ont jamais entendu parler du Christ et de l'Eglise, mais vivent d'une manière bonne, juste et pieuse iront en enfer? Ceci vaut-il même pour les chrétiens qui ne sont pas catholiques romains? Comment une telle doctrine est-elle conciliable avec la justice et l'amour de Dieu envers tous les hommes? Comment peut-elle se concilier avec la solidarité des chrétiens à l'égard de tous les hommes?
La formule "Hors de l'Eglise, point de salut" est, à l'origine, un avertissement adressé aux chrétiens qui sont dans l'Eglise et qui, par conséquent, la connaissent, mais sont tentés de la quitter. Dans ce contexte, la négation signifie que ceux qui quittent l'Eglise renoncent par le fait même au salut. Plus tard seulement, cette formule prit un sens plus général; elle fut appliquée à tous ceux qui, de fait, n'appartiennent pas à l'Eglise catholique romaine. Bien des déclarations du magistère sont très nettes à cet égard: ainsi la bulle "Unam Sanctam" du pape Boniface VIII (1302; cf DS 875; FC 423) et le décret du concile de Florence sur les Jacobites (1442; cf. DS 1351; FC 433). Ces formulations abruptes doivent être comprises dans le contexte de cette époque. On était alors convaincu que l'Evangile avait été annoncé dans le monde entier, et on supposait, par conséquent, que si quelqu'un ne se trouvait pas dans le sein de l'unique Eglise catholique romaine, ce ne pouvait être que par sa faute. Mais à l'époque moderne, on découvrit de nouveaux continents et des cultures où le christianisme était encore inconnu. L'Eglise affirme dès 1713 que la grâce est présente même en dehors de l'Eglise catholique romaine visible (cf. DS 2429). Le pape Pie IX enseigne que Dieu ne refuse pas sa grâce à ceux qui vivent selon leur conscience et qui accomplissent la volonté de Dieu telle qu'ils peuvent la connaître, même si, sans qu'il y ait faute de leur part, ils ignorent l'Eglise du Christ (cf. DS 2866). Pie XII a réaffirmé cette doctrine (cf. DS 3869; FC 506-507) et le deuxième concile de Vatican l'a reprise à son compte et approfondie. Il a rappelé que d'après la Sainte Ecriture, Dieu veut le salut de tous les hommes (cf. l Tm 2,4), mais que l'homme doit, pour sa part, adhérer au dessein salvateur de Dieu (cf. LG 16)
La formule "Hors de l'Eglise, point de salut" signifie donc que l'Eglise est l'unique sacrement universel du salut. Celui qui refuse sciemment et volontairement d'y entrer, ne peut pas être sauvé. Mais on n'est pas davantage sauvé quand on adhère à l'Eglise d'une manière tout extérieure, sans lui appartenir par le cœur. En revanche, celui qui, sans qu'il y ait faute de sa part, ne connaît pas l'Eglise, celui-là peut être sauvé s'il accomplit la volonté de Dieu, telle que sa conscience la lui révèle, dans la situation concrète où il se trouve.
Etant donné que l'Eglise est l'unique sacrement universel du salut, et qu'en fait, bien des hommes n'appartiennent pas à l'Eglise visible, sans qu'il y ait faute de leur part, il y a différents modes et degrés d'appartenance à l'Eglise. Sont pleinement incorporés à la société que constitue l'Eglise "ceux qui, ayant l'Esprit du Christ, lui sont unis grâce aux liens constitués par la profession de foi, les sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion" (LG 14). Les candidats au baptême (catéchumènes), qui, "sous l'action de l'Esprit Saint, demandent par un acte explicite de leur volonté à être incorporés à l'Eglise, par le fait même de ce voeu, lui sont unis" (LG 14). "Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l'unité de la communion sous le successeur de Pierre, l'Eglise se sait unie pour de multiples raisons" (LG 15): par l'Ecriture, par la profession de foi de l'Eglise ancienne et par certains sacrements, dont le ministère épiscopal et l'eucharistie; à cela s'ajoute la communion dans la prière et d'autres biens spirituels, ainsi que les dons et la grâce du Saint-Esprit (LG 15). Ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile, sont orientés vers l'Eglise de diverses façons. Cela s'applique en premier lieu au peuple juif de l'ancienne alliance, mais aussi aux musulmans qui se réclament de la foi d'Abraham, et finalement à ceux qui cherchent le Dieu inconnu dans des ombres et des images, même s'ils ne sont pas encore parvenus à une connaissance explicite de Dieu, mais s'efforcent avec l'aide de la grâce de mener une vie droite (cf. LG 16). L'appartenance à l'unique Eglise de Jésus-Christ se réalise donc d'une manière qui comporte différents degrés.
Le fait que tous les hommes aient la possibilité de parvenir au salut, ne décharge pas l'Eglise du devoir de la mission. La connaissance de Dieu à partir de la création est troublée par le péché; les hommes ont souvent confondu la vérité de Dieu avec le mensonge et ont servi la créature plutôt que le Créateur (cf. Rm 1,21-25). Seul le message de Jésus-Christ fait de nouveau briller pleinement la lumière originelle de la création; en lui seul est révélée la totalité du mystère de l'homme (cf. GS 22).
Aujourd'hui, la mission chrétienne suscite de multiples questions et objections. On apprécie en général l'action de l'Eglise en faveur du développement humain, ainsi que les efforts des Eglises missionnaires pour supprimer tout ce qui fait offense à la dignité de l'homme. Mais, dit-on, la mission fait disparaître les religions indigènes, détruit des cultures et des structures sociales qui ont leur valeur, prive des êtres humains de la culture au sein de laquelle ils sont nés. Elle suscite une Eglise aliénée, qui n'est rien d'autre qu'un instrument de l'expansion de la culture occidentale. Elle transporte dans d'autres cultures nos crises et nos problèmes. Il est incontestable que les missionnaires étaient les enfants de leur temps, et qu'ils ont souvent apporté aux autres peuples un christianisme très occidentalisé. Mais ils ont aussi contribué à rendre le colonialisme et l'impérialisme occidentaux moins insupportables. Il ne faudrait pas perdre de vue l'engagement d'un saint Pierre Claver (mort en 1654) en faveur des noirs, victimes du trafic des esclaves, ni l'activité pastorale de saint Turibius de Mogrovejo, patron de Lima et du Pérou (mort en 1606), ou la lutte de Bartholomé de Las Casas (mort en 1566) pour faire admettre les droits des Indiens.
Depuis lors, la situation de la mission a profondément changé. On en est arrivé à une situation de mission universelle, qui concerne aussi les pays d'ancienne chrétienté. Sur tous les continents sont nées des Eglises locales qui assument d'une manière autonome la responsabilité de l'expansion et de l'approfondissement du christianisme dans leur domaine géographique. Les Eglises mieux établies d'Europe et d'Amérique du Nord doivent encore leur envoyer du personnel et les soutenir du point de vue financier. Mais, de plus en plus, elles découvrent qu'elles ne font pas que donner, mais qu'elles reçoivent également en abondance. La mission se réalise aujourd'hui dans un échange mondial entre 261-262 les différentes Eglises locales. Ces nouvelles formes de la mission correspondent au fait qu'à tous les niveaux, nous sommes aujourd'hui invités à des échanges réciproques à l'échelle mondiale. Les échanges économiques et technologiques ne suffisent pas à créer une famille humaine universelle. L'aide au développement, si nécessaire et urgente qu'elle soit, ne résout pas les questions du sens de la vie. Afin que les hommes de tous les peuples et de toutes les races deviennent amis, il faut une unité des coeurs dans la foi en un seul Dieu.
Le véritable fondement de la mission, c'est l'ordre que l'Eglise a reçu du Seigneur lui-même: "Allez donc, et de toutes les nations faites des disciples" (Mt 28,19; cf. Me 16,15). La mission n'est pas, dans l'Eglise, un élément adventice, et elle n'est pas réservée à des ordres religieux spécialisés. Tous les chrétiens sont appelés à rendre témoignage. L'Eglise est missionnaire par essence (cf. AG 2). Car la mission, c'est-à-dire l'envoi, a son origine en Dieu lui-même. Le Père envoie le Fils, celui-ci envoie le Saint-Esprit et, dans la force du Saint-Esprit, ses disciples se savent envoyés pour transmettre la lumière et l'amour de Dieu qu'ils ont reçus. La mission est à ce point fondamentale qu'on peut dire que l'Eglise naît de la mission et se réalise dans la mission.
Le but de la mission n'est pas l'exportation de la culture occidentale, ni l'expansion de l'Eglise telle qu'elle existe chez nous, mais "l'évangélisation et l'implantation de l'Eglise dans les peuples ou les groupes humains chez lesquels elle n'a pas encore été enracinée" (AG 6). Implantation veut dire ici que l'Eglise doit être profondément enracinée dans la culture et dans les coutumes de chaque peuple (cf. AG 15). Dans la mesure où la richesse de Jésus-Christ est accordée en partage à tous les peuples et où, inversement, l'Eglise fait siennes les richesses des peuples et de leurs cultures, l'Eglise et le monde tendent ensemble vers leur plénitude eschatologique. A ce sujet, le deuxième concile du Vatican enseigne que "l'activité missionnaire n'est rien d'autre et elle n'est rien de moins que la manifestation du dessein de Dieu, son épiphanie, sa réalisation dans le monde et son histoire, dans laquelle Dieu conduit clairement à son terme, au moyen de la mission, l'histoire du salut" (AG 9).
2.4. Eglise locale et Eglise universelle
L'Eglise vit dans l'espace et le temps. La mission qui lui a été donnée une fois pour toutes par Jésus-Christ, elle l'accomplit de manière différente à chaque époque de son histoire. Elle doit s'adapter également aux formes de vie, aux traditions, aux mentalités particulières des divers groupes sociaux dans lesquels elle pénètre. Ainsi l'unique Eglise catholique nous apparaît-elle concrètement sous la forme d'Eglises situées dans un lieu précis à un moment donné.
Quand le Nouveau Testament parle de l'Eglise, il s'agit tantôt de l'Eglise universelle, tantôt de l'Eglise locale à Jérusalem, à Corinthe, à Rome, etc. Saint Paul parle, par exemple, de "l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe" (l Co 1,2; 2 Co 1,1). Il veut dire par là que l'Eglise locale de Corinthe n'est pas seulement une partie ou une circonscription administrative de l'Eglise universelle; elle est l'Eglise de Dieu, concrètement présente à Corinthe. L'Eglise locale incarne l'Eglise universelle dans une situation historique particulière. Précisément parce que l’Eglise locale est la concrétisation de l'unique Eglise de Dieu en un lieu et à un moment donnés, elle ne peut pas exister isolément, mais seulement en communion avec toutes les autres Eglises locales. C'est pour assurer cette communion que l'apôtre Paul a lutté durant toute sa vie.
Dans les premiers temps, cette communion avait son centre dans la communauté primitive de Jérusalem. Plus tard, la prééminence passa à l'Eglise de Rome, qu'Ignace d'Antioche (vers 110) appelle déjà "celle qui préside dans la charité". L'unité de l'Eglise des premiers siècles se manifestait avant tout dans la communion des différentes Eglises locales. Celle-ci se réalisait dans le partage de la foi, dans l'admission réciproque à l'eucharistie, dans la prière, dans l'hospitalité fraternelle et dans la correspondance entre les évêques; les synodes ont été très tôt d'importants instruments et des formes d'expression privilégiées de la communion des Eglises. Au cours du second millénaire, après la rupture avec les Eglises d'Orient, une conception plus monolithique de l'unité s'imposa en Occident: les Eglises locales apparurent plus ou moins comme des parties de l'Eglise romaine. Le deuxième concile du Vatican (1962-1965) a repris et renouvelé l'idée de l'ancienne Eglise, celle de la communion des Eglises locales. Il a clairement déclaré que l'Eglise catholique une et unique n'existe que dans des Eglises locales et à partir d'elles (cf. LG 23). Le concile a défini les Eglises locales comme des Eglises particulières dans lesquelles "est vraiment présente et agissante l'Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique" (CD II).
"Cette Eglise du Christ est vraiment présente en tous les légitimes groupements locaux de fidèles qui, unis à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aussi le nom d'Eglises. Elles sont, en effet, chacune sur son territoire, le peuple nouveau appelé par Dieu... En elles, les fidèles sont rassemblés par la prédication de l'Evangile du Christ, le mystère de la Cène du Seigneur est célébré... Dans ces communautés, si petites et pauvres qu'elles puissent être souvent, ou dispersées, le Christ est présent, par la vertu duquel se constitue l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique" (LG 26).
Corrélativement, le concile, aussi bien dans la liturgie que dans toute la vie et toute la discipline de l'Eglise, a laissé plus d'espace à une diversité légitime au sein de l'unité de l'Eglise. Il a ainsi remis clairement en valeur la catholicité de l'Eglise (cf. SC 13; 278-279 37; LG 13; 24; AG 19). Par Eglise "particulière" ou "locale", le deuxième Vatican entend en règle générale l'Eglise dirigée par donc un diocèse (cf. CD II). Mais c'est normalement dirigée par un prêtre, qui constitue le milieu de vie un chrétien découvre de façon immédiate l'action du le Saint-Esprit. Le chrétien individuel, dans une société de plus en plus sécularisée, est instamment invité à rester fidèle à sa paroisse, s'il veut persévérer dans sa foi. C'est ainsi que le deuxième concile du Vatican parle de la communauté locale et dit que "celle-ci peut être digne de recevoir le nom qui désigne l'unique peuple de Dieu dans sa totalité: l'Eglise de Dieu" (LG 28; cf. SC 42). Le synode commun des diocèses d'Allemagne sur les ministères a décrit la paroisse de la manière suivante: "La paroisse est la communauté fondée par la parole et les sacrements, unie et dirigée par le ministère sacerdotal, appelée à la glorification de Dieu et au service des hommes, de ceux qui, en un lieu déterminé ou au sein d'un cercle déterminé de personnes, sont unis à l'Eglise universelle, croient en Jésus-Christ et attestent le salut donné par lui". De même que le diocèse, en tant qu'Eglise locale, ne peut exister qu'au sein de la communion de toute l'Eglise, la paroisse doit être en communion avec l'évêque et le diocèse. Par le baptême, nous devenons membres de l'unique Eglise catholique de tous les temps et de tous les lieux.
Au sens le plus large, l'Eglise du Christ se réalise partout où deux ou trois sont réunis au nom de Jésus (cf. Mt 18,20). La plus importante cellule d'Eglise, c'est le couple et le foyer chrétiens, que le deuxième concile du Vatican désigne expressément comme une sorte d'Eglise domestique (cf. LG II). A la construction et à la croissance de la paroisse et de l'Eglise concourent aussi de nombreux groupes, cercles, communautés domestiques, communautés de base, communautés religieuses, ainsi que d'autres unions et associations ecclésiales. Tous ces groupes contribuent à l'enracinement et à l'épanouissement de l'individu dans la paroisse et dans l'Eglise.
38 |