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AUMÔNERIE
Commentaire des lectures
liturgiques
Mars
Lundi 1er mars 2004
Lv 19, 1-2, 11-18 - Ps 19 -
Mt 25, 31-46
« Tu n’opprimeras
pas ton prochain » et pourtant, c’est ce que nous faisons
journellement dans notre relation à l’autre !
À chaque fois que nous décidons pour l’autre ou
que nous agissons "pour son bien", nous l’opprimons
car nous lui imposons notre pensée ou notre action (recherchant
pour nous-mêmes l’estime de soi), et déclarons ainsi
que l’autre agit et pense mal, ce qui est de la calomnie.
Pourtant Jésus demande de venir au secours du pauvre,
de celui qui souffre. Mais toute la différence est dans la pureté
du cœur que nous ne pouvons obtenir qu’en vivant en présence
de Jésus.
Ce n’est que dans cette vie d’intimité avec Jésus
que nous pourrons réprimander notre compagnon, car Jésus
vivant lui-même en nous réprimandera lui-même notre
compagnon. Ainsi, nous n’agirons ni par vengeance, ni par rancune,
ni par haine, mais par amour de l’autre car nous voudrons pour
l’autre ce que nous vivons avec Jésus : s’aimer soi-même.
Mardi 2 mars 2004
Es 55, 10-11 - Ps 34, 4
- Mt 6, 7-15
« Ceux qui désirent
accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l'esprit
et du corps doivent s'efforcer avant tout d'acquérir cette grâce
qui contient la somme des vertus et « couvre une multitude de
péchés » (1P 4,8). Sur le point donc de célébrer
le plus grand de tous les mystères, celui où le sang de
Jésus Christ a effacé nos iniquités, préparons
tout d'abord le sacrifice de la miséricorde.
Ce que la bonté de Dieu nous a donné, nous
le rendrons ainsi à ceux qui nous ont offensés. Que les
injures soient jetées dans l'oubli, que les fautes ignorent désormais
la torture et que toutes les offenses soient libérées
de la peur de la vengeance ! Que les maisons pénitentiaires ne
retiennent plus personne !… Si quelqu'un détient de tels
prisonniers…, qu'il sache bien que lui-même est pécheur
et, pour recevoir le pardon, qu'il se réjouisse d'avoir trouvé
à qui pardonner. Ainsi lorsque nous dirons, selon l'enseignement
du Seigneur : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons
aussi à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6,12),
nous ne douterons pas, en formulant notre prière, d'obtenir le
pardon de Dieu. » (Saint Léon le Grand)
Mercredi 3 mars 2004
Jon 3, 1-10 - Ps 51, 3
- Lc 11, 29-32
« Toute l'histoire
de Jonas nous le montre comme une figure parfaite du Sauveur... Jonas
descendit à Joppé pour monter sur un vaisseau à
destination de Tarsis… Le Seigneur est descendu du ciel sur la
terre, la divinité vers l'humanité ; la souveraine puissance
est descendue jusqu'à notre misère… pour s'embarquer
sur le navire de son Eglise…
C'est Jonas lui-même qui prend l'initiative de se
faire précipiter dans les flots : « Prenez-moi, dit-il,
jetez-moi à la mer ! » Il annonce ainsi la passion volontaire
du Seigneur. Quand le salut d'une multitude dépend de la mort
d'un seul, cette mort est entre les mains de cet homme qui peut librement
la retarder, ou au contraire la hâter, pour prévenir le
danger. Tout le mystère du Seigneur est ici préfiguré.
La mort n'est pas pour lui une nécessité, elle relève
de son libre choix. Écoutez-le : « J'ai le pouvoir de déposer
ma vie, et j'ai le pouvoir de la reprendre: on ne me l'ôte pas.
» (Jn 10,18) …
Voyez l'énorme poisson, image horrible et cruelle
de l'enfer. En dévorant le prophète, il sent la force
du Créateur… et avec crainte, offre le séjour de
ses entrailles à ce voyageur venu d'en haut… Après
trois jours... il le rend à la lumière, pour donner aux
païens celui qu'il avait soustrait aux juifs.
Tel est le signe, l'unique signe, que le Christ consentit
à donner aux juifs, afin de leur faire comprendre que la gloire
qu'eux-mêmes espéraient du Christ allait se tourner aussi
vers les Gentils... Les Ninivites sont la figure des nations qui ont
cru… Quel bonheur pour nous, mes frères ! Ce qui fut annoncé
et promis en figure, c'est face à face, en toute vérité,
que nous, nous le vénérons, nous le voyons, nous le possédons.
» (Saint Pierre Chrysologue)
Jeudi 4 mars 2004
Est 14, 1, 3-5, 12-14 - Ps 138,
1 - Mt 7, 7-12
Aujourd’hui Jésus
nous invite à la confiance en Dieu comme les enfants ont confiance
en leurs parents : « Si donc vous, qui êtes mauvais, savez
donner de bonnes choses à vos enfants… ».
Notre problème c’est que nous décidons nous-mêmes
de ce qui est bon pour nous. C’est comme si le Seigneur nous donnait
un chèque en blanc et que nous y inscrivions nous-mêmes
le chiffre qui nous convient.
Mais le Seigneur nous demande de lui remettre ce chèque afin
d’y inscrire lui-même le montant de nos besoins. Il faut
une réelle confiance pour laisser l’autre décider
de ce dont nous avons besoin, surtout si c’est Dieu car nous nous
méfions de Lui.
Et pourtant, lorsque nous nous abandonnons à lui,
il nous donne toujours ce dont nous avons besoin pour accomplir, sans
problèmes, Sa volonté. Accomplissant continuellement Sa
volonté, nous ne manquons de rien !
Vendredi 5 mars 2004
Ez 18, 21-28 - Ps 130, 1 - Mt
5, 20-26
« Si votre justice
ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens… »
Le mot justice fait penser au mot jugement. Comment peut-on juger le
péché d’un homme et l’aimer en même
temps ? En faisant comme Jésus, en nous substituant à
cet homme devant Dieu, en offrant notre vie à Dieu (c’est-à-dire
en s’abandonnant à Dieu) pour le pardon de nos péchés
et des péchés de l’autre car « l’amour
couvre une multitude de péchés ».
« Le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis
» (Jn 10, 11). Ce rôle n’est pas réservé
qu’à Jésus. Chacun de nous est invité à
devenir un bon berger pour ceux qu’il aime car « Il n'y
a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »
(Jn 15, 13).
Demeurant ainsi en Jésus, Christ demeure en nous
et il réitère en nous son offrande à son Père
: « Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait
le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes » (2 Co
5, 19)
Samedi 6 mars 2004
Dt 26, 16-19 - Ps 119, 1
- Mt 5, 43-48
« Quelle grande
patience que celle de Dieu !… Il fait naître le jour et
se lever la lumière du soleil à la fois sur les bons et
sur les méchants ; il arrose la terre de ses pluies, et personne
n'est exclu de ses bienfaits, si bien que l'eau est accordée
indistinctement aux justes et aux injustes. Nous le voyons agir avec
une égale patience envers les coupables et les innocents, les
fidèles et les impies, ceux qui rendent grâce et les ingrats.
Pour eux tous, les temps obéissent aux ordres de Dieu, les éléments
se mettent à leur service, les vents soufflent, les sources jaillissent,
les moissons croissent en abondance, le raisin mûrit, les arbres
regorgent de fruits, les forêts verdissent et les prés
se couvrent de fleurs… Bien qu'il ait le pouvoir de la vengeance,
il préfère patienter longtemps et il attend et diffère
avec bonté pour que, s'il était possible, la malice s'atténue
avec le temps et que l'homme… se tourne enfin vers Dieu, selon
ce qu'il nous dit lui-même en ces termes : « Je ne veux
pas la mort de celui qui meurt, mais plutôt qu'il revienne à
moi et vive » (Éz 33,11). Et encore : « Revenez à
moi, revenez au Seigneur votre Dieu, car il est miséricordieux,
bon, patient et très compatissant » (Jl 2,13)...
Or Jésus nous dit : « Soyez parfaits comme
votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Par
ces paroles il nous montre que, fils de Dieu et régénérés
par une céleste naissance, nous atteignons le sommet de la perfection
lorsque la patience de Dieu le Père demeure en nous et que la
ressemblance divine, perdue par le péché d'Adam, se manifeste
et brille dans nos actes. Quelle gloire de ressembler à Dieu,
quel grand bonheur que d'avoir cette vertu digne des louanges divines
! » (Saint Cyprien)
Dimanche 7 mars
2004
2e dimanche de Carême
Gn 15, 5-12, 17-18 -
Ps 26, 1 - Ph 3,17-4,1
- Lc 9, 28b-36
Jésus
vient d’annoncer ses souffrances et sa mort, puis d’inviter
celui qui veut le suivre à passer là où
il va passer pour rejoindre son Père. L’Evangile
de Luc mentionne « qu’environ huit jours après
» Jésus est transfiguré. Le chiffre «
huit » dans la Bible évoque l’apparition
d’un jour nouveau introduit par la Résurrection.
Ainsi, ce que les hommes refusent au Fils de l’homme ou
à son disciple, le Seigneur le transfigure et le glorifie
en le justifiant : « Celui-ci est mon Fils, celui que
j'ai choisi, écoutez-le ». Car, si l’homme
en vient à tuer Dieu ou à le rejeter de sa vie,
c’est qu’il n’écoute ni Dieu, ni sa
Parole faite chair, ni le Saint Esprit qui veut le conduire
à la croix, seul lieu de réel repentir et d’humilité.
Il est plus facile de dire "le Seigneur ne
me parle pas" que de passer du temps devant Lui et de L’écouter.
La première attitude est la voie large de la perdition,
la seconde c’est la porte étroite qui mène
au bonheur.
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Lundi 8 mars 2004
Dn 9, 4-10 - Ps 78, 5
- Lc 6, 36-38
Le texte de Daniel montre
toutes les fautes des hommes et pourquoi ils vivent dans le malheur
: « nous avons péché, nous avons commis l'iniquité,
nous avons fait le mal, nous avons été rebelles, nous
nous sommes détournés de tes commandements et de tes préceptes.
Nous n'avons pas écouté tes serviteurs les prophètes,
qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos chefs,
à nos pères, à tout le peuple du pays. »
Le texte de Luc montre que celui qui sème le vent
récolte la tempête : « car la mesure dont vous vous
servez pour les autres servira aussi pour vous ». Les fautes que
nous considérons comme "vent" envers les autres, nous
paraissent "tempête" lorsqu’elles se retournent
contre nous. Et nous disons : "Qu’est-ce que j’ai fait
au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ?", alors que
nous ne nous sommes pas soucié de Dieu lorsque nous avons agi.
Nous le rendons responsables de nos malheurs, alors qu’ils sont
le résultat de notre conduite, mais nous ne le remercions jamais
de cette vie qu’il nous accorde sur terre, ni des bienfaits dont
il nous gave.
Alors, pour sortir du malheur, l’homme ne peut que
laisser le Saint Esprit le rendre semblable à Dieu : «
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas,
et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et vous recevrez. »
Mardi 9 mars 2004
Es 1, 10, 16-20 - Ps 50, 7-8, 13-14, 16-17, 21, 23
- Mt 23, 1-12
« "Qui s’humilie sera élevé, et qui s’élève
sera abaissé" (Mt 23,12)... Imitons le Seigneur qui descendit
du ciel jusqu’au dernier abaissement, et qui, en retour, fut élevé
du dernier rang jusqu’à la hauteur qui lui convenait. Découvrons
tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l’humilité.
Petit bébé, le voici déjà dans une grotte,
couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la
maison d’un artisan et d’une mère sans ressources,
il est soumis à sa mère et à son époux.
Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n’avait nul
besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations,
on s’étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean,
et le Maître reçoit de son serviteur le baptême.
Jamais il ne résista à ceux qui se dressaient contre lui,
et ne fit pas preuve de sa puissance invincible pour se libérer
des mains qui l’enchaînaient, mais il se laissa faire, comme
impuissant, et dans la mesure où il le jugea bon, il donna prise
sur lui à un pouvoir éphémère. Il comparut
devant le grand prêtre en qualité d’accusé
; conduit devant le gouverneur, il se soumit à son jugement,
et alors qu’il pouvait répondre aux calomniateurs, il subit
en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et
de vulgaires valets, il fut enfin livré à la mort, à
une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment se déroula
sa vie d’homme depuis sa naissance jusqu’à sa fin.
Mais après un tel abaissement, il fit éclater sa gloire…
Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle.
» (Saint Basile)
Mercredi 10 mars 2004
Jr 18, 18-20 - Ps 31, 5-6, 14-16 - Mt 20, 17-28
A l’exemple de Jésus, nous-mêmes,
fils de l’homme, nous sommes invités à servir et
donner notre vie en rançon pour ceux que nous aimons. Et ceux
que nous aimons peuvent être nos ennemis puisqu’en disciples
de Jésus nous aimons nos ennemis. C’est ce que vit Jérémie.
Bien que les ennemis de Jérémie veulent sa mort, il les
aime car il se tient en présence de Dieu pour que le Seigneur
détourne d’eux sa colère. Il s’offre en rançon
pour que ceux qu’il aime soient sauvés.
Qu’est-ce qu’une rançon ? D’après le
dictionnaire c’est une somme d’argent que l’on donne
en échange de la liberté d’une personne captive,
et au sens figuré c’est la contrepartie pénible
d’une chose agréable.
Voir les autres s’aimer eux-mêmes est chose agréable
qu’on ne peut obtenir qu’en sacrifiant sa réputation
et son temps à Dieu, ce qui est la contrepartie pénible.
Mais quand on voit combien notre ennemi est captif de ses préjugés,
de ses principes ou de sa haine, à l’instar de Jésus,
on peut accepter cette souffrance devant Dieu car nous savons qu’il
la porte avec nous.
Nous ne sommes peut-être pas une somme d’argent, mais nous
sommes cet or que le Seigneur a purifié.
Mais, à qui va cette rançon ? Normalement, elle va au
kidnappeur, ce qui l’oblige à rendre l’otage. Satan
a kidnappé le cœur et les pensées de l’homme
et a réclamé à Dieu son Fils en rançon pour
la multitude. Dieu et Jésus ont accepté de payer cette
rançon. Mais Satan étant le père du mensonge, il
refusa de rendre à Dieu le cœur et les pensées de
l’homme lorsqu’après sa mort, Jésus descendit
aux enfers en rançon pour la libération de l’homme.
Satan voulant garder les deux, le Père ressuscita son Fils. L'homme
est ainsi encore prisonnier de Satan, mais il sait que le Fils de Dieu,
Jésus, s'est offert en sacrifice pour lui, et que, s'il croit
en Lui, il a maintenant la vie éternelle.
Nous n'avons plus besoin de l'affranchissement de Satan, c'est Jésus
qui nous affranchit. "si c'est le Fils qui vous affranchit, vous
serez réellement des hommes libres" (Jn 8, 36). L'affranchissement
que Jésus nous apporte est l'affranchissement du péché
: "Mais maintenant, étant affranchis du péché
et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté
et pour fin la vie éternelle." (Rm 6, 22).
Mais pour sortir de l'esclavage du péché, il faut devenir
esclave de Dieu, faire Sa volonté. Nous entrons ainsi dans la
sainteté et recevons la vie éternelle.
Jeudi 11 mars 2004
Jr 17, 5-10 - Ps 1 - Lc 16, 19-31
Lazare n’indique pas spécialement
un nom propre, mais une catégorie d’hommes qui se laissent
dépouiller de leurs péchés par le Seigneur et se
confient en Dieu, Eléazar signifiant « Dieu me soit en
aide ».
Cette parabole fait penser aux béatitudes : Malheureux les riches,
heureux les pauvres. Car ce Lazare est pauvre en Dieu, il a besoin de
Dieu pour vivre, comme Job qui ne se départissait pas de la vue
de la bonté de Dieu dans ce qu'il vivait. Or, il n'avait que
les chiens pour seule compagnie, c'est-à-dire le mépris.
En effet, dans la Bible, le chien est un animal méprisable. Ce
Lazare vivait ce qu'on lit en Qohéleth 9, 16 : "Mieux vaut
la sagesse que la puissance, mais la sagesse de l'indigent est méprisée
et ses paroles ne sont pas écoutées."
Quel antagonisme : le pauvre mourut
et les anges l'emportèrent
le riche mourut et on l'enterra.
Le riche, ayant vécu des biens de la terre, retourne à
la terre.
Le pauvre, ayant vécu des biens du ciel, est emporté au
ciel !
De son vivant, le riche ne voyait pas le pauvre, il était aveuglé
par ses richesses.
Maintenant, il est à la torture et regarde autour de lui pour
chercher du secours. L'optique de sa vie a changé, il n'est plus
celui qui a tout, il est celui qui quémande un peu d'amour, bien
qu'on ne peut plus recevoir dans la mort ce qu’on n’a pas
trouvé de son vivant. Lazare avait quémandé de
l'amour de son vivant, il avait reçu celui des chiens, les tourments
du mépris des religieux, mais pas celui des profanes (Jésus
parle toujours de religieux à religieux. Quand il parle des païens,
il emploie le mot chien pour désigner la Syro-Phénicienne).
Jésus parle ici de l'urgence
de la conversion. C'est pendant notre séjour sur terre qu'il
nous est donné d'aimer ou de ne pas aimer, de choisir Jésus
comme Sauveur et Seigneur, ou de le haïr. Le choix que nous faisons
sur terre est éternel !
Etre séparé de Dieu est un supplice. Voir Dieu et ne pas
pouvoir aller vers lui, vers le Bonheur, fait souffrir comme brûler
dans les flammes de l'enfer.
Rien ne sert de dire que nous n'avons pas eu l'occasion de nous convertir
durant notre vie terrestre, car Dieu nous a donné sa Parole et
son Fils. Il nous appartient de les écouter. Même si nous
sommes convertis, si nous ne lisons pas la Parole de Dieu tous les jours,
si nous ne l'écoutons pas (le verbe écouter sous-tend
la notion d'entendre et d'obéir), nous n'entrerons pas dans le
Royaume de Dieu.
La foi ne vient pas du fait de voir un miracle, sinon, les contemporains
de Jésus auraient tous cru. Seul Jésus peut donner la
foi, Sa foi, à qui s'approche de lui, car Jésus est ce
Lazare qui attend de se rassasier de notre amour.
Vendredi 12 mars 2004
Gn 37, 3…28 - Ps 105, 4-6, 16-21 - Mt 21, 33-46
Aquarelle réalisée par le Père
Edouard Stevens, lorsqu'il était curé de Glabais en Belgique
Lorsque nous contemplons la vigne,
nous voyons l’œuvre de Dieu pour les hommes, lorsque nous
regardons en-dehors de la vigne, nous voyons l’œuvre des
hommes envers Dieu, qu’ils soient Juifs, Chrétiens, Musulmans
ou Athées. Que le Père nous pardonne !
Samedi 13 mars 2004
Mi 7, 14-15, 18-20 - Ps 103, 1-4, 9-12 - Lc 15, 1-3,
11-32
« Comme il était encore loin, son père
l’aperçut et fut saisi de pitié ».
Comment le père put-il apercevoir
son fils alors que son retour n’était pas encore visible
à ses yeux d’homme ? Par l’amour que le père
portait à son fils. Le fils aîné ne "vit"
pas revenir son frère, aussi il fut surpris.
Avec les yeux du cœur le regard porte loin. Nous pouvons dire que
nous voyons avec les yeux du cœur lorsque, voyant le péché
ou la misère de l’autre, nous ne jugeons pas mais sommes
pris de compassion. Un homme ne peut être pris de compassion pour
un autre homme que si, lui-même, il se reconnaît pécheur,
donc égal à l’autre. La misère de l’autre
lui montre sa propre misère, et il peut donc implorer Dieu, et
pour lui, et pour l’autre (souffrir avec).
Le fils aîné ne pouvait pas souffrir avec son frère
puisqu’il se considérait comme supérieur à
lui, comme vertueux. Il ne pouvait donc pas implorer le pardon de son
père ni pour lui, ni pour son frère, et ne put ni pardonner
à son frère sa débauche, ni à son père
sa bonté. Il ne voyait plus le bien puisqu’il jugeait le
mal qu’il voyait en l’autre et qui, pourtant, ne pouvait
être visible par lui que parce que le mal l’habitait aussi.
Ainsi, la « vie » de son frère lui importait peu
puisque pour lui il était « mort », rayé de
sa vie, et il ne voulait surtout pas que la « vie » de ce
frère soit cause de réjouissance pour lui, car cela signifiait
qu’il lui pardonnait et que la famille pouvait être ré-unifiée.
Il préférait que les choses restent ce qu’elles
étaient : un bon et un mauvais sous le même toit, et continuer
à faire des comparaisons pour se glorifier lui-même.
Cette attitude n’est-elle pas la nôtre régulièrement
?
Dimanche 14 mars
2004
3e dimanche de Carême
Ex 3, 1…15 - Ps 103, 1-4, 6-8, 11 -
1 Co 10, 1-6, 10-12 - Lc 13, 1-9
Le
texte de Paul nous fait prendre conscience que même si,
comme les Hébreux sortis d’Egypte avec l’aide
de leur chef spirituel Moïse qui leur transmettait les
messages de Dieu, nous vivons nous aussi par l’intermédiaire
d’un chef spirituel, nous pouvons « mourir »
au désert. Par leur chef spirituel les Hébreux
avaient bénéficié de la protection de Dieu
qui les avait fait sortir de l’esclavage, ils avaient
été baptisés dans l’eau et dans l’esprit,
ils ont tous reçu le pain de vie, ils ont bu à
la même source, Christ, et pourtant ils sont tombés
au désert. L’épreuve les a fait tomber là
où ils devaient mettre personnellement leur confiance
en ce Dieu qui les a tant aimés et comblés.
C’est souvent parce que nous comptons sur les mérites
de l’autre, et ainsi refusons notre propre engagement,
que nous tombons devant l’épreuve de confiance
par laquelle le Seigneur nous teste. Personne ne peux décider
à notre place de marcher dans la confiance en Dieu, non
par des efforts de confiance, mais par l’abandon à
sa divine volonté. Lui seul sait ce qui est bon pour
nous, alors, acceptons qu’il nous le donne !
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Lundi 15 mars 2004
2 R 5, 1-15a - Ps 42, 2-3 et 43, 3-4 - Lc 4, 24-30
« La mise en scène de Luc donne le ton
à l'ensemble de la prédication de Jésus. Ce qui
survient à l'échelle locale, à Nazareth, se répétera
à l'échelle nationale. Les autorités de Jérusalem,
bientôt suivies par la population, s'en prendront au Christ et
chercheront à l'éliminer. Autrement dit, ce qui devrait
constituer un terrain propice à accueillir la parole de Dieu
se révèle au contraire réfractaire à l'annonce
du salut. Originaire de Nazareth, Jésus était en droit
de s'attendre à trouver une oreille favorable. Il n'en fut rien.
Se tournant vers Jérusalem, la ville sainte, Jésus pouvait
espérer rallier les cœurs de ses citoyens. Il a plutôt
connu humiliation et torture.
L'annonce du Règne ne va donc pas de soi. Rien n'est gagné
d'avance. Le terrain propice à laisser germer la Parole n'est
pas toujours celui qu'on s'imaginait. Jésus en donne deux exemples
: une étrangère, la veuve de Sarepta accueille le prophète
Élie; Élisée guérit de sa lèpre un
autre étranger, Naaman. Ailleurs, il mentionne la ville de Ninive,
que Jonas, à son corps défendant, a réussi à
convertir (Luc 11, 19-35). La Parole de Dieu trouve parfois un ancrage
là où on s'y attendrait le moins. Et il arrive que les
milieux qu'on croirait les mieux disposés se révèlent
absolument réfractaires. L'amour de la Parole a ses risques.
» (Jean Grou)
Mardi 16 mars 2004
Dn 3, 25, 34-43 - Ps 25, 4-10, 14 - Mt 18 , 21-35
Un pasteur noir vivant en Afrique
du Sud ne cessait de dire : "Nous ne devons haïr personne
parce que Jésus nous aime tous". On lui répondait
: "Toi qui es noir, tu voudrais alors qu’on aime aussi les
blancs ?"
Un soir, on le battit à mort. Quelques années
plus tard, son épouse témoignait de son épreuve.
Un homme s’avança vers elle. Il paraissait tourmenté,
il hésitait. "J’ai besoin de pardon, dit-il, je faisais
partie de ceux qui ont tué votre mari".
« Effrayée, je me mis à trembler, raconte
la veuve. Que devais-je faire ? Je priai et j’ouvris les bras
en disant "Je te pardonne comme Jésus m’a pardonné.
Maintenant, tu es mon frère". »
« Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa
partir et lui remit sa dette. »
Mercredi 17 mars 2004
Dt 4, 1, 5-9 - Ps 147, 12-13, 15-16, 19-20 - Mt 5,
17-19
Qu’est-ce qu’accomplir la loi ? C’est
la vivre !
Jésus a vécu chaque lettre de la Loi et des Prophètes,
aucune ne lui a été épargnée, il a tout
accompli !
Nous sommes donc invités à vivre chaque lettre de la Loi
et des Prophètes, sans rejeter aucun petit commandement qui nous
paraît désagréable à vivre, sinon nous serons
déclarés petit dans le Royaume des cieux, celui qui ne
va pas jusqu’au bout de sa tâche, et ne grandirions pas
à la ressemblance de Jésus.
Pourquoi avoir peur de ce chemin puisque les commandements de Dieu sont
notre sagesse et notre intelligence aux yeux des peuples ? Pourquoi
avoir peur de perdre sa vie – sa propre volonté –
alors que Jésus est la Vie ? C’est qu’il nous manque
la confiance en Celui qui nous aime.
Sans abandon à Dieu, pas de confiance en Dieu ! Et nous continuons
à vivre selon notre propre volonté, ne confiant notre
vie qu’à nous-mêmes. Voulant être notre propre
Dieu, nous prenons la place de Dieu dans notre vie. Et nous sommes sourds
à l’enseignement de Dieu, et aveugles à Sa présence
dans notre vie.
Jeudi 18 mars 2004
Jr 7, 23-28 - Ps 95, 1-2, 6-9 - Lc 11, 14-23
Lorsqu’un homme fait, par amour,
ce que nous ne savons pas faire parce que nous refusons de vivre de
cet amour, alors nous l’appelons Démon.
Se justifier de la sorte de son entêtement à
refuser Jésus dans son cœur n’apporte pas la paix
ni la joie, et nous restons nous-mêmes sous le pouvoir de Satan.
En fait, le nom que nous donnons à l’autre est notre propre
nom !
Nous dispersons les hommes, nous les montons les uns contre les autres
parce que nous avons peur de nous soumettre à cet Amour présent
en celui qui s’est abandonné à Dieu. Tant que nous
ne décidons pas d’être avec Jésus, envers
et contre tout, nous l’exécutons continuellement, et nous
nous privons de la résurrection à laquelle il nous appelle,
de ce nouveau cœur et de ce nouvel esprit qu’il veut mettre
en nous.
Vendredi 19 mars 2004
Solennité de saint Joseph, époux de
la Vierge Marie
2 S 7, 4…16 - Ps 89, 2-5, 27-28 - Rm 4, 13, 16-18,
22 - Lc 2, 41-51a
Dans le texte de Luc, Joseph est invité à
apprendre à se désapproprier de ses affections terrestres,
de son autorité parentale puisque maintenant son enfant est majeur
spirituellement.
Il est du devoir du père d’initier son enfant dans la foi,
mais lorsque celui-ci atteint sa majorité, il devient responsable
de sa propre vie et le père ne peut plus que le remettre à
Dieu et faire confiance et à l’un qui a reçu dans
son enfance les bases de la vie en Dieu, et à l’autre qui
ne perd jamais celui qui lui est confié.
L’enfant reste soumis à ses parents jusqu’à
la majorité civile, mais les parents ne sont là que pour
lui assurer les besoins qu’il ne peut s’octroyer lui-même
et l’aider à prendre sa vie en charge et à la gérer
en fonction des bases qu’il a reçues. Reconnaissons qu’à
partir de la Cinquième (vers l’âge de douze ans)
notre enfant nous échappe !
Samedi 20 mars 2004
Os 6, 1-6 - Ps 51, 3-4, 18-21 - Lc 18, 9-14
« La justice pharisienne est plus
commune qu'on ne s'imagine. Le premier défaut de cette justice
consistait en ce que le pharisien la mettait toute dans les œuvres,
s'attachant superstitieusement à la rigueur de la lettre de la
loi, pour l'observer de point en point, sans en chercher l'esprit. Voilà
précisément ce que font tant de chrétiens. On jeûne,
on donne l'aumône, on fréquente les sacrements, on va à
l'office de l'église, on prie même, sans amour pour Dieu,
sans détachement du monde, sans charité, sans humilité,
sans renoncement à soi-même : on est content, pourvu qu'on
ait devant soi un certain nombre de bonnes œuvres régulièrement
faites. C'est être pharisien…
Suivons Dieu par la route obscure de la pure foi ; perdons
de vue tout ce qu'il voudra nous cacher ; marchons, comme Abraham, sans
savoir où tendent nos pas ; ne comptons que sur notre misère
et sur la miséricorde de Dieu. » (Fénelon)
Dimanche 21 mars
2004
4e Dimanche de Carême
Jos 5, 10-12 - Ps 34, 2-7 - 2 Co 5, 17-21
- Lc 15, 1-3, 11-32
On
pourrait appliquer le texte d’Evangile d’aujourd’hui
comme suite à celui de la fête de Saint Joseph.
Un père qui laisse aller son enfant à gérer
sa propre vie, souffre de le voir partir, mais cette souffrance
est amour. Il aura connaissance que son fils (ou sa fille) se
fourvoie hors des normes qu’il lui a inculquées,
et souffrira encore en voyant qu’il (ou elle) prend pour
bonheur son malheur. Mais, restant retiré de sa vie,
il a l’espoir qu’un jour son enfant revienne vers
lui, lorsqu’il se rendra compte qu’il reçoit
amour et sécurité chez son père et que
ceux qu’il (ou elle) considérait comme ses amis
l’ont lâché parce qu’ils n’avaient
plus aucun gain à retirer de lui. En fait, l’amitié
est liée aux biens. Dès que les biens disparaissent,
l’amitié fond avec eux puisqu’elle était
basée sur le profit, et non sur le don qui est amour.
Le père qui veut continuer à gérer
la vie de son enfant se trouve un jour confronté à
l’opposition inconditionnelle de celui-ci. Voulant le
garder pour lui, le père conduit son enfant à
s’exclure de sa famille (Le fils aîné dira
: tu n’es plus mon père puisque tu pardonnes à
ton fils qui n’est plus mon frère). Même
si nous croyons imposer notre volonté à l’enfant
par amour, "pour son bien", ce n’est pas l’amour
qui nous régit car l’amour rend libre.
Dans la parabole du fils prodigue ce n’est pas le père
qui a voulu gérer la vie de son fils, mais le fils qui
s’est imposé obéissance par devoir et non
par amour. Aussi, il n’a pas vu son héritage :
il possédait autant que son père et tout ce que
lui offrait le père n’était pas reçu
par lui. Il voulait avoir bonne conscience en refusant tout
ce que son père lui proposait, il ne voulait rien devoir
à personne, il faisait lui aussi sa propre volonté,
mais de façon vertueuse aux yeux des autres.
L’un a gaspillé son héritage,
l’autre ne l’a pas reçu. Mais l’un
est repentant, l’autre endurci à la manière
des Pharisiens qui n’ont pas voulu suivre Jésus.
S’ériger en justicier éloigne plus de Dieu
que le péché car nous prenons la place de Dieu
dans la vie des autres. Celui qui atteint le fond de son péché
peut toujours se tourner vers le Père pour lui demander
pardon, celui qui croit faire œuvre de justice ne voit
pas qu’il doit aussi être pardonné, ou ne
veut pas le voir pour garder bonne conscience, mais prenant
la place de Dieu, il n’aime pas Dieu et ne peut donc se
soumettre à lui.
Une parabole continue celle-ci : « "Un homme avait
deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon
enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais
ensuite, s'étant repenti, il y alla. Abordant le second,
le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit
: ‘Oui, Seigneur !’ et il n'y alla pas. Lequel des
deux a fait la volonté du père ?" Ils lui
répondent : "Le premier".
Jésus leur dit : "Amen, je vous le déclare
: les publicains et les prostituées vous précèdent
dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à
vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à
sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées
y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela,
vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa
parole." » (Mt 21, 28-32)
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Lundi 22 mars 2004
Es 65, 17-21 - Ps 30, 2-6, 9, 12-13 - Jn 4, 43-54
D’après la réponse de Jésus
on peut penser que le fonctionnaire royal est Juif et qu’il faisait
partie de ceux qui réclamaient des signes à Jésus.
Or, maintenant, ce fonctionnaire a un fils malade et son argent et le
savoir des hommes n’ont pu le guérir. Aussi, c’est
rempli d’humilité qu’il vient s’adresser à
Jésus. Jésus ne peut que faire prendre conscience aux
hommes que leur attitude de suspicion et de rejet de Dieu lorsque tout
va bien se transforme en demande lorsqu’ils n’ont trouvé
aucun recours auprès de leurs semblables et par leurs biens matériels.
Dans ce cas, Jésus exauce mais ne se donne pas en spectacle,
il réclame la foi de celui qui demande.
Sans cette foi en la parole de Dieu faite chair, le fonctionnaire n’aurait
pas obtenu la guérison de son fils. Il n’a plus importuné
Jésus, l’a cru, et est reparti chez lui voir le signe promis,
comme Marie partit rendre visite à Elisabeth pour voir le signe
promis. Alors, c’est la joie de la foi.
Dans le premier signe de Cana, l’obéissance des serviteurs
avait permis à Jésus de réjouir les cœurs.
Dans le second signe de Cana, la foi de l’homme en Dieu le conduit
à obtenir la vie pour ceux qu’il aime.
Mardi 23 mars 2004
Ez 47, 1-9, 12 - Ps 46, 2-3, 5-6, 8-10 - Jn 5, 1-16
Lors de notre conversion, nous recevons
cette eau qui purifie les cœurs, mais dans un premier temps elle
nous arrive, si nous acceptons de la traverser, jusqu’aux chevilles.
Là, nous sommes invités à marcher, non plus avec
nos propres forces, mais à diriger nos pas selon la volonté
de Dieu. Notre volonté se soumettant de plus en plus à
la volonté de Dieu par l’obéissance, le Saint Esprit
envahira jusqu’à nos genoux, là où nous seront
invités à plier le genou devant Dieu, à reconnaître
Son autorité dans notre vie. Continuant notre marche avec l’Esprit,
nos reins seront atteints. Les reins, dans la Bible, sont le lieu de
la force vitale de l’homme, cette force de procréation
qu’il peut transmettre à d’autres. A ce moment-là,
la mission commence : « Allez dans le monde entier, de tous les
peuples faites des disciples ». Cela ne veut pas dire que nous
quitterons notre résidence habituelle puisque sainte Thérèse
de Lisieux, patronne des missions, resta dans son couvent. Mais le message
inscrit dans notre cœur atteindra le monde entier, par la force
du Saint Esprit.
Ainsi envahi par l’Esprit Saint, notre corps, notre
esprit et notre cœur, se laissent porter par son flot. Nous ne
décidons plus rien de nous-mêmes et c’est alors que,
comme les apôtres, nous guérissons sur notre passage. Celui
qui accepte de s’abreuver au message de Dieu que nous lui donnons
reprend vie car ce message sera pour lui nourriture et remède.
Mercredi 24 mars 2004
Es 49, 8-15 - Ps 145, 8-9, 13-14, 17-18 - Jn 5, 17-30
« Le jour du sabbat,
il était enjoint à tous, sans exception, de ne faire aucun
travail et de se reposer dans l'inactivité. Comment donc le Seigneur
a-t-il pu rompre le sabbat ... ? En vérité, grandes sont
les oeuvres de Dieu : il tient en mains le ciel, fournit la lumière
au soleil et aux autres astres, donne la croissance aux plantes de la
terre, maintient l'homme en vie... Oui, tout existe et demeure au ciel
et sur terre par la volonté de Dieu le Père ; tout vient
de Dieu et tout existe par le Fils. Il est en effet la tête et
le principe de tout. En lui tout a été fait. Et c'est
de la plénitude contenue en lui que, selon l'initiative de son
éternelle puissance, il a ensuite créé chaque chose.
Or, si le Christ agit en tout, c'est nécessairement
par l'action de Celui qui agit dans le Christ. Et c'est pourquoi il
dit : « Mon Père travaille chaque jour et moi aussi je
travaille » (Jn 5,17). Car tout ce que fait le Christ, Fils de
Dieu habité par Dieu le Père, est l’œuvre du
Père. Ainsi chaque jour tout est créé par le Fils,
car le Père fait tout dans le Fils. Donc l'action du Christ est
de tous les jours ; et, à mon avis, les principes de la vie,
les formes des corps, le développement et la croissance des vivants
manifestent cette action. » (Saint Hilaire)
Jeudi 25 mars 2004
Annonciation du Seigneur
Es 7, 10-14 ; 8, 10 - Ps 40, 7-11 - He 10, 4-10 - Lc
1, 26-38
« Adam avait escaladé
la montagne de la superbe ; le Fils de Dieu a voulu descendre dans la
vallée de l'humilité. Il a trouvé une vallée
où descendre. Où se trouve-t-elle ? Non pas en toi, Ève,
mère de notre malheur, non pas en toi -- mais en la bienheureuse
Marie. Elle est bien cette vallée d'Hébron en raison de
son humilité et à cause de sa force. Elle est forte en
raison de sa participation à la force dont il est écrit
: « Le Seigneur est fort et puissant » (Ps 24,8). Elle est
cette femme vaillante qu'appelle de ses vœux Salomon : «
Une femme vaillante, qui la trouvera ? » (Pr 31,10).
Ève, bien que créée dans le paradis sans corruption
et sans souillure, sans infirmité ni douleur, s’est révélée
si faible, si infirme. « Qui trouvera donc la femme vaillante
? » Peut-on la trouver en cette terre de misère, alors
qu'on n’a pu la trouver en la béatitude du paradis ?...
Puisque donc une femme s'est avérée si faible au paradis,
qui pourrait trouver ici la femme vaillante ?
Aujourd'hui, Dieu le Père a trouvé cette femme
pour la sanctifier ; le Fils l'a trouvée pour l'habiter ; l'Esprit
Saint l'a trouvée pour l'illuminer... Et l'Ange l'a trouvée
pour la saluer ainsi : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur
est avec toi ». La voici, la femme vaillante, celle en qui la
pondération remplace la curiosité, en qui l'humilité
exclue toute vanité, en qui la virginité se tient libre
de toute volupté. » (Aelred de Rielvaux)
Vendredi 26 mars 2004
Sg 2, 1a, 12-22 - Ps 34, 17-21, 23 - Jn 7, 2, 10, 14,
25-30
“Il (le juste) se vante d’avoir
Dieu pour père.”
Dans l’Evangile de mercredi dernier (Jn 5, 17-30),
on voit que Jésus se faisait de plus en plus d’ennemis
parce qu’il disait que Dieu était son Père. Ainsi
en est-il du disciple lorsqu’il dit, comme Paul, « Soyez
mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ » (1
Co 11, 1).
Rien ne sert de juger les autres tant que nous ne nous sommes
pas laissés remplir par le Saint Esprit car à chaque fois
nous nous trompons, nous déclarons impie le juste et juste l’impie
parce que Jésus dit : « Si quelqu’un veut faire la
volonté de Dieu, il saura si cet enseignement vient de Dieu ou
si je parle de moi-même » (Jn 7, 17). Seul Jésus
présent en nous sait si l’autre parle selon Dieu ou de
lui-même, alors, laissons-nous habiter par Jésus et nous
ne ferons plus aucune erreur, même si les autres considèrent
que notre pensée est erronée.
Samedi 27 mars 2004
Jr 11, 18-20 - Ps 7 - Jn 7, 40-53
Les Pharisiens disent
aussi : « Imitez-nous ! Aucun de nous ne croit en lui (Jésus)
»
En quoi faut-il les imiter ? Dans le jugement et l’accusation
des autres ? : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé
égarer ? » Ou dans la dérision et la malédiction
d’autrui ? : « Quant à cette foule qui ne sait rien
de la Loi, ce sont des maudits ! » Ou encore dans la justification
de son propre savoir ? « Tu verras que jamais aucun prophète
ne surgit de Galilée ! »
Tout cela, l’homme naturel le fait sans qu’on
l’y pousse. Lorsque notre propre activité se résume
à gérer la vie et les pensées des autres, nous
devenons esclaves de nous-mêmes car nous nous privons de la Source
de vie qui est en nous, et ce que nous croyons être source de
vie (principes, préjugés) est en réalité
source de mort. Nous tuons l’autre en lui imposant nos propres
idées !
Dimanche
28 mars 2004
5e Dimanche de Carême
Es 43, 16-21 - Ps 126 - Ph 3, 8-14 - Jn 8,
1-11
Jésus
se baisse devant le péché. D’abord devant
le péché de la femme qui cherche le bonheur avec
les hommes plutôt que de le chercher auprès de
Dieu. Il se baisse à nouveau devant le péché
des « justiciers » qui pensent que leur moralité
est hautement supérieure à celle de la femme puisqu’elle
s’appuie sur la Loi.
Il y a dix jours nous avons lu : « Si c’est par
le doigt de Dieu que je chasse les démons, c’est
donc que le règne de Dieu est survenu pour vous »
(Lc 11, 20). Or, devant le péché, Jésus
s’abaisse pour écrire du doigt sur le sol du temple
de Jérusalem. La Loi avait été écrite
par le doigt de Dieu sur des tables de pierre, Jésus-Dieu
vient écrire une nouvelle loi sur le sol du temple de
Jérusalem. Il s’abaisse plus bas que l’homme
qui l’harangue pour l’écrire. C’est
la loi de l’Amour que l’homme ne peut pas connaître
tant qu’il se croit investi de pouvoirs envers ses frères
et qu’il croit avoir raison de se comporter ainsi.
L’humilité, base de l’amour,
n’est accessible à l’homme que s’il
accepte de se regarder lui-même, sans faux-semblant, tel
qu’il est. Se reconnaissant pécheur, il peut pardonner
à l’autre. Le péché de la femme a
permis à Jésus de voir nombre de conversions ce
jour-là puisque tous sont repartis sans juger celle qui
était miroir pour eux.
Quand l’homme pardonne, Dieu pardonne automatiquement
car Lui seul est pardon !
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Lundi 29 mars 2004
Dn 13, 42-62 - Ps 23 - Jn 8, 12-20
Il est grave de juger les autres
car ce jugement se retourne contre nous.
A accuser les autres d’adultères nous devenons adultères.
A accuser les autres de fous nous devenons fous, d’une folie certaine.
A force de maudire les autres nous sommes nous-mêmes maudits.
Ce que nous faisons subir aux autres, un jour nous le subissons
nous-mêmes. Alors, aimons-nous suffisamment pour ne pas désirer
ces retournements contre nous en ne les proférant pas contre
les autres.
Le jugement est ténèbres, le non-jugement
est lumière pour nous et pour les autres car nos paroles sont
porteuses de vie ou de mort. Nous écrasons la vie des autres
par notre jugement, mais nous nous écrasons nous-mêmes
car le jugement détruit celui qui le reçoit comme celui
qui le profère. Alors, faisons taire nos pensées qui prennent
naissance au vu des apparences, donc non conformes à la réalité.
La réalité de l’homme est dans son cœur et
nul autre homme ne peut la connaître. Accueillons le Seigneur
en nous ! Lui seul voyant les cœurs, nous ne jugerons plus, nous
aimerons.
Mardi 30 mars 2004
Nb 21, 4b-9 - Ps 102, 2-3, 16-21 - Jn
8, 21-30
« Sache et vois,
ô notre frère… qu'il y a beaucoup de serpents dans
le désert, qui mordent la multitude de tes pensées, c'est
à dire des injures, des médisances, des angoisses, des
murmures, des disputes, des calomnies qui sont lancées contre
toi… Mais si tu veux leur échapper, fais ce que faisaient
les Israélites… Ils regardaient le serpent d'airain que
Moïse avait dressé. Et quiconque le regardait était
guéri. Toi aussi, lorsque tu te vois mordu par un de ces serpents,
regarde Notre Seigneur Jésus Christ suspendu à la Croix…
Comment il te faut avoir les yeux fixés sur lui,
quand tu es mordu par les serpents, écoute-le en peu de mots
: quand tu es déshonoré, fixe les yeux sur lui. Lui aussi
a été déshonoré pour toi ; il a été
traité de démon et de Samaritain. Si donc on te méprise
et qu'on se moque de toi, fixe les yeux sur le Sauveur des créatures
: on le bafouait, on le giflait, on lui crachait au visage, on lui donnait
à boire du vinaigre et du fiel, on lui frappait la tête
avec un roseau.
Si tu es mordu par une pensée de vaine gloire, à
cause de la supériorité de tes services, souviens-toi
de la parole de Notre Seigneur qui a dit : « Quand vous aurez
fait tout ce qui vous est commandé, dites : Nous sommes des serviteurs
inutiles » (Lc 17, 10).
Si d'autre part ton frère est méprisé
à tes yeux à cause de sa faiblesse, fixe les yeux sur
celui qui manifestait davantage sa sollicitude aux pécheurs,
aux publicains et aux prostituées, pour les convertir à
sa connaissance, plutôt qu'aux justes qui n'avaient pas besoin
de conversion. Et aussi lorsque les passions naturelles et les démons
t'accablent, fixe les yeux sur lui, étendu sur la Croix…
Médite donc sans cesse en ton cœur sur ces choses,
et le venin des serpents s'évanouira de ton cœur. Car par
son crucifiement, Jésus est plus proche de toi que le serpent
d'airain ne l'était des Hébreux : car il habite ton cœur,
et dans les replis secrets de ton âme, resplendit la lumière
de son visage glorieux. » (Philoxène de Mabbourg)
Mercredi 31 mars 2004
Dn 3, 14-20, 91-92, 95 - Dn 3, 52-56 - Jn 8, 31-42
« Si vous pouvez
résister à toute tentation de compromis et à toute
menace à votre encontre, alors vous avez en vous “la foi
de la fournaise” ! Même devant une fournaise chauffée
7 fois plus que d’ordinaire, les 3 jeunes Hébreux refusèrent
tout compromis, concernant leur foi et leur comportement de tous les
jours. Ecoutez leurs paroles : “Nous n’avons pas besoin
de nous défendre là-dessus. Notre Dieu...peut nous délivrer
de la fournaise...et Il nous délivrera...Sinon, sache...que nous
ne servirons pas tes dieux..;” (Dan 3, 16-18). Sinon, même
s’il ne le fait pas : ces quelques mots nous font découvrir
un niveau supérieur de foi : ils savaient que Dieu pouvait les
délivrer, mais acceptaient Sa souveraineté. Ils préféraient
mourir plutôt que Le renier ! Dieu peut soit nous faire sortir
de l’épreuve, soit nous soutenir à travers elle,
mais que dire s’Il choisit de nous y laisser pendant une période
qui nous semble insupportable ?
Quelqu’un a dit
: “La foi de la fournaise c’est d’être sourd
face aux doutes, muet face au désespoir, aveugle face à
l’impossible. Ce genre de foi ne connaît que les succès.
Elle traverse les nuages les plus sombres pour rejoindre Celui qui a
tout pouvoir au ciel comme sur la terre. Elle transforme les circonstances
les plus difficiles et rend l’avenir tellement plus excitant.”
La raison en est que nous ne sommes pas seuls au milieu de la fournaise
: le roi lui-même s’est écrié : “Je
vois quatre hommes sans liens qui marchent au milieu du feu et qui n’ont
aucun mal.” (v.25) Vous saurez que votre foi est digne de la fournaise
le jour où vous vous sentirez aussi libre au coeur de la fournaise
de l’épreuve que lorsque vous en serez sorti ! Et quand
vos amis verront Jésus en vous, cela les convaincra davantage
que toutes vos paroles de foi ! » (Bob Gass)
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