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AUMÔNERIE

Commentaire des lectures liturgiques

Mai


Jeudi 1er Mai 2003
Ac 5, 27-33 - Ps 34, 2, 9, 17-20 - Jn 3, 31-36

  Malheur sur malheur pour les Apôtres, mais le Seigneur chaque fois les délivre. Pierre reçoit du Saint Esprit les paroles de sa défense. Même si, en apparence, elles ne sont pas reçues par ceux qui les entendent, elles sont dites à la face du monde, et la Parole de Dieu ne retourne pas à lui sans résultat, sans avoir exécuté ce qui lui plaît (Es 55, 11). L’Esprit est donné à Pierre parce qu’il obéit à Dieu, il ne regarde pas ses propres intérêts (qui seraient de filer doux devant l’adversité), sachant que la Parole de Dieu s’accomplira. C’est cela « marcher par la foi » : ne regarder qu’à Jésus sans regarder les apparences. Pierre avait déjà regardé les éléments se déchaîner autour de lui et avait coulé. Cette fois, il tient bon. Il obéit sans raisonner, sans murmurer. Ainsi, il est délivré de ses angoisses, et il reçoit la vie éternelle.


Vendredi 2 Mai 2003
Ac 5, 34-42 - Ps 27, 1, 4, 13-14 - Jn 6, 1-15

  Cette multiplication des pains rapportée par Jean remplace le récit de la Cène que Jean ne rapporte pas : « C’était peu avant la Pâque ». Et Jésus nous met à l’épreuve, il nous montre le besoin de l’homme : l’homme a besoin de nourriture spirituelle. Comment faire pour nourrir toute l’humanité ? Nous répondons : « Nous avons besoin de beaucoup d’argent pour évangéliser, baptiser, accompagner, instruire ». Mais l’homme peut offrir à Dieu le pain qu’il a fait de ses propres mains grâce au don qu’il a reçu de Dieu : une bonne récolte. Il peut offrir à Dieu le poisson, base de sa nourriture, qu’il a reçu de Dieu lors de la re-création, après le Déluge (Gn 9,3). Ainsi, de ce que nous offrons, le Seigneur en fait une nourriture universelle qu’il nous offre lorsque nous prenons du temps pour lui, lorsque nous nous asseyons devant lui. C’est ainsi qu’il nous fait reposer sur de verts pâturages, et qu’il nous ranime (Ps 23).


Samedi 3 mai 2003
Saints Philippe et Jacques, Apôtres

1 Co 15, 1-8 - Ps 19, 2-5 - Jn 14, 6-14

  Entrer en relation avec Jésus c’est entrer en relation avec le Père et l’Esprit de Jésus. Bien souvent nous voulons prendre un raccourci : aller directement au Père. Jésus nous rappelle : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Ainsi, lorsque nous voulons retourner vers le Père, revenir à notre état d’origine, avant la Chute, il nous faut accepter de vivre ce que Jésus a vécu sur terre. C’est ainsi que nous nous dépossédons de notre propre volonté pour ne plus faire que la volonté du Père, seule condition pour retrouver l’état premier de l’homme.
Comme Jésus, celui qui suit Jésus sera incompris, rejeté, trahi. C’est dans ces situations qu’il approfondit sa relation à Dieu, qu’il trouve sa force dans la compagnie de Jésus.
Ses œuvres seront celles que le Seigneur veut accomplir sur terre par lui, et non les œuvres qu’il voudrait faire pour Dieu. C’est ce changement de perspective qui nous est demandé : renoncer à œuvrer pour le Seigneur afin qu’il puisse œuvrer lui-même sur la terre à travers notre être, le seul endroit digne de devenir Son temple. L’acceptons-nous ? Le voulons-nous ? Y croyons-nous ?
  « Seigneur, donne-nous de croire afin que nous soyons Tes témoins. » (Les mots « témoin » et « martyr » ont la même racine).


Dimanche 4 mai 2003
3e dimanche de Pâques
Ac 3, 13-15, 17-19 - Ps 4, 2, 7, 9 - 1 Jn 2, 1-5a - Lc 24, 35-48

« Qui nous fera voir le bonheur ? »
Voici une histoire juive :
  Il y avait une fois un rabbin très sage, dont la vie était consacrée à l’étude, et chacun venait écouter les conseils qu’il dispensait libéralement. Un soir, pourtant, saisi de doute, il formula cette prière : « Yahvé, voilà bien des années que j’essaie de suivre ce que tu enseignes, et ai voulu user des talents que tu m’as donnés. Et pourtant, je ne sais où tout cela me mène : s’il te plaît, montre-moi, ne fût-ce qu’un instant, ton paradis. » Il dit, et fut saisi aussitôt d’un profond sommeil. Il rêva, et se vit dans son rêve, comme à l’accoutumée attablé à sa modeste table de bois blanc, à étudier la Torah qu’éclairait sa petite lampe. Puis, le songe s’effaça, et il s’éveilla. Mais le souvenir du songe lui restait bien présent à l’esprit. Etonné, il reprit sa prière : « Je ne comprends pas. Je t’avais demandé de me montrer le paradis, et je n’ai rien vu de tel, rien, vraiment, qui y ressemblât. » Alors, Dieu, tonnant : « Ingrat ! Ne vois-tu pas que je t’ai donné beaucoup plus que tu ne me demandais ? Tu m’avais demandé de te montrer l’homme dans le paradis, et je t’ai montré le paradis dans l’homme. »


Lundi 5 mai 2003
Ac 6, 8-15 - Ps 119, 23-24, 26-27, 29-30 - Jn 6, 22-29

  La foule est avide de Dieu, elle recherche Jésus et n’hésite pas à « traverser la mer », à aller sur l’autre rive pour retrouver Jésus. Ils avaient reçu le pain céleste et avaient été rassasiés. Jésus leur intime de continuer à marcher dans cette voie. Tout remplis d’amour pour Jésus, ils désirent travailler aux œuvres de Dieu. Jésus leur répond que la seule œuvre qui plaise à Dieu c’est la foi en Celui qui montre le chemin. Ayant choisi la voie de la fidélité, comme Etienne, l’Esprit Saint inspirera nos paroles. Même si ces paroles provoquent révolte et faux-témoignage en ceux qui les entendent, c’est l’Esprit qui leur donne sa puissance et qui révèle la réalité de notre cœur. Quelles que soient les conséquences, nous trouvons notre plaisir dans les exigences de Dieu car Dieu a toujours raison.


Mardi 6 mai 2003
Ac 7,51-8,1a - Ps 31, 3-4, 6, 8-9, 17, 20b - Jn 6, 30-35

  Qui pourrait entendre les paroles que Jésus dit dans le texte d’aujourd’hui dans la bouche d’un homme sans se révolter ou l’accuser de folie ? Et pourtant, ce que Jésus a fait sur terre, le disciple est appelé à le faire.
Etienne est l’image même du parfait disciple : il vit la même vie que son Maître. Il est rempli du Saint Esprit, il dénonce le mal, il est rejeté (entraîné hors de la ville), Jésus redit par sa bouche les mêmes paroles qu’il a prononcées sur la croix, et Etienne est glorifié par Dieu comme Jésus le fut par son Père. Mais ses paroles n’ont pas été vaines : un puissant adversaire va tomber : Saul.


Mercredi 7 mai 2003
Ac 8, 1b-8 - Ps 66, 1-7a - Jn 6, 35-40

  Qu’il est difficile de croire que Dieu nous aime, qu’il n’est pas comme les hommes et que lorsque nous allons à lui, il ne nous rejettera pas ! Combien de fois croyons-nous que Dieu agit comme l’homme : qu’il abandonne celui qui met sa confiance en lui ? Mais Jésus ne peut pas nous abandonner car il ne fait pas sa volonté d’homme, il fait la volonté de son Père. Ainsi, ils deviennent UN. Même volonté, même but, même œuvre, même amour de l’homme. A celui qui se confie en Dieu, « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). Tous les désagréments de la vie deviennent œuvre d’évangélisation pour Dieu. La dispersion de l’Eglise devient évangélisation du Bassin méditerranéen car l’Esprit de Jésus les accompagne. Ainsi, le Seigneur change la mer en terre ferme. Ce qui était fluctuant devient solide, notre foi s’approfondit et nous recevons Sa joie.
  Ce n’est que par la foi que nous plaisons à Dieu, et quand on plaît à Dieu on est heureux, quelles que soient les remontrances des autres. L’amour d’Un seul nous suffit ! Jésus dit à Paul : « Ma grâce (d’amour) te suffit ! »


Jeudi 8 mai 2003
Ac 8, 26-40 - Ps 66, 8-9, 16-17, 20 - Jn 6, 44-51

  Le Seigneur nous envoie toujours là où il a besoin de nous, sans s’occuper de notre volonté d’action, de notre façon de voir les choses. Mais nous avons la liberté de nous mettre en marche. En obéissant pas à pas au Seigneur, nous voyons peu à peu le dessein de Dieu se réaliser. Mais le Seigneur ne s’occupe jamais de notre propre intérêt, mais du besoin de l’autre. Il nous faut quitter notre confort et nos préjugés, surtout religieux, pour aller vers l’autre. De plus, nous ne revenons jamais à notre point de départ lorsque nous avons fait un pas avec le Seigneur, lorsque nous avons obéi. Ashdod est la ville où les Philistins ont conduit l’arche d’Alliance qu’ils avaient capturée pour l’introduire dans le temple de Dagôn. Les Ashodites se sont montrés hostiles au rapatriés qui voulaient rebâtir les remparts de Jérusalem (Ne 4, 1-2). C’est donc au milieu des rangs ennemis que se retrouve le serviteur de Dieu. Mais il proclame la Bonne Nouvelle. C’est le seul but de sa vie… pour que le monde ait la vie.


Vendredi 9 mai 2003
Ac 9, 1-20 - Ps 117 - Jn 6, 52-59

  Pourquoi doit-on manger la chair et boire le sang de Jésus ? Ce principe se vérifie en laboratoire : lorsqu’on donne à une souris ignorante, à manger la chair d’une souris intelligente qui connaissait le parcours pour recevoir sa nourriture, cette souris retrouve plus facilement le chemin qu’une autre. Ainsi, en mangeant Jésus, nous trouvons plus facilement le chemin pour retourner au Père car nous recevons l’intelligence de Jésus : l’Esprit Saint. Nous retrouvons la vue et nous sommes rempli d’Esprit Saint. Comme Paul, nous persécutons Jésus à chaque fois que nous ne l’écoutons pas lorsqu’il se présente à nous sous la forme d’un homme ou par les Ecritures. Nous refusons de l’écouter et pourtant la foi vient de la prédication : « Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui ? Et comment croire sans d'abord l'entendre ? Et comment entendre sans prédicateur ? Et comment prêcher sans être d'abord envoyé ? Selon le mot de l'Ecriture: Qu'ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles ! Mais tous n'ont pas obéi à la Bonne Nouvelle. Car Isaïe l'a dit : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Ainsi la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ. Or je demande : n'auraient-ils pas entendu ? Et pourtant leur voix a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde. » (Rm 10, 14-18)



Samedi 10 mai 2003
Ac 9, 31-42 - Ps 116, 12-17 - Jn 6, 60-69

  Les paroles de Jésus ne sont jamais de la glue qui retient prisonnier. Elles sont Esprit et vie et nous laissent donc libres de croire, d’adhérer à ce qu’il dit, mais ce sera de notre propre initiative, avec l’aide de l’Esprit Saint.
  Quand on réfléchit bien, à qui d’autre qu’à Jésus pourrions-nous aller pour recevoir la Vie ? Les maîtres de ce monde, qu’ils soient politiques ou religieux, s’ils n’ont pas Jésus en eux, un jour nous déçoivent. Les paroles de Jésus nous heurtent ou nous étonnent. Elles sont toujours à contre-courant du monde car elles nous invitent à la confiance en Dieu et nous demandent de renoncer à conduire notre vie nous-mêmes, choses impensables pour nous. Et pourtant, comment rendre au Seigneur une action de grâce sans le laisser briser nos chaînes ? Notre cœur n’est pas tourné vers la louange de Dieu, seul un cœur libéré peut le faire ! Oui, il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens, de voir l’homme se détourner de lui malgré tous ses appels ! Il veut nous guérir de cette paralysie qu’est la peur, la peur de l’inconnu ! Il nous dit : « Lève-toi, regarde-moi, ne regarde plus tes peurs, mets ta confiance en moi. » C’est ainsi que nous marcherons en sécurité, prenant notre vie en mains, ne dépendant plus des autres mais de Jésus seul.



Dimanche 11 mai 2003
4e dimanche de Pâques
Ac 4, 8-12 - Ps 118, 1, 4, 8-9, 22-23, 28-29 - 1 Jn 3, 1-2 - Jn 10, 11-18

  « Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. » Quelqu’un qui abandonne ceux qu’il dit aimer au moment de l’adversité n’est pas un bon berger. Ainsi en est-il du mari qui abandonne femme et enfants pour toutes sortes de motifs, il n’est pas un bon berger.
  Est bon berger celui pour qui chaque tête du troupeau a du prix à ses yeux, celui qui n’hésite pas à mettre sa vie en péril pour sauver sa brebis, celui qui applique le bon remède à la brebis malade. Il est le protecteur et celui qui pourvoit aux besoins de ses brebis. Il est seul à connaître le pâturage qui leur convient, et lorsque l’une d’elles s’échappe croyant trouver ailleurs meilleure nourriture, il part à sa recherche par amour et non par devoir car elle est Sa richesse. On a toujours de l’amour pour sa richesse ! Ainsi choyée et confiante, la brebis reconnaît la voix de son berger et sait qu’en l’écoutant elle lui fait plaisir. Ainsi, par l’obéissance, elle devient de plus en plus précieuse pour son berger : on peut servir Dieu sans l’aimer, mais on ne peut pas l’aimer sans le servir.


Lundi 12 mai 2003
Ac 11, 1-18 - Ps 42, 2-3, et Ps 43, 3-4 - Jn 10, 1-10

  Nous avons l’habitude de juger la foi des autres. Pierre apprend que tout homme peut avoir une relation avec Dieu, et recevoir de Dieu autant que lui, si ce n’est plus. Pourquoi devons-nous toujours justifier notre foi pour être cru par les hommes ? Pourquoi voulons-nous gérer l’action de Dieu dans la vie des autres ? Pourquoi avons-nous besoin de repères pour accueillir l’autre ? C’est parce que nous n’avons pas confiance en Dieu.
  Lorsque nous avons confiance en Dieu, que nous laissons Jésus nous habiter, Jésus en nous discernera lui-même son image dans l’autre ou le mal qui l’habite et mettra dans notre bouche les mots appropriés. Alors, pourquoi avoir peur de l’autre quand on s’est confié à Jésus. Ne plus rien juger, emmener toute pensée captive à Christ, telle est l’attitude que le Seigneur attend du chrétien. Pierre a appris à le faire en rejetant tous ses préjugés religieux et en acceptant d’être considéré comme « impur » ou pécheur. Qu’il en soit ainsi pour nous !


Mardi 13 mai 2003
Ac 11, 19-26 - Ps 87, 1-3, 5-7 - Jn 10, 22-30

  Nous cherchons Dieu dans quelque événement surnaturel, mais en réalité il est là, présent devant nous, dans l’autre. Nous voulons que Dieu se manifeste à ses enfants, mais Dieu ne se manifeste que dans ses enfants. Aussi, écoutons l’autre, et soumettons les paroles de l’autre à Dieu avant de les faire nôtres. Notre jugement personnel sur ces paroles nous évacuerait du troupeau du Seigneur car nous n’écouterions pas Sa voix.
  Jésus nous invite à la confiance, à croire que lorsque nous lui avons confié notre vie, plus rien ne peut nous arracher de sa main, sauf notre décision personnelle d’en sortir. La sécurité des brebis repose sur l’habileté du berger et non sur la capacité des brebis, alors, ayons confiance en Jésus notre berger.

Voici une inscription dans la cathédrale de Lubeck :

« Vous m’appelez Créateur, et ne m’obéissez pas.
Vous m’appelez Lumière, et ne me voyez pas.
Vous m’appelez Chemin et ne me suivez pas.
Vous m’appelez Vie, et ne me désirez pas.
Vous m’appelez Sagesse, et ne m’imitez pas.
Vous m’appelez Bon, et ne m’aimez pas.
Vous m’appelez Riche, et ne me demandez rien.
Vous m’appelez Éternel, et ne me recherchez pas.
Vous m’appelez Clément, et ne vous confiez pas.
Vous m’appelez Grand, et ne me servez pas.
Vous m’appelez Puissant, et ne m’honorez pas.
Si je vous condamne, ne me blâmez pas. »


Mercredi 14 mai 2003
Saint Matthias

Ac 1, 15-17, 20-26 - Ps 113, 1-8 - Jn 15, 9-17

  Comment doit-on s’aimer les uns les autres ? En donnant sa vie à Dieu pour ses amis. Nous devenons nous-mêmes amis du Seigneur si nous lui obéissons, car nous laissant instruire par lui, nous connaîtrons ses pensées qui deviendront fruit éternel pour nous.
  Le chiffre 12 (3x4) est le symbole de l’intervention de Dieu dans l’espace-temps. Ainsi, Jésus choisit-il douze apôtres afin que son œuvre soit complète sur terre, comme le Seigneur avait donné douze fils à Jacob, douze chefs de tribus, afin que son action soit complète dans son peuple.
  Judas manqua à sa tâche, mais le Seigneur n’est pas pris au piège. Chacun de nous est invité à devenir ce douzième apôtre, comme Matthias qui signifie « Cadeau de Dieu ». Tous les hommes sont ainsi invités à entrer dans l’œuvre de Dieu sur terre. Répondons-nous à cette invitation ?


Jeudi 15 mai 2003
Ac 13, 13-25 - Ps 89, 2-3, 21-22, 25, 27 - Jn 13, 16-20

  JE SUIS : C’est à cette « existence » que nous sommes appelés. L’homme n’a pas d’existence propre, il vit par le regard des autres sur lui, il fonde sa vie sur l’image qu’il veut donner de lui aux autres. Donc il a peur, peur de décevoir, peur de n’être pas aimé ni reconnu pour ce qu’il est.
  Le Seigneur nous appelle à ÊTRE, non à paraître. Et pour ÊTRE, il faut que nos paroles soient en accord avec nos actes, que nous soyons VRAIS. Jésus a dit : « Je suis la Vérité », il est VRAI. Ce qu’il dit, il le vit. Il n’est pas un conseilleur, il proclame la vie dans la transparence, tels que nous étions avant la Chute. Seul Jésus peut nous conduire à cet état de vérité en nous. La vérité faisant peur aux autres, nous serons rejetés de leur monde. C’est que l’homme se cache pour ne pas être vu dans sa nudité (Gn 3, 8), et lorsqu’il voit la nudité de l’autre, il se moque (Gn 9, 22).
  Laissant Jésus nous débarrasser du regard des autres sur nous, nous serons amenés, par le chemin de la croix, à la ressemblance de Jésus, et nous découvrirons que JE SUIS. Les autres n’auront plus aucun pouvoir sur nos pensées et ne pourront plus nous soudoyer par des sentiments hypocrites. La Vérité nous habitera. Avec Paul nous dirons : « Il m’importe fort peu d’être jugé par vous » (1 Co 4, 3), et nous vivrons : « L’homme spirituel juge de tout et n’est lui-même jugé par personne » (1 Co 2, 15). En effet, notre cœur purifié connaîtra les intentions des autres, mais les autres ne connaîtront pas ce qui habite notre cœur s’ils ne connaissent pas Jésus.


Vendredi 16 mai 2003
Ac 13, 26-33 - Ps 2, 1, 7-11 - Jn 14, 1-6

  C’est toujours la volonté de Dieu qui se réalise, malgré le mal apparent. C’est dans le malheur que l’homme est capable du meilleur, du don de soi pour l’autre. Aussi, c’est dans le malheur que Dieu est le plus présent puisque l’Amour règne ! C’est le Chemin qui mène au Père. Jésus avait déjà, à trois reprises, parlé de sa Passion à ses disciples, mais ils ne comprennent pas que la mort à soi-même, à sa propre volonté, est le chemin qui mène au Père. C’est parce qu’ils ne l’ont pas encore vécu, ils ne sont pas encore JE SUIS. Pour aller nous préparer une place, Jésus a pris ce chemin d’opprobre. Pour nous rendre à cette place nous prendrons ce même chemin : « Par conséquent, pour aller à Lui, sortons du camp en portant son opprobre » (He 13, 13). Et avec Jésus, nous pourrons dire JE SUIS.


Samedi 17 mai 2003
Ac 13, 44-52 - Ps 98, 1-4 - Jn 14, 7-14

  Quand nous sommes JE SUIS, nous ne regardons plus les actes des autres contre nous, mais la joie de Jésus qui nous habite. Le rejet des hommes n’a plus aucune prise en nous : « Le prince de ce monde vient. Certes, il n’a en moi aucune prise » (Jn 14, 30). Nous ne recherchons plus aucune approbation que celle de Dieu : « estimant comme une richesse supérieure aux trésors de l'Egypte l'opprobre du Christ. Il (Moïse) avait, en effet, les yeux fixés sur la récompense. » (He 11, 26).

« Puisque vous la (la Parole de Dieu) rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle ».   Entendons-nous ce reproche que le Saint Esprit met dans la bouche de Paul ? Est-ce à cause des autres que nous ne recevons pas la vie éternelle ? Non ! C’est parce que nous ne nous en jugeons pas dignes. L’amour que nous avons de nous-mêmes est tellement médiocre que nous passons à côté du bonheur. Ainsi, lire la Parole de Dieu, la laisser œuvrer dans notre cœur et s’aimer soi-même sont les actes qui conduisent au bonheur. Pour s’aimer soi-même, il faut arrêter de se comparer aux autres. C’est à Dieu que nous rendrons des comptes, pas aux autres. Laisser le Saint Esprit nous dévoiler l’état de notre cœur et se reconnaître pécheur sans se comparer à l’autre, c’est accepter de se voir tels que nous sommes, sans excuses ni marchandages devant Dieu. C’est le commencement de la Vérité. Peu à peu nous devrons accepter de voir surgir tout ce qu’il y a eu de mauvais dans notre vie, non pour nous accuser, mais pour que, le voyant, nous l’acceptions et nous laissions guérir. C’est le souhait que je formule pour chacun de nous.


Dimanche 18 mai 2003
5e dimanche de Pâques
Ac 9, 26-31 - Ps 22, 26-32 - 1 Jn 3, 18-24 - Jn 15, 1-8

  Comment demeurer en Dieu ? En étant fidèle à ses commandements de foi et d’amour (1 Jn 3, 23). Avoir confiance en Jésus qui nous conduit et nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés, en donnant sa vie pour nous qu’il aime, c’est vivre pour lui, avec lui et en lui.
  Tout le travail du vigneron décrit par Jésus montre combien il est difficile de porter du fruit. Il faut être ancré en Jésus, la Parole de Dieu faite chair, et se laisser nettoyer de plus en plus profondément afin que le fruit devienne de plus en plus beau. C’est à cette condition que nous devenons disciple de Jésus.



Lundi 19 mai 2003
Ac 14, 5-18 - Ps 115, 1-4, 15-16 - Jn 14, 21-26

  Chacun voit Dieu à sa façon, suivant l’idole qu’il porte dans son cœur. C’est l’Esprit Saint qui peut nous donner la révélation de Dieu, du vrai Dieu.

  « Notre Seigneur une fois ressuscité, on aurait pu s'attendre à ce qu'il se montre au plus grand nombre de gens possible, et surtout à ceux qui l'avaient crucifié. Tout au contraire, nous voyons par l'histoire qu'il se manifeste seulement à quelques témoins choisis, et spécialement à ses disciples immédiats. C'est ce que saint Pierre reconnaît lui-même quand il déclare : "Dieu l'a ressuscité d'entre les morts le troisième jour; il l'a manifesté en permettant qu'il se montre publiquement, non certes à tout le monde, mais à quelques témoins choisis d'avance par lui, à nous qui avons bu et mangé avec lui après sa Résurrection." (Ac 10, 40).
  A première vue, rien n'est plus étrange. Nous sommes disposés, en effet, à nous faire de la Résurrection une idée bien différente, à nous la représenter comme une manifestation éclatante et visible de la gloire du Christ, comme Dieu a bien voulu le faire, à plusieurs reprises, du temps de Moïse. En nous la figurant ainsi comme un triomphe public, nous tentons de réaliser la confusion et la terreur qui auraient saisi ses bourreaux si Jésus s'était présenté vivant devant eux. Mais, remarquons-le, un tel raisonnement revient à concevoir le Royaume du Christ comme un royaume de ce monde, ce qui n'est pas juste. Ce serait nous représenter le Christ comme venant juger le monde, ce qui n'arrivera qu'au dernier jour. Alors, pour ces malheureux, en vérité, il leur faudra vraiment regarder « celui qu'ils ont transpercé… » (Za 12, 10 ; Jn 19, 37).
  Mais à supposer que Jésus eût choisi d'apparaître publiquement à tous, quel aurait été le fruit d'une telle manifestation ? Ce nouveau miracle aurait laissé la foule telle qu'il l'avait trouvée, sans changement efficace. Qu'auraient-ils pu dire et sentir de plus qu'auparavant, même après sa Résurrection d'entre les morts ? L'impossibilité même de vérifier le fait aurait fourni une excuse à ceux qui refusaient de croire. Les foules n'auraient pas été converties par la réalité de sa présence pas plus qu'elles ne le seraient aujourd'hui sous l'influence d'apparitions semblables. "Dieu l'a manifesté à quelques témoins choisis d'avance." »

(Cardinal John Henry Newman)


Mardi 20 mai 2003
Ac 14, 19-28 - Ps 145, 10-13 - Jn 14, 27-31a

  Le premier voyage de Paul est bouclé. Il avait été emmené à Antioche de Syrie par Barnabé, et aujourd’hui, il revient à Antioche, testé et éprouvé dans sa foi, sachant qu’"il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu".
  Après sa conversion, Paul persécuté s’exila dans sa ville natale à Tarse. C’est là que Barnabé vint le chercher quelques années plus tard, pour l’envoyer en mission. Il commença celle-ci à Antioche de Syrie, et ce fut le début de la chrétienté car « c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de "chrétiens" » (Ac 11, 26). Comme pour Jésus, Paul devait se sentir retenu par ceux qu’il avait amené à la foi en Jésus durant son voyage, mais son rôle était de « bâtir » l’Eglise, et non de s’y installer. Puis, vient l’heure du témoignage, du compte-rendu de la présence de Dieu dans l’œuvre, impensable pour les Juifs, d’ouverture de la porte de la foi à toutes les nations. Le serviteur de Dieu doit toujours se retirer de son œuvre. C’est ainsi qu’il vit la confiance en Dieu, en laissant l’Esprit Saint conduire ceux qui le relaient. L’œuvre que le Seigneur fait à travers nous est toujours quelque chose d’impensable, quelque chose d’irréalisable à nos yeux si l’on s’en tient aux difficultés matérielles. Aussi, c’est dans l’abandon à Dieu qu’on la réalise, et non en comptant sur nos propres forces et notre fortune. Car le chrétien est celui qui attend tout de Dieu et qui sait que par son union à Jésus, le Seigneur réalisera Son œuvre.


Mercredi 21 mai 2003
Ac 15, 1-6 - Ps 122, 1-5 - Jn 15, 1-8

  L’abandon à Dieu ne signifie pas la passivité. C’est accepter d’être là où le Seigneur nous veut, même en première ligne dans le combat. C’est ainsi que de nombreux saints ont participé aux combats sociaux, doctrinaux et religieux de leur époque. Et l’Eglise a pourvu à leurs besoins. Tous ces combats permettent le témoignage qui fortifie la foi de ceux qui l’entendent et provoque la reconnaissance envers Dieu.
  « Ils furent accueillis par l’Eglise, les Apôtres et les Anciens » : « Jérusalem, ville où tout ensemble ne fait qu’un ! » Et pourtant, chacun voit encore Dieu à sa façon !
  « Il faut obliger ces gens » : la formulation de la phrase montre que la décision ne vient pas de Dieu mais des hommes. Le Seigneur n’oblige personne, il dit sa volonté et chacun est libre d’y obéir. Faire Dieu semblable à l’homme c’est se perdre. Quand l’homme voudra-t-il se laisser mener à la ressemblance de Dieu ?
  Dieu est le vigneron, mais pas un homme vigneron qui récolte les fruits pour en tirer une richesse pour lui. C’est un vigneron qui veut faire de sa vigne une vigne productive pour en nourrir l’humanité. Il n’en retire aucun profit mais assure ainsi à l’homme sa divinité : l’homme devient Dieu quand il se laisse purifier par le Seigneur, car Celui-ci demeure en lui.


Jeudi 22 mai 2003
Ac 15, 7-21 - Ps 96, 1-3, 10 - Jn 15, 9-11

Demeurez dans mon amour :
« J’ai peur de dire oui, Seigneur.
Où m’emmèneras-tu ?
J’ai peur de tirer la paille la plus longue,
J’ai peur de signer au bas de la feuille blanche,
J’ai peur du oui qui réclame d’autres oui.
J’ai peur de te donner la main,
J’ai peur de rencontrer Ton regard,
J’ai peur de Ton exigence.

Mon petit, je veux plus pour toi et pour le Monde.
Je t’ai suivi des yeux, j’ai vu ta bonne volonté,
Je veux plus pour toi, maintenant.
Ce n’est plus ton action que tu feras,
Mais la volonté de ton Père du Ciel.
Dis oui, mon petit.
J’ai besoin de ton oui comme j’ai eu besoin du oui de Marie
Pour venir sur terre,
Car c’est Moi qui dois être à ton travail.
Car c’est Mon regard qui pénètre,
C’est Ma parole qui porte,
C’est Ma vie qui transforme.
Donne-moi TOUT.
J’ai besoin de ton oui pour t’épouser et descendre sur terre,
J’ai besoin de ton oui pour continuer de sauver le Monde !

Pour que Ton Règne arrive et non le mien,
Pour que Ta volonté soit faite et non la mienne,
Aide-moi à dire OUI. »

Michel Quoist

Vendredi 23 mai 2003
Ac 15, 22-31 - Ps 57, 8-12 - Jn 15, 12-17

"Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés."
  Notre façon d’aimer les autres est différente de celle de Jésus. Nous, nous aimons les autres en cherchant à nous rendre utiles, en voulant faire de notre vie une « belle vie » donnée aux autres. Jésus n’a pas agi ainsi : il nous a aimés en aimant tout d'abord son Père, en lui donnant sa vie : chaque instant de sa vie était une relation intime avec Lui. Il n'est pas d'amour plus profond que celui-là. Et cette profondeur d’amour conduit Jésus à vouloir pour nous ce qu’il possède : l’amour de son Père. Donc, il veut nous conduire vers son Père par le chemin qu'il a lui-même emprunté : le don de soi. "Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime." Ainsi, si nous voulons aimer les autres comme Jésus nous a aimés, il n'est d'autre solution que de donner sa vie à Dieu pour eux, c'est-à-dire accepter, comme Jésus, de passer par la croix afin que ceux que nous aimons vivent aussi avec Dieu. Ainsi, cet échange entre Dieu et nous, ce don de notre vie qui donne la vie de Dieu à ceux que nous aimons, nous fait entrer dans l’œuvre que le Seigneur a préparée pour nous. « Nous avons été créés en Jésus Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous nous y engagions. » (Eph 2,10).
  « Dieu n’accomplit pas son œuvre en ceux qui ne veulent pas mettre en lui toute leur foi et toute leur espérance. » (Saint Jérôme Emilien).


Samedi 24 mai 2003
Ac 16, 1-10 - Ps 100, 1-3, 5 - Jn 15, 18-21

  Pourquoi le monde hait-il Dieu ? C’est parce qu’il a peur, peur de renoncer à sa propre volonté. Jésus a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même » (Lc 9, 23). Aussi, suivre Jésus c’est quitter les objectifs de notre vie, se laisser dépouiller par Dieu comme Job, pour être amené à ne plus faire que la volonté du Père. Mais le Père a toujours notre intérêt en vue. S’il nous demande de quitter, de lâcher ce qui fait notre vie c’est que ces objectifs ne nous donneront pas le bonheur. Il connaît le fond de notre cœur mieux que nous, il connaît l’œuvre qu’il a préparée d’avance pour nous, aussi, il connaît le chemin pour nous y conduire. Tout ce que nous avons à faire c’est de mettre notre confiance en Lui plutôt que dans les hommes, notre confiance en Lui plutôt que dans l’argent et les promesses de bonheur du monde. A chaque fois que nous quitterons une de nos sécurités, nous aurons peur. En mettant notre confiance en Dieu, nous surmonterons cette peur et nous dirons : « Le Seigneur entend et il me délivre de toutes mes détresses » (Ps 34, 18). Il est bon de lire le Psaume 34 (33) dès que nous sommes dans la peur afin de s’appuyer sur le roc, Jésus. Ainsi, ne regardant que Jésus nous ne verrons plus la haine du monde envers nous. Mais si l’on nous persécute, on nous écoutera aussi car certains ont persécuté Jésus, mais d’autres l’ont écouté. C’est cela suivre Jésus : vivre Sa mort par la haine des autres et la persécution, et vivre sa résurrection lorsque nous le voyons venir restaurer la vie de l’autre par sa présence en nous. « Sans lui nous ne pouvons rien faire ».


Dimanche 25 mai 2003
6e dimanche de Pâques
Ac 10, 25-26, 34-35, 44-48 - Ps 98, 1-4 - 1 Jn 4, 7-10 - Jn 15, 9-17

« C’est moi qui vous ai choisis » : le saint n’existe que par Dieu.
  Lorsqu’on parle de l’œuvre d’un saint, on lui attribue cette œuvre alors que le saint l’attribue à Jésus. Puisque Jésus nous choisit pour œuvrer dans le monde à travers nous, l’œuvre que nous effectuons ne nous appartient pas mais appartient à Dieu. Jésus ne se sert jamais de nos capacités naturelles pour œuvrer dans le monde, il se sert de celles qui ont été cachées par la blessure que nous avons reçue dans la petite enfance. Nous bâtissons notre vie d’adulte sur les dégâts causés par La blessure et nous ne voyons donc pas les capacités qui sont en nous derrière cette blessure. C’est seulement si nous nous laissons guérir par Jésus qu’il met à jour ce que nous ignorions… et il s’en sert. Car ce que nous croyons être capacités naturelles sont les capacités que nous avons développées comme anticorps contre la blessure pour continuer à vivre, et de ce fait elles font notre force. Il nous faut alors quitter cette force pour entrer dans notre vrai ETRE qui devient Jésus, JE SUIS, en nous. « Connais-toi toi-même ». Le Père dit à Catherine de Sienne : « La connaissance de toi-même t’inspirera l’humilité, en te découvrant que par toi-même tu n’es pas, et que l’être tu le tiens de moi qui t’aimais, toi et les autres, avant que vous ne fussiez. » « En connaissant son néant dit Dieu, l’âme est conduite peu à peu à connaître la bonté de Dieu envers elle, et de cette connaissance découle une humilité profonde qui, comme une eau bienfaisante, éteint le feu de l’orgueil et allume le feu de l’ardente charité… »


Lundi 26 mai 2003
Ac 16, 11-15 - Ps 149, 1-4a - Jn 15,26 -16,4

"Je vous dis cela pour que vous ne risquiez pas de tomber" :
  « La vie d'un croyant est entre les mains de Dieu comme l'arc entre les mains de l'archer. Dieu vise un but que le croyant ne peut pas du tout voir, et Dieu tend la corde toujours davantage, et le croyant dit à plusieurs reprises : "Je ne puis pas en supporter davantage." Dieu n'y fait pas attention, il continue de tendre la corde, et quand le but est à portée, il tire. Fiez-vous à Dieu par la patience de la foi.
  La foi n'est pas une simple émotion, c'est une confiance ferme et vigoureuse en l'Amour divin. Vous ne voyez pas Dieu, vous ne pouvez pas comprendre ce qu'Il fait, mais par la foi vous le saisissez quand même. Le naufrage de la foi résulte d'un déséquilibre. Il nous faut sonder notre pensée sur cette vérité éternelle : Dieu est amour. La foi, c'est l'effort héroïque par lequel on se jette entre les bras de Dieu.
  Dieu, pour nous sauver, a risqué son Fils unique, tout ce qu'il avait de plus précieux. Il nous demande en retour de tout risquer pour suivre Jésus. Il y a encore en nous des points sur lesquels Dieu ne règne pas. La vie de Jésus était tout entière consacrée à son Père, il doit en être de même pour la nôtre. "Te connaître, toi le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé, c'est l'éternelle vie." La vie éternelle, c'est proprement une vie qui peut tout affronter sans hésiter jamais. Dès qu'on l'a compris, la vie devient une merveilleuse aventure. Dieu fait notre éducation pour que nous puissions avoir accès à ce bonheur merveilleux. » (Oswald Chambers)


Mardi 27 mai 2003
Ac 16, 22-34 - Ps 138, 1-3, 7b-8 - Jn 16, 5-11

  Pourquoi les entraves de tous les détenus sautèrent ? Parce qu’ils écoutaient les prières de Paul et Silas. Ils auraient pu se révolter contre ce tapage nocturne, se moquer d’eux. Non, ils écoutaient les hommes de Dieu parler à Dieu. C’est ainsi qu’il furent délivrés. Un violent tremblement de cœur secoua les fondations de la prison de leur cœur et les portes de leur cœur s’ouvrirent. Les captifs sont délivrés, et le geôlier qui est un homme libre ne sait que faire pour recevoir autant que les prisonniers car il voit que sa liberté est factice. Mais l’important n’est pas de faire mais de croire : « Crois au Seigneur Jésus ; alors tu seras sauvé, toi et toute ta maison ». Quelle responsabilité a l’homme dans le salut éternel ! Lui, le chef de famille, est invité à croire en Jésus, et sa foi obtiendra le salut pour tous ceux qu’il aime ! Quelle Bonne Nouvelle ! Quelle joie dans la famille lorsqu’il en est ainsi !


Mercredi 28 mai 2003
Ac 17, 15, 22 à 18, 1 - Ps 148, 1-2, 11-14 - Jn 16, 12-15

  Nous avons tendance à considérer les chapitres 1 et 2 de la Genèse comme des légendes, des récits poétiques où la prose serait plus importante que la Parole de Dieu. Or, Paul nous le rappelle : « A partir d’un seul homme, il a fait tous les peuples ». Il donne même l’intention de Dieu : « il les a faits pour qu’ils cherchent Dieu et qu’ils essayent d’entrer en contact avec lui et de le trouver, lui qui, en vérité, n’est pas loin de chacun de nous. » Nous explorons les étoiles pour essayer de prouver la présence de Dieu alors que nous sommes en lui : « c’est en lui qu’il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister ». Considérons Dieu comme une immense bulle de savon, et la création toute entière dans cette bulle de savon. Ainsi, chaque pas que nous faisons, nous le faisons en Dieu, nous nous mouvons en lui. Nous sommes continuellement en Dieu, mais il nous appartient de le reconnaître. Ainsi en lui, chacun de nos gestes le concerne, chacune de nos paroles l’atteint. Nous pouvons ainsi exalter Dieu ou le tuer. Telle est notre responsabilité.


Jeudi 29 mai 2003
Ascension du Seigneur

Ac 1, 1-11 - Ps 47, 2-3, 6-9 - Eph 4, 1-13 - Mc 16, 15-20

  Vous êtes-vous déjà arrêté sur les bords d’un lac de montagne ? Les lacs d’altitude ont une eau fraîche, limpide, tonique. Le ciel se reflète à leur surface et les pentes de la montagne se prolongent dans leur transparence. Il sont l’image du cœur pur.
  Le cœur, centre moteur de notre vie physique, est un organe de première importance. Caché aux regards, il n’en est pas moins le régulateur de toute l’activité du corps et le siège de tous nos sentiments. Ce cœur peut s’ouvrir à Dieu et se laisser purifier par le Saint Esprit pour établir une communion de plus en plus profonde avec son Créateur. Ainsi purifié, le cœur peut refléter le ciel ! Jésus, le cœur pur par excellence, fut enlevé au ciel. Nous, nous pouvons refléter le ciel : « Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu » (Mt 5, 8), et avec Jésus en nous, nous pourrons dire : « Moi et le Père nous sommes un ».


Vendredi 30 mai 2003
Ac 18, 9-18 - Ps 47, 2-7 - Jn 16, 20-23a

  « Ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose » (1 Co 1, 28). Paul, qui signifie "petit", avait tout perdu : « A cause de lui, j'ai tout perdu ; je considère tout comme des balayures, en vue d'un seul avantage, le Christ » (Ph 3, 8). Il est la minorité réduite à une personne devant « les Juifs tous ensemble se soulevèrent contre Paul ». Mais le Seigneur tient sa promesse : « personne n’essaiera de te maltraiter ». C’est un païen qui prend sa défense, et Paul est libéré.

  Le saint se trouve dans cette position de minorité face aux chrétiens, lui seul s’abandonne à Dieu pendant que les autres le jugent. Mais, dans la Bible, c’est toujours la minorité qui sauve le peuple de Dieu :
Quand Noé construisit l’arche, il était en minorité, mais le temps prouva qu’il avait raison.
  Quand Joseph fut vendu par ses frères, il était en minorité, mais Dieu était avec lui, et il sauva par la suite toute sa famille de la famine.
  Quand Jésus fut crucifié, il était en minorité, mais le don de sa vie à son Père sauva l’humanité du péché et procura la vie éternelle à tout homme qui croit en lui.
Alors, ne jugeons jamais celui qui se trouve en position d’infériorité, venons-lui en aide, sachant que Dieu est en lui.


Samedi 31 mai 2003
Visitation de la Vierge Marie

Rm 12, 9-16b - Es 12, 2-6 - Lc 1, 39-56

  Marie partit vers une ville de la montagne de Judée. Or, Marie signifie en hébreu "Celle qui élève", Judée signifie "Je remercierai Dieu", "louer" ; Zacharie signifie "Dieu s’est souvenu", et Elisabeth "Dieu est promesse".

  Comme dit le bienheureux Ruusbroek, si la contemplation « s'en va vers la louange, et vers l'éternité de son Seigneur, elle possède l'unité et ne la perdra pas. Qu'un ordre du ciel arrive, elle se retourne vers les hommes, compatit à toutes leurs nécessités, se penche vers toutes leurs misères ; il faut qu'elle pleure et qu'elle féconde. Elle éclaire comme le feu ; comme lui, elle brûle, absorbe et dévore, soulevant vers le ciel ce qu'elle a dévoré. Et quand elle a fait son action en bas, elle se soulève et reprend brûlante de son feu le chemin de la hauteur ».

  « Le récit de ce que l'on appelle la Visitation, c'est-à-dire la visite de Marie à sa cousine Élisabeth, évoque un autre récit, celui du transfert de l'arche d'alliance à Jérusalem que l'on peut lire dans le second livre de Samuel ou encore dans le premier livre des Chroniques.
  Comme l'arche, Marie se rend au pays de Juda, vers Jérusalem et son voyage suscite les mêmes manifestations d'allégresse, voire des danses sacrées (l'enfant "saute" dans le sein de sa mère). Marie se repose dans la maison de Zacharie comme l'arche dans celle d'Obed-Edom et est, comme elle, source de bénédictions. Le "cri" d'accueil d'Elisabeth reproduit presque textuellement les paroles de David devant l'arche. Enfin, Marie tout comme l'arche reste trois mois dans la maison de ses hôtes.
  Ce symbolisme un peu recherché rejoint en fait l'idée maîtresse de saint Luc : pour l'évangéliste, les faits qui entourent la naissance de Jésus accomplissent à la fois la prophétie de Malachie 3 (sur la venue de Dieu dans son temple) et celle de Daniel 9. Dieu a déjà envoyé son ange dans le temple sous les traits de Gabriel ; à lui, Dieu, de faire maintenant en personne son apparition dans le temple. Le départ de Marie vers la maison d'Elisabeth est la première étape qui réalise les prophéties ; la seconde, la montée proprement dite à Jérusalem, s'achèvera par la présentation officielle de l'enfant au temple.
  L'arche d'alliance symbolise surtout la présence de Dieu dans son peuple, mais il faut se souvenir qu'elle menait également le peuple au combat. Son évocation nous situe donc dans un contexte guerrier - un contexte qui est aussi d'ailleurs celui du livre de l'Apocalypse ! - , et Marie se présente sous les traits de la femme victorieuse. La bénédiction de Marie par sa cousine rappelle en effet les acclamations adressées à Yaël et à Judith après leur victoire respective sur l'ennemi. "Tu es bénie plus que toutes les femmes!". Marie apparaît donc ici comme la femme qui assure à son peuple la victoire définitive sur le mal et qui inaugure l'ère messianique où le péché et le malheur seront abolis. » (René Ludmann)

 


 

 


 
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